D’instinctives lueurs ont brillé dans tes yeux
Leur bleu s’en est assombri
A mesure que tu progressais
De chambre froide en chambre froide
Dans le grand abattoir
Pour humains
Revenue de cet enfer froid
Les armes à la main,
Résolue à en finir avec le néant,
Tu as projeté sur le monde
Ta vision nocturne
C’était l’aube d’une ère nouvelle
Qui dure encore
Desnos et Mandelstam clignotent
Follement
Celan est toujours là
Qui charrie la Seine dans ses mots
Nulle part, il n’est de repos
Tu le sais de sources sures,
De celles qui broient les plaines en toi
Venues de Pologne
Germanie lointaine,
Ton cri de ralliement perdus parmi tant d’autres
Et France insouciante au bord du gouffre
De ce grand corps, tu cherches encore et encore
La raison d’être,
Acéphale
Ta vie réduite à une série de chiffres
Tatoués sur ton avant-bras,
Privée de nom,
Vouée à la mort,
Tu en fais depuis l’or
Le plomb des chapes
Dont aucun ne réchappera
Et dieux qu’en été le soleil est beau,
Lorsqu’il daigne briller sur les toits de zinc
De Paris retrouvé !
Jean-Michel Guyot
24 juillet 2017