Pluie merveilleuse, percée de jour. Acre
mais tendue comme un jeu de cordes, à la frontière de l’existence.
Tu multipliais les angles là où la vue se tord
pour composer une esthétique barbare. Qui résisterait
aux assauts incessants de la réalité. Bref,
il pleuvait à cette heure. Je n’en étais pas conscient.
J’écrivais une page en tremblant. Et je la déchirais.
J’arrachais la feuille. J’aurais voulu préserver l’autre page.
Ce n’était pas possible.
La pluie merveilleuse se chargerait de liquider
le reste du cahier comme un tueur à gage. En sifflant :
"Crache, crache et arrache..." répétitivement. À ce qui craque,
la pluie est un véritable mode d’emploi pour nos noyades partielles
entre les plis de la réalité. Mais elle se moque !
Elle sait que l’utilisateur n = toi n’aura pas la patience
de lire les 117 mentions de l’acte décliné
en accroches trouées pat le hasard. Exactement
comme la pluie trouée par la réalité.
Merveilleuse pluie. Je n’avais plus la possibilité de rentrer.
Je n’allais pas m’abriter. Il y avait
un sol plus loin.
Et le mode d’emploi devenait illisible.
Craque.