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Extrait de CHINE
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 Article publié le 6 novembre 2016.

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Il dit, y a qu’à fouiller dans les ruines, de sa voix éraillée qui commande. Et puis il s’est tiré pour chercher un engin roulant, brouette ou soit disant. Dieu peut-être, avec sa roue voilée qui couine. Et puis sa majuscule, juste à cause du point. Y a qu’à. Tout un dépôt de choses à récupérer. Son y a qu’à au derche. C’est y a qu’à pour soi, et chercher pour ma pomme. Récupération. Et tout est dans le fouinage. On se remue le cul pour que la chance arrive. Faut guetter à droite à gauche au centre et se baisser en lâchant sa perle, se laisser guider par l’instinct. Un pot d’échappement, un bout de chambre à air, un élastique, un cadre avec dedans ce qu’on encadre ou pas, une pédale, pour amant de Poulidor, une ration de choux rendue à la nature, une capote anglaise pour petit soldat au garde-à vous au fond d’une guérite à poils. Bricole je suis, car il me dit qu’on est chaque chose qu’on trouve, que je trouve et suis, par exemple un bustier qui me fait mal aux seins, un dentier mal poli blanc comme un lavabo, afin que je me mâche avant de m’avaler. Il est en quête aussi d’un sac de jute ou de journaux pour hôtel belle étoile. C’est son style d’humour pour nos journaux-duvets, nos literies bouillons, les nouvelles d’hier pour la nuit à venir. Un miroir. Rien de pire, c’est soi dans la décharge. Un jour j’ai eu la chance : une pendule ancienne. Un berger. Fallait voir la classe, avec son chien et sa bergère avec ses sandales en main. Plutôt une en main l’autre à terre et un beau chapeau avec plein de rubans. J’ai passé un long temps à deviner à qui l’unique galurin. Déjà de l’unisexe. Un bronze, pas du toc. Il louchait dessus à cause des roberts de la donzelle, bien avantageux, dans le genre lubrique, ou dans celui vénal d’en tirer avantage autre qu’un coup en tête. Il touche à des images cochonnes, il s’en torche les entre-jambes et parle dans sa bave. Quand il a fini je crois qu’il fait semblant. Il ne finit jamais pour de vrai. Prostatique. Le cheval de bois c’était peut-être en rêve. C’est ce qu’il m’a dit. T’as rêvé t’a jamais trouvé de bourrin. T’as rêvé. Moi je pense que la veille, je veux dire à jeun, j’ai trouvé le canasson, mais qu’il l’a fourgué pour un litron de rouge. Il ne reviendra pas. Je pense qu’il préfère m’observer de loin. C’est son vice je sais. Enfin, son principal. Il a, bien des lubies, de type je vois tout. Des choses de confesse. Et même qu’il m’en parle parfois aux veillées. Nos veillées d’hiver et parfois d’été et aux intermédiaires nos veillées le soir au coin de feues nos vies.

 

 Parfois passe Nadia, et reste à raconter comme on s’aime au château. Elle invente un château et nous sommes ses princes. Un jour elle est restée, quand il était parti soigner sa maladie. Elle est brune comme Faust. Et même que le cheval lui donnait des idées, le canasson en bois je veux dire. Si on le chevauchait ? dit Nadia. Et moi bien sûr Nadia, j’enfourchai ma monture, mon dada perdu. Et la forêt entière nous chatouillait partout nous légendait féroce. Ses seins m’étaient poussés sur la poitrine et celle du cheval poitraillait la trop verte et perfide ramée. Ruisseaux et verts bocages coconnaient nos fronts, ses dents singeaient la lune. Nadia c’est sa voix qu’on voit quand on la touche. Il me dit que c’est du papier peint enroulé ou le morceau de jute que l’on a laissé enfoui sous les rognures. Nadia c’est Nadia n’importe ce qu’elle est ou même ce que c’est. Lui-même ce qu’il est, qu’importe. Je l’ai trouvé avec le parapluie chinois et le bidet. Il est tout fendillé entartré compissé délavé encrouté déféqué. À Troie on l’aurait deviné à l’odeur. Et puis c’est un poupon trouvé dans les trognons. Il prétend qu’il est venu sur le ruisseau du Nil dans un berceau d’osier. Le berceau en question c’est le panier à chien trouvé près de l’usine à hosties. Celle où il soigne sa chose. Nadia brille au soleil quand il n’y en a pas. Le vautour de son ventre pousse un cri aigu et pisse sa copie de mots impubliables. Elle est désinvolture et reliée en peau d’infini. Mais d’infini fini et tellement fini qu’elle est le fin du fin celle de l’infini. De l’infini pour nous comme on le veut fini. C’est comme le jour où la bergère et le berger m’ont fait le coup du galurin. Nadia s’en est coiffée, a chaussé les sandales, et nous avons couru moi berger du rebut, elle des rogatons. Toutes ses pages ouvertes elle montre ses verts pâturages sa vallée profonde. Sûr qu’il nous observe. Grand lecteur de son doigt mouillé comme un castor il tourne les endroits sur nous-mêmes et plagie nos ébats, en un mot fait barrage. Et moi pour divertir, faire diversion je cherche un tournevis pour le fiston. Fiston. Lui je l’ai dégotté un jour où déprimé je pensai à ma descendance et à ma succession. Un fiston flambant neuf noué par les deux bouts aussi rose et joufflu qu’à sa naissance. Je lui ai donné le doux nom de Fiston avec sa majuscule de calendrier. Ce jour là, j’eus la joie de le confondre avec un tournevis. Le cadeau justement qu’il voulait et que je lui cherchais justement au moment où je le trouvai lui. On voit bien le tourment, certes heureux, qu’est la paternité. Fiston m’aide à trier, à ouvrir à fermer forcer quand nécessaire et c’est souvent le cas surtout quand c’est rouillé par les lubies du temps. Parfois c’est du violent. S’y prendre comme un manche ça, ça lui arrive. Même assez souvent, c’est-à-dire toujours. Et moi son fils j’empoigne ma paternité pour attraper la rouille par les roubignolles et je lui dis regarde comme la jeunesse

 

Je sais que je vous perds. De qui parle-je ? Qui est qui ? Qui ou quoi ? Quelle épingle perdue dans la meule de foins de tous les je possibles ? 

 

Nadia aime Fiston mais du coté du manche. Notre chevauchée devient plus qu’idyllique. Les mauves, les muguets chatoient dans la prairie, c’est un vrai opéra mundi dans notre enclos à trois et quatre feuilles. Elle, reliée en cuir de selle et lui farouche comme un trèfle à quatre, et moi sur le cheval dont je suis le bois vert quoiqu’éraillé un brin.

 Je dis qu’il nous regarde et jalouse de loin. Peut-être pas si loin. Je pense que si moi et Fiston, on fouillait tout au fond, une fois dégagés les pneus, les bicyclettes, les bocaux poisseux, les livres couleur merde, qu’on racle bien fort, on le verrait prenant son air d’y pas toucher. Tiens-tiens vous ici, de son air innocent. On fait comme on fait donc. Fait partie de la danse. Il n’est que le mot maitre celui du wu li. Nadia me prend en faute ce qui signifie : dans ma réalité.


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