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Article publié le 20 décembre 2014. oOo Songer à lire un ouvrage de critiques peu sembler, à première vue, quelque peu austère. Mais le bandeau rouge qui enveloppe la couverture contient bon nombre de grandes plumes, parmi lesquelles Malraux, Sartre, Gide, Robbe-Grillet, Queneau ou Kessel, Blanchot. Du coup, l’envie se manifeste pleinement, et l’on plonge sans hésitation dans, tout de même, ce qui a marqué la littérature du XXe siècle. " Cent livres pour un siècle " ... un titre à la fois générique et stratégique, eu égard aux oeuvres mises en lumière. En deux ou trois pages, à chaque fois, nous est présenté un livre précis dont certains ont gravé leur empreinte dans l’histoire de la littérature : " Voyage au bout de la nuit " de Louis-Ferdinand Céline, " Le procès " de Franz Kafka, " Lolita " de Vladimir Nabokov, " Le procès-verbal " de Jean-Marie Gustave le Clézio, " La modification " de Michel Butor, et d’autres, moins connus, comme " L’iguane " de Jean Blanzat. Lire ce livre, c’est donc parcourir une partie de la littérature contemporaine, à travers des critiques aux styles très différents qui nous donnent leur point de vue jusqu’à parfois nous donner envie de découvrir l’oeuvre en question. En même temps ressouvenir et découverte, l’ensemble composite mêle habilement, au bout du compte, histoire et littérature. Parfois, il y a des saillies fort bien trouvées comme ces quelques lignes de François Mauriac sur " A l’ombre des jeunes filles en fleurs " de Marcel Proust, p. 21 : " Sans peut-être s’y être consciemment efforcé, il renouvelle toutes les méthodes du roman psychologique, il réorganise sur un nouveau plan cette étude du coeur humain, où excella notre génie, mais que le romantisme avait, même chez nous, affablie, relâchée, obscurcie " . Un peu plus loin, Jean Prévost évoquant " Courrier sud " d’Antoine de Saint-Exupéry, p. 70-71 : " Toute la distance que peut mettre entre son aviateur et le monde l’usage d’une puissante machine, Saint-Exupéry le décrit merveilleusement " . Ou encore, cette analyse lapidaire de Denis de Rougemond, p. 91, à propos de Kafka et de son livre " Le procès " : " Toute l’histoire sera celle, non pas du procès, qui n’a jamais lieu, mais des préliminaires, des démarches que tente l’accusé auprès d’une justice insaisissable infiniment pédante, corrompue et capricieuse, dont les bureaux sont installés dans des faubourgs ignobles ou des greniers. Jamais K ... ne parvient à l’instant suprême ; jamais personne, d’ailleurs, n’a pu y parvenir " . On y trouvera, également, certaines particularités inhérentes à l’histoire de la critique, notamment l’indifférence obstinée de Gide à l’égard de Proust, mais aussi l’éloge subtil d’un certain Jude Stéfan sur Charles Bukowski. Entrer dans " L’oeil de la NRF " , c’est revisiter une partie du patrimoine de la littérature, élargir son appétence de lecture, et se rendre compte que certains livres du passé ont toujours autant de poids, pour ne pas dire davantage. |
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