Écrire les doigts frétillants de lèpre écailleuse comme l’animal marin dont Saint Ambroise nous dit que nous lui ressemblons. Les mots achalandés de phrases à venir vaquent dans les planctons brouillardeux déclenchés par une activité singulière et commune qui est l’écriture. Écrire est se pencher au bord d’une falaise imaginée sur les planches d’un théâtre ancien et d’où se jeter à corps perdu dans l’impossible. Crawler dans les dossiers ondoyants de la langue où marchent des colombes à travers le silence nu de la parole qui est obnubilée par l’oursin de l’écrit. Se trémousser dans les cambrures narratives qui font résonner ce lieu intervallaire de la vérité sur la chaussée des rues. Se tenir sur le fil où chercher dans la joie ce qu’il y a et est exilé de réel (en promotion ou non) dans le réel à faire. Escalader cet impossible qui existe où rôde le parfum tigré de la musique et sa battue farouche inavouable et somptueuse comme un promontoire.

Je vous l’avais bien dit patron vous n’avez qu’à l’écrire et ça arrive.

William S. Burroughs