En marge des mots, hors d’eux,
Se pencher sur le puits pour y chercher les souvenirs
Ourdis par un passé lointain
Les figures dansent dans l’eau sombre
La margelle craque, se craquèle, puis s’effrite,
Nos coudes y grésillent,
Un feu de pierre se prépare
Il brûlera jusqu’aux souvenirs enfouis dans les eaux profondes
Cette admiration ignée n’a qu’un temps
Une autre flamme nous occupe
Il nous faut revenir au sol gelé
C’est le cœur gros de mots anciens
Que nous escaladerons les marches de glace
Désormais
Elles ne mènent nulle part que chez toi,
Petite Elfe railleuse
Ton rire aigrelet court dans la lande,
Se perd dans les mousses,
Ta chevelure de lichens passe dans les roches noires
Par-delà les ans mon amie toujours
J’entends ton souffle clair
Jusque dans les brumes
L’horizon a le souffle court ce matin,
Tu lui viens en aide à toute allure
Les monts s’enneigent doucement
Si tout fleurissait en un instant, un seul,
Le monde que nous aimons toi et moi deviendrait inhabitable
Ce monde aimé n’est pas un linceul ni un licol ni une licorne
Mais une force tranquille
Nous prenons le temps de laisser aux signes le temps d’effacer
Leurs traces qui ne fondent pas comme neige au soleil
Une permanence demeure sous les neiges
En-deçà des lignes claires
L’obscur n’y a pas plus sa place
Que les fleurs printanières trop tôt venues ne sauraient annoncer
Le dégel de l’instant
Lecture à rebours d’un temps à venir
Dans l’encore d’un déjà
Elfrun est ton nom qui court dans la lande dénudée
A l’école du souffle, Erik,
J’ai suivi ta part d’ombre
Les dauphins emportent ton chant
Jusqu’en mer Egée
I’ve been walking a long time on yourside
On Green Dolphin Street
Back in the sixties
Jean-Michel Guyot
5 mars 2016