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 Article publié le 15 novembre 2015.

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Je retrouve les mêmes éléments que d’habitude, c’est du moins ce qu’il me semble au moment où je commence cette nouvelle narration.

Il m’est impossible de dire précisément où je suis, en ces lieux particulièrement ouverts, des lieux traversés par la poussière, l’air, l’eau, la pierre.

Je ne sais depuis combien de temps je suis ici, non plus que la texture ou nature des événements en cours, quelque part, là, au loin, aussi invisibles que la poussière, aussi immatériels, également. C’est du moins ce que je crois, là, maintenant. Mais je peux tout aussi bien spéculer ou extrapoler sur quelque chose qui n’existe pas, tant le silence est grand ou épais, large, tant l’espace est nu et vierge, un espace apparemment vacant, oui, un espace inoccupé qui s’étale de manière panoramique, un espace ou horizon comme sans fin.

Je me souviens très exactement de tout cela, oui, je me souviens de ce que je viens de dire ou écrire, de manière nette, très nette, aussi nette que la lumière, que sa propagation, que sa vitesse. Et mon apparence physique, ici, est la même, avec cette pilosité ou barbe de quelques jours, chaque cheveux étant à la même hauteur que l’autre, sur une surface grande, au bout du compte, englobant une partie du cou et des tempes, tandis que les sommets et les contours de mon crâne sont recouverts d’une épaisseur brune éparse, et que mes sourcils, épais, forment deux virgules comme affirmées, autour des arcades. Ma combinaison ou tenue civile, elle, est résolument urbaine, un tissu ou une matière unie et sombre, liserée de blanc par endroits.

Les plans de la ville sont rigoureusement conçus, aisément lisibles, à l’instar de cette voie principale, de cette longue et large voie qui conduit à l’intérieur ou au coeur de sa cartographie, une ensemble urbain qui ressemble à un dédale, oui, un dédale de directions, un dédale d’habitations, un dédale d’enseignes, un dédale de monuments ou d’édifices, un dédale de ronds-points à travers lesquels les jantes de mon automobile font défiler leur démultiplication, un dédale d’intentions, fait d’entrées, de sorties et d’interactions, un dédale, en dernier lieu, exonéré de tout complément du nom ...

L’opération " freedom " , pendant ce temps, se poursuit, en toute quiétude ...

Dans cette baie où le dressement d’une statue brandissant une torche met en relief, met en exergue la statique d’une femme entièrement drapée, d’une femme couronnée, d’une femme au visage lisse et aux yeux glabres, cependant que l’épaisseur des flots, à travers la houle et l’écume s’écrase régulièrement sur le socle, sur le piédestal ...

Son visage glabre tendu vers les cieux ou l’horizon est bien au-dessus de la sagesse, oui, son visage lisse comme du métal ou de l’eau saline projette sans cesse ce qui est de l’ordre de l’immatériel ... de l’éternel ...

Et devant, là, maintenant, c’est une succession de colonnes, oui, c’est une enfilade qui provoque un défilement incessant de piliers, une sucession comme ininterrompue de cylindres, la présence répétée d’une pierre ancienne et polie, d’une pierre blanche ou écrue, alors que mon squelette avance toujours tout droit parmi les losanges de marbre, que le plafond semble aussi haut que les cieux, que des femmes, postées tous les deux ou trois piliers, en sentinelles, me saluent courtoisement, très courtoisement, avec à chaque fois les mêmes paroles :

" Bonjour, monsieur le narrateur. Nous vous souhaitons une bonne continuation " .

" Forward " , comme dirait les Anglo-Saxons. " Straight Forward " ...

Tout en poursuivant mon avancée, ce sont des architectures immenses qui envahissent mon cortex, qui font son siège, oui, ce sont des thermes dont la longueur s’étire comme sans fin - une salle succédant à une autre, jusqu’à ce que les bains impriment leurs multiples rectangularités liquides ... - , ce sont des amphithéâtres vacants dont la forme ovale est simplement emplie de silence, d’un silence plein à l’intérieur duquel l’azur et la lumière prennent toute leur place, ce sont des théâtres d’une grande capacité, d’une grande circularité dont l’élévation rend possible la force et la diffusion de l’écho provenant de la scène, là, tout en bas ...

Ce sont des triangles pleins, aussi, ce sont des oeuvres ou des chefs d’oeuvre égyptiens, oui, de hautes pierres qui finissent par former une arête, une pointe projetée vers les cieux ...

Acquiescer librement au destin ...

La circonvolution d’escaliers, maintenant, sollicite largement et continument les muscles de mes jambes, et bientôt de tout mon corps. Mon squelette se hisse, en absorbant les marches deux par deux ou trois par trois, tandis que mon cortex gagne en plasticité.

Magnus, Magnus Pompée ...

C’est une embouchure, maintenant, c’est un port récemment bâti ou construit qui dévoile toute sa surface bétonnée des deux côtés, l’eau de la mer s’egouffrant paisiblement à l’intérieur par le biais de canaux. Longues lignes blanches qui enserrent l’eau, une eau mobile, une eau tranquille ...

Arrivé au sommet, je découvre un paysage sauvage fait de rochers, de verdure, d’écume. La pierre circulaire où je suis s’apparente à une tour, oui, un monument qui semble terminer un vaste ensemble monumental dont les dimensions et la compacité suggèrent l’identité d’un temple générique, d’un temple ou hyper-temple totalement inédit. Et pendant que sa masse blanche absorbe une grande partie de l’espace, au-dessus de moi, au-dessus de ma tête, c’est une flamme qui se dresse à l’intérieur d’une cavité cylindrique à partir de laquelle ses formes, toujours actives, ondulent sans cesse...

 

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