Saleté de banque
Saltimbanque
Deux chats se regardent en chiens de faïence
Allez va, fais sauter la banque,
Tu en meurs d’envie
Saut mortel dans la baignoire pleine de pèze
Un suicide rituel ?
L’art des autres est si léger
L’argent des autres est si lourd
Il faut les en délester, c’est charité
L’argent des sens
L’argent du sang
Tout tribut payé aux impôts
Reliefs d’ortolan et repas arrosés
Les campagnes y passent
Les villes arrosent
Pots de vins et magouilles en veux-tu, en voilà
Nos élus élus par nous
Toute honte bue
Un séjour élyséen habité par des cyclopes
Une voracité à toute épreuve
Ulysse a encore du chemin à faire
Personne ne l’entend
Personne n’écoute personne
Le gros œil veille
La nature est borgne
Les hommes aveugles
Quelques femmes voient clair dans leur jeu
Ecarquillent les yeux
Font les yeux doux au gros œil
Caressent le plus beau cyclope
S’engouffrent dans les brèches errantes
Seulement voilà
On n’enseigne pas la couleur à un aveugle
On monte sur son dos
On le chevauche
On l’éperonne cruellement
Les blessures au flanc font de petites taches rouges bien commodes
Entre aveugles, on se suit à la trace
Regards obliques
On fuit les tours
Horizon tourmenté
Des creux, des bosses,
Des nids de poules, des dos d’âne
Tout un bestiaire imagé
Ça lasse, la géométrie
Architecture fatale
On se damnerait pour une pyramide
On se contente d’un petit cube
Avant de finir entre quatre planches
Pris d’assaut
Un avionneur a brûlé au milieu de ses meubles
Brûlé corps et biens
On a pris le temps de lui arracher les ailes
Le peuple a de ces raffinements de cruauté,
Je vous dis pas
C’est fort réjouissant
Aucune justice là-dedans
Rien que le pouvoir qui passe de main en main
Coups de main, coups de force
Et hop, on en reprend pour quelques siècles d’errance
Jean-Michel Guyot
3 décembre 2014