En principe, le personnage frappe à la porte du château pour demander de l’aide. Sa voiture est en panne ou il s’est perdu en chemin. Parfois, c’est un jeune du village qu’on envoie chez le comte pour le servir. Ou une jeune paysanne aux avantages en pleine croissance. Toutes les variations sont possibles. On peut même multiplier les personnages, les faire tomber du ciel, ouvrir une tombe maudite, subir des phénomènes liés au temps, à l’inconnu ou à d’autres rigueurs de l’imagination. Toute la fiction a rassemblé ses membres pour ne rien perdre de l’introduction au cannibalisme, au vampirisme et à toutes les calamités qui éloignent l’esprit des zones plus saines de la raison.
Me trouvai-je là par hasard ? J’étais assis sur un tapis moelleux, le dos au feu tumultueux d’une cheminée qui consommait des troncs entiers. La pièce était haute et sans limites visibles. Ses vitraux, haut placés, témoignaient d’une nuit noire. La table était dressée. Une volaille fumait, répandant une odeur de champignons cueillis sous les arbres de la forêt. Je savais que les arbres avaient abrité mon voyage et que ce chemin montait dans la neige et le vent. Mais personne n’était assis à cette table. Deux chaises étaient tournées vers moi. On avait poussé l’attention jusqu’à remplir mon verre, un cristal ciselé aux saignées si profondes qu’il me semblait voir mes propres cicatrices. Je devais avoir lutté. Mes bras se souvenaient de violents efforts et mon esprit bataillait encore dans une contrée hostile où des chevaux labouraient la terre de leurs lourds sabots. Je cherchai le livre. Il n’y avait pas d’autre explication.