« Papa Noël c’est la porte à côté ! »
Je glisse sur le tapis.
La porte est ouverte.
Je gratte, attends, entre.
Le mec est en train de se caresser
devant un match de foot.
« Je viens pour l’annonce… »
Il fait signe qu’il s’en fout.
Une main m’emporte
et me dépose ailleurs.
« Vous savez comment on fait ?
— Je l’ai déjà fait…
— On paye après.
— Je demande à voir…
Des fois, c’est pas possible…
— Par ici, je vous montre. »
Papa Noël !
Tout de rouge vêtu.
Il bave dans sa barbe.
« Pas de coups surtout !
Il en devient fou.
Balancez-lui le seau
s’il exagère. »
Le seau est posé
sur la paille bien tressée
d’une chaise.
C’est bien de l’eau.
10 litres sur la gueule
« s’il fait le con ! »
Et nous voilà seuls.
Papa Noël et moi.
Il me sourit.
Il a de gros yeux bleus.
Des mains énormes.
Il est assis sur un coussin
et joue avec une auto.
« Comment tu fais pour faire le con ? »
je demande pour tâter le terrain.
Il ouvre la bouche et rit,
mais sans bruit,
secouant la langue
hors de la bouche.
« Je sais pas !
finit-il par dire.
Ça me vient et je fais
ce que tu dis.
— Elle est comment, l’eau ?
— Bonne.
— Alors tu t’en fous !
— Complètement ! »
À dix heures je le couche.
Et je reviens
à mes occupations.
C’est con, Noël !