Frère, toi qui joues un blues à la terre
Pour oublier les mauvais jours,
N’entends-tu pas nos pas
Dans ta guitare ?
Nous marchons depuis si longtemps
Dans l’absurdité des jours sans lendemain,
Mon ombre et moi :
Deux fantômes dans le présent
Qui se rit de nos tourments.
Nous errons à chaque carrefour,
Avec mille souvenirs dans nos bagages,
Mille sources dans nos regards.
Nous sommes une caravane d’étoiles filantes,
Un peuple sans identité qui poursuit son périple infini
Entre l’étrangeté des lieux et la poésie du rêve.
Frère, enseigne-moi l’hystérie de tes doigts
Sur la corde,
Forge mon chant à partir de tes notes.
Que j’appartienne aux errants de l’éternelle nuit
Qui chantent,
Qui peinent,
Qui luttent,
Qui résistent.
Que les battements de mon cœur
Deviennent grattement de ta guitare,
Que notre angoisse se change en joie
Par le miracle de tes mains,
Que ta chanson incarne l’obsession
De la colombe de mes chansons de liberté.