Je ne me hâterais pas, si j’étais toi,
Me répète la demeure
Et des âmes errantes, les quelques-unes, fondent de vague en vague
A même la mer houleuse allée
Fondent et refondent l’or des souvenirs déchus
Ne trouvent que bribes et rebuts, butent sur les os blanchis
Les coquillages poudreux, les grains de sable luisants
Le vague à l’âme
Les âmes en peine
N’ont pas de prise sur toi
D’autres lieux prennent le pas en toi
Fécondent et refondent sans cesse
Le lit obtus des rivières enivrées,
Les fougueuses
De celles qui courent au profond de toi
Ne s’accrochent pas même un instant aux rives méandreuses
Les pensées poussives ne sont pas ton fort
Celles-là ne font que le jeu du fleuve lointain
Qui se perd dans la mer houleuse
Sur les pentes herbues,
Les frênes ignorent tout de ce jeu
Nulle retenue ne les égare
En aval le barrage grondant
Et murmure la demeure de rondins
En surplomb
Que j’habiterai tout l’hiver
En compagnie des livres nombreux
Baignés de jazz
Jean-Michel Guyot
12 novembre 2017