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Article publié le 10 septembre 2017. oOo ABRI
Le plus cher souvenir que je garde de ma vieille ville, c’est son silence et un chien qui aboie au loin.
Certes, il y avait là aussi des perdrix, des vachers, des serins et des tangaras, des organistes teités et des picolettes, et, immergés dans le puits de la nuit, quelques loups-garous.
Cependant, rien n’est aussi vivant, tout au fond de mon cœur, que ce silence et ce chien qui aboie au loin.
C’est bien plus qu’un beau souvenir, c’est l’abri de mon âme.
Et c’est pour cela que je vis encore, que je supporte tous les chagrins, que je renais de mes cendres :
c’est parce qu’il reste en moi le silence de ma vieille ville et un chien qui aboie au loin.
LES ACTEURS
Totus mundos agit histrionem – ont écrit Shakespeare et ses compagnons sur le panneau installé à l’entrée du théâtre Globe afin de rappeler aux plus distraits des passants, qui connaissaient néanmoins un peu de latin, que tous les hommes sont des acteurs (jouant dans les pièces intimes qui, comme toutes les pièces jouées, ont leur début, leur milieu et leur fin).
Cette troupe a déjà présenté sur scène, il y a tant de siècles, tous les gestes possibles et toutes les phrases pauvres ou géniales, de même que tout dénouement a été mis en scène il y a fort longtemps.
Je me figure la scène que Shakespeare a vécue lorsqu’il a baissé son propre rideau et laissé le public pour toujours là-dehors. Après quoi, plus dramatique encore, je me demande comment je jouerai, moi-même, lorsque mon Heure sera venue.
ROYAUTÉ
Je suis comme le roi d’un pays pluvieux Charles Baudelaire
À mesure que nos jours s’écoulent, nous pensons davantage à ce que le poète a écrit à propos de ce roi d’un pays pluvieux.
Moins de temps nous avons à perdre, plus nous y pensons, obstinés.
Et nous contemplons, de plus en plus proches de lui, ce roi que plus rien n’intéresse, ni même les mélodies d’Aphrodite.
Et nous nous en approchons de fil en aiguille, jour par jour, chaque jour, et nous en venons à nous voir tous gésir dans un miroir pluvieux, sans que rien ne puisse jamais réchauffer nos veines où ruissellent, remplaçant notre sang, les eaux vertes du Léthé. |
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