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Dictionnaire Leray
POÈME

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 Article publié le 5 mars 2017.

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Ce matin, je me suis éveillé, il pleuvait. Je suis sorti. Un troquet était ouvert. J’ai poussé la porte et, après avoir commandé un café allongé à la vodka vipérine, j’ai aperçu un homme qui écrivait frénétiquement sur un petit cahier.

Je me suis approché de lui.

 

  • Que fais-tu donc, homme qui écrit ?
  • Eh bien tu le vois, tu l’as dit, j’écris.
  • Fort bien, lui fais-je, mais qu’écris-tu donc si fiévreusement ?
  • Un poème ! Car il en faut, des poèmes, de nos jours ! Le monde est si vaste et cruel.
  • Certes, mais tu écris sans la série. C’est médiocre.
  • Comment donc ? Tu voudrais que j’écrive "série" ?
  • Oui ! Et que tu n’écrives que cela. Sans quoi tes mains ne te servent à rien. D’ailleurs, je te les arrache.

 

Je joins le geste à la parole, fais craquer un poignet, puis l’autre. Les mains pendent. Je les découpe à l’aide de la petite cuillère qu’on m’a donnée avec l’excellente tasse de café augmenté.

L’autre m’insulte. Il n’a qu’un mot en bouche : « Connard ! »

  • Très bien !, lui dis-je. C’est déjà plus plaisant que tes vers sans série. Mais seule une série d’insultes aurait pu assurer ta rédemption. Or, tu ne sembles connaître que le mot "connard". Ta gorge ne t’est donc d’aucune utilité.

Je me suis approché de lui. Je la lui ai trouée, toujours à l’aide de la petite cuillère décidément plus propice à l’exaltation de la série que ce médiocre rimailleur.

  • Voilà, lui dis-je, tu es troué de la gorge. Sens entrer en toi l’air frais du temps, l’air neuf de la série !

Mais il tombe. J’appelle le patron du bistro, pour qu’il m’aide à broyer ce qui reste de son corps.

Il est encore tôt. Je décide d’aller faire un tour sur le marché. Là, pensé-je, les séries sont fastes et innombrables. Les familles viennent avec des cabats pour en prendre, même des très chères.

Oui, la société évolue positivement. Mais tout cela est dû à la police des séries. On le voit bien dans ce récit trop court : une telle police, si elle existe, ne connaît pas le repos.

 

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