Premier matin chez soi après les voyages
Le café a le goût du café
et les draps conservent mon odeur
On ne sait jamais
Je ne serais peut-être plus là demain
pour l’écrire
D’ailleurs qu’écrirai-je demain
si je ne suis pas le poète
que j’ai été un jour
Je me souviens du jour
comme si c’était hier
Je ne suis jamais seul
quand je suis poète
Premier fruit aussi
Le sucre de ma terre
Le jus de ma langue
Ma terre de France
Je n’ai jamais été plus loin
malgré les voyages
et en dépit des rencontres
Train à l’heure pour une fois
Je m’embarque avec elle
J’entends les voix d’une autre langue
mais ce n’est qu’une chanson
Je ne reviendrai pas pour la chanter
Premières secousses du Midi
Aplat de chaleur jaune citron
et vert d’une saignée à blanc
il n’y a rien comme le retour
pour aimer à la folie
Le chat n’a pas quitté la maison
Il me regarde comme si je n’étais pas parti
Il ne pose aucune question
Le chien est mort et enterré
Mais ça je le savais déjà