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Article publié le 9 juin 2006. oOo 12
Au Hradschin, le vieux quartier de Prague, la maison où tu travaillais, Franz Kafka, dans la ruelle des Alchimistes, est si petite que je n’ai pu retenir un sourire quand je me suis trouvé devant le numéro 22 avec sa porte minuscule, en songeant à ta grande silhouette dégingandée ; tu devais presque te plier en deux pour y entrer. Après la façade bleue de Zlata ulicka, je suis allé à ta ren contre dans l’ancienne gare centrale de Prague, chef d’ceuvre de l’Art nouveau, où le mot « caisse » est écrit en français au-dessus de guichets abandonnés à la poussière. Combien de fois es-tu venu à ces guichets prendre un billet pour Berlin, la mer du Nord, le lac de Garde, Paris, la Suisse ou l’Italie ? Tu n’aimais pas ta ville, Franz Kafka, et tu ne songeais qu’à la fuir. Et pourtant elle sera le nécessaire tourment de ton oeuvre que tu voulais voir détruite après ta mort. Soudain je t’aperçois, debout devant le guichet, dans ton costume strict, coiffé d’un melon noir. Tu prends un billet pour ailleurs. Chaque retour connaît sa Métamorphose. Tu plaideras coupable, jusqu’à la fin, au Procès que tu as inventé de toutes pièces avant de t’enfermer dans ce Château que je visite depuis tant d’années, comme les arcanes de mes propres doutes. |
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