Mon cher Sidulé,
 
Le temps de me retirer pour quelques jours de méditation dans mon Hermitage secondaire, et à mon retour les mauvaises nouvelles se sont accumulées.
La crise vous a rattrapé, les grands manitous si futés qui vous dirigent en ce bas monde n’ont soit disant rien vu venir. Les pôôvres pôôliticiens se foutent éperdument du caca dans lequel ils ont conduit les réellement pôôvres bougres.
Ils ont fermé les yeux, empochant de beaux subsides, sur les exactions bancaires et boursières ; pire ils ont souvent poussé eux même l’infernale roulette spéculatrice.
Quand les malheureuses banques affichaient sans honte des bénéfices exorbitants, les cris des indignés étaient étouffés et les honnêtes gents n’avaient pas un sous de retombées. Maintenant que des yeux avides plus gros que des ventres pourtant trop pleins se mettent à pleurer, c’est aux plus modestes d’entre vous que l’on demande d’exercer une impossible médecine réparatrice.
Rien n’est grave, les grands manitous contrôlent la situation. Si demain, hélas mon ami Sidulé, tu devras prendre une brouette de billets de banque pour acheter ta baguette de pain quotidienne, tu pourras te moquer des misérables qui vous ont fait ça, ils leurs faudra un plein camion pour leur caviar de tous les jours.
En fouillant entre les grains de sable peut être trouverais-je soixante millions d’Euros. L’Ambassade de France en Irlande est à vendre. Pas mal pour mon Hermitage tertiaire, au fait, n’est ce pas là la propriété de tous les français ?
Tu es clown et, par ces temps de misères soigneusement préparées par la classe dite dirigeante, ton travail pour divertir les pôôvres bougres doit devenir difficile. Salut à toi et aux poètes, aux chanteurs, aux musiciens, aux peintres, aux sculpteurs et à tous les autres artistes qui vont t’aider. Vous êtes nécessaires pour faire oublier les crasses des politiciens.

HENRI LANE