L’enfance ne serait rien
Si le temps ne passait pas
Comme passe
L’eau du fleuve
Qui nourit l’océan.
Babelin inventait
Son histoire
En jouant
Avec les filles
A la marelle
Et au mari jaloux.
Babelin n’apprit rien
D’utile
Ni d’agréable
A l’école.
Il n’apprit rien
Nulle part.
Il était mort
Avant d’avoir vécu.
Chaque jour il songeait
A ce qu’il allait devenir
Question travail et famille
Et aussi patrie.
Mais les nombres
Ni les mots,
Ni la terre,
Ni les peuples
N’entraient dans sa tête
Pour y former
Quelque chose
Qui ressemblât
A un esprit.
Babelin n’eut jamais d’esprit.
Il attendait de devenir
Lui aussi
Un citoyen comme les autres.
Il attendit longtemps.
Et ce temps détruisit
La possibilité de devenir
Autre chose que lui-même.