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Article publié le 26 avril 2015. oOo Un nuage s’étale dans la chambre comme un tapis persan une forêt profonde comme un bol tibétain ou celle de la fille rêvée cette nuit qui mélangeait le thé avec le faux plastron du jour qui s’annonçait son meurtrier tenant le pâle kriss malais du soleil naissant et blanc comme le lait condensé du matin.
C’est son sang répandu qui sera la journée son sang blanc nuageux qu’on met dans le café pour un réveil à poings fermés à travers les carreaux de la fenêtre nue comme un sous-vêtement sans femme à l’intérieur.
Sur la commode
le vase qui dit sa chance à une fleur évoque cette forêt avec sa barbe brune comme la nuit passée.
Cette forêt à l’œil plus malicieux qu’un vieux Lao Tseu se remplit de rosée en souriant comme le chat d’Alice la fille du rêve qui avait des jambes de flamands montrant sa fente profonde comme un lac de larmes perdues sur le bord du jour laissées pour compte sur le drap du ciel qu’on a mis à sécher
et que lorgne la fille en face à la fenêtre de son bec de lièvre et de ses seins qui tombent et du vase de nuit de ses yeux grands ouverts
sur le blanc Taj Mahal du drap mis à sécher qu’a étoilé la nuit.
La barbe eût donné à son visage un aspect sinistre sans le sourire enfantin( et vertical) que dessinaient ses lèvres.
Robert Desnos (légèrement modifié) |
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