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 Article publié le 4 septembre 2017.

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Dieux que la pluie est belle ce matin !
L’azur a revêtu son grand manteau gris
Campagne à l’estompe
Les gouttes de pluie lutinent
Les feuilles jaunies
Dans un râle, le vent
Exulte

Une pincée de remords
Un zeste de regrets
Mixer le tout dans un grand cerveau
Laisser reposer
Goûter, rectifier l’assaisonnement
Servez

A l’abri des regards
Sauf des tiens
Devant le miroir
Plonge tes doigts dans ta béance heureuse,
Femme

Tu en rapportes les souvenirs
Des mains et des mains qui ont flatté tes chairs
S’y sont attardées, ont joué le jeu de tes plaisirs
S’y sont perdues

Et voilà que le soleil revient
Timide apparition dans les brumes graciles
D’un revers de main,
Tu balayes l’importun

Tu ne commandes pas au temps qu’il fait
Dans tes tréfonds
Vouée aux surfaces changeantes,
Tu laisses aller ta mélancolie en compagnie
Des brumes

Elles émanent de toi, chaudes et visqueuses,
Geysers limpides et laves pures,
Masses informes en fusion
N’existent pas

Toute entière, tu n’es que surface lisse et brillante,
Froide et lointaine
Ainsi vas-tu, grâcieuse et nue,
Par les chemins bourbeux,
Les sentines abruptes,
Les mâts et les clochers
Le faîte des toits d’ardoise de ton pays,
Angevine

Dans les vins captive,
L’ange femelle
Et dieux quel plaisir de fouler pieds nus
Les raisins mûrs
Les raisons de ta colère
Je comprends bien
Et mûre ta peine
Au sommet de l’automne
A toi infligée,
Amère citadine

Tu rentres en toi
Comme on rentre en hiver
Après une longue promenade dans la plaine détrempée
L’âtre est là pour te réchauffer
Tendre et nue, tu offres ton corps engourdi
A la chaleur des flammes vives
Tes seins durcissent,
Tu te sens prête comme jamais à faire le grand saut
Dans la fournaise
Qui t’habite

C’est assez pour aujourd’hui,
Décrètes-tu dans un murmure
Eolien
Ainsi des grandes plaines du Nord aux déserts brûlants,
Tu convoques les ombres
Qui jadis te frôlaient,
Farouches et sanglantes

Les ombres ?
Mais ce sont les mots et les mots
Que des décennies durant
Tu t’es acharnée à employer
Sans relâche,
Aux rythmes voués

Une trouée de lumière
Un vaste, trop vaste écho
Et dans les bois tout proches,
Encore et encore,
Les sources limpides et chaudes
Qui te font dire et sourire
Que la vie est belle

Pour toi, femme à la vie multiple emmêlée-démêlée,
Sarments de vigne crépitent
Dans l’âtre
Vive

 

Jean-Michel Guyot
19 juillet 2017

 

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