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Rienne - avec Suzana Fântânariu - par Michel Bénard
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 Article publié le 9 novembre 2015.

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- RIENNE – de Rodica Draghincescu. Collection Accents graves/ Accents aigus.

Aux Editions de l’Amandier – 50 pages- 2015.

Introduction de l’auteure. Illustrations de la plasticienne Suzana Fântânariu.

De recueil en recueil, d’article en article, de revue en revue, je demeure attentif à la production et évolution littéraire de Rodica Draghincescu.

Après « Ra(ts) » ouvrage très singulier et fidèle à la lignée de Rodica Draghincescu, poèmes de l’errance sur les chemins de l’enfance comme l’a très bien situé Cécile Oumhani, voici aujourd’hui que notre poétesse-essayiste nous suggère un nouveau pas vers l’imaginaire, l’utopie, l’intangible avec son dernier né : « Rienne » où la femme de lettres se confronte aux jeux, non plus d’une gravure comme précédemment avec « Ra(ts), »  mais aux jeux plastiques de l’informel.

Ici le verbe accompagne en proximité le cheminement codé de la plasticienne Suzana Fântânariu adepte d’un certain art de récupération « Art-récup. » Originaire elle aussi de Timisoara.

De l’objet au verbe il n’y a qu’un pas, encore faut-il trouver le juste degré du rapprochement, mieux de la fusion.

 

« Tout languit d’amour et périt à un moment donné. »

 

Rodica Draghincescu, s’attache à l’allégorique construit, aux effets des hasards heureux. Elle évolue de la renaissance de l’objet isolé, du déchet recomposé, à la composition d’une inutilité captivante.

 

« Rêves qui ne veulent pas régner. »

 

Armée d’une forte conviction, elle part vers l’inconnu d’une redéfinition de l’objet de consommation, devenu une possible œuvre d’art porteuse d’une interrogation. Combien même si l’œuvre dérange, indéniablement elle soulève le questionnement.

On en accepte le principe ou bien on le rejette, mais une réactivité est amorcée.

Notre poétesse-essayiste et la plasticienne jouent et misent sur l’objet désidentifié, sa métamorphose.

 

« La pensée crée des nuages et des lumières. »

 

Vouloir restituer une autre fonction aux « choses » usuelles, devient une perspective insolite. Une manière originale pour Rodica Draghincescu de rassembler les oppositions.

N’est-ce pas là une forme d’étonnement, d’émerveillement ?

Donner une fonction nouvelle à « l’objet, » le valoriser dans une scénographie singulière autant qu’inutile. Faire de rien, un possible ! Reconstituer « l’objet » et lui restituer une fonction tout à fait inattendue, imprévue. De la banalisation d’un produit manufacturé, passer à un ensemble qui sera considéré comme une « œuvre d’art » discutée autant que discutable. Là en fait est l’intérêt, ouvrir le débat, la discussion. Réalisation d’œuvres hybrides, sorte de pensée matérielle qui crée « des nuages de lumière. » Le verbe et la matière se font complices en usant de l’inversion : « Image inversée de soi même. » 

Le principe est courant chez Rodica Draghincescu d’user d’un langage décalé pour s’exprimer au sujet de l’objet « prototype. »

L’innomé trouve un nom, l’irréel devient tangible, l’éphémère se fossilise, se stratifie, le temps perd son emprise puisque l’idée même de « l’objet » est intemporelle.

L’écriture sous influence de l’esprit plasticien de Suzana Fântânariu peut devenir néologisme, matière déroutée et déroutante. Nous sommes dans une situation de « ludisme scryptoriel innovant. »

Rodica Draghincescu joue de telle sorte avec la « chose » qu’elle n’est pas sans me faire songer au poème humoristique de l’abbé de l’Atteignant, « Le mot et la chose » 

Le verbe s’enflamme parfois, se noie et renait tel le Phoenix pour se faire conceptuel.

Notre poétesse sans peut-être le savoir, ni même le vouloir, fait un clin d’œil aux pataphysiciens et autres oulipiens disciples d’Alfred Jarry ou de Georges Perec.

A ce point de rencontre et de partage il ne vous reste plus qu’à naviguer sur les flots insolites tout autant qu’imaginaires de Suzana Fântânariu, vus et interprétés sous la révélation d’un ressenti instinctif de la plume inspirée de Rodica Draghincescu.

 

« Et puisque rien n’est éternel et immuable, l’objet pleure

Dans le jeu, avec le nom qui le compose. »

 

Michel Bénard.

 

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