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Conflictualités - pour Israël
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 Article publié le 25 février 2018.

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pour Israël

 

Do whatyou know, don’tbe slow !

You got to praticewhatyoupreach

‘Cause it’s time for youand me

Come to face reality !

Jimi Hendrix, StraighAhead, juillet 1970

*

Et certes l’antiquité du message, l’existence d’un Moïse ou d’un Isaïe, à l’époque où la Grèce était encore plongée dans la barbarie, ont de quoi frapper l’imagination. Mais le mérite historique ne rachète pas une survie inutile. Dans l’ordre de l’esprit, les droits à la pension n’existe pas. Seule une actualité brillante peut invoquer sans déchoir ses mérites passés ou même, s’il le faut, s’en inventer. 

Emmanuel Levinas, Ethique et Esprit, publié dans la revue Evidences, 1952, n°27

*

Qui songe avant d’avoir lutté jusqu’au bout à laisser la place à des hommes qu’il est impossible de regarder sans éprouver le besoin de les détruire ? Mais si rien ne pouvait être trouvé au-delà de l’activité politique , l’avidité humaine ne rencontrerait que le vide.

Georges Bataille, Extrait de l’avant-propos au N° 1 de la revue Acéphale

*

… On ne peut plus parler, car comment garantir la valeur d’un propos, si ce n’est pas par un autre propos que personne cependant ne cautionne ?

N’est parole croyable que celle qui s’arrache à son contexte éternel, pour retourner sur les lèvres humaines qui la disent, pour voler d’homme à homme, pur juger l’histoire, au lieu d’en rester le symptôme ou l’effet ou la ruse.

Emmanuel Levinas, Difficile liberté, page 310 in Liberté de parole, paru initialement dans Les Lettres nouvelles, 1957, n° 51

 

*

J’ai toujours nourri et je continue à nourrir un sentiment ambivalent à l’égard des historiens professionnels. Je suis prêt à admettre qu’une connaissance approfondi du passé éclaire notre présent, mais cet éclairage n’est jamais que partiel, lacunaire, dépendant qu’il est des sources disponibles (mises à disposition par les autorités étatiques : administrations, armée, justice)

Des archives déclassifiées et des documents nouveaux que le hasard de la recherche mette à la disposition de nos patients chercheurs ne cessent d’affiner les approches, parfois même renouvellent le regard sur une période, un conflit, une question, mais ce jeu est sans fin, les lacunes demeurent : impossible de déterminer précisément les forces en conflit, d’être absolument sûr d’avoir pris en compte tous les paramètres de situations complexes.

A cela s’ajoute le parti pris politique des historiens. Négationnistes et fabricants de « romans nationaux » ne représentent que la part émergée et malsaine d’un phénomène plus vaste de mise en idées des réalités historiques toujours sujettes à interprétation.

L’interprétation peut porter sur de vastes périodes de temps, prendre en compte l’histoire longue ou bien s’attacher à produire des monographies d’histoire locale, peu importe, toujours il s’agit à partir d’archives de construire une vision claire et précise de ce qui fut et advint, une fois que faits et témoins ont disparu. Jamais aucun historien ne rendra compte de l’ensemble, c’est-à-dire des milliards de milliards d’interaction verbales et factuelles à un moment T.

On dira que ce n’est pas le propos de l’historien. En effet, c’est purement et simplement impossible.

L’exploitation des big data à coup de puissants algorithmes employés par les GAFA semblent rendre prédictibles les comportements de milliards de consommateurs tombés dans leur filet, prédictibilité qui intègre les comportements d’achat, les valeurs, le sexe, la situation sociologiques des consommateurs, ce que l’histoire et la sociologie sont bien incapables de faire.

Une autre puissance rivale des historiens, ce sont bien sûr les instituts de sondages qui prolifèrent.

Incapable d’établit un diagnostic valable, les historiens seraient bien en peine de produire des pronostics à l’échelle d’une nation voire du monde. Il faut reconnaître - et c’est tout à leur honneur mais pas à leur avantage - que les historiens n’agissent pas à des fins mercantiles.

Le commerce mondial, la création de valeur par l’exploitation des big datas et les sondages dont on nous bombarde incessamment peuvent bien entendu être des objets d’étude des sciences humaines au sens large : histoire, géographie, anthropologie, ethnologie, linguistique.

Un Imperium d’un genre nouveau s’est étendu sur le monde : les GAFAs ne se contentent pas de livrer des services et d’exploiter en retour les données collectées, et ce faisant de transformer en richesse des données extorquées à leurs clients, elles entendent régir sinon gouverner le monde en réduisant celui-ci à une vaste monde d’échanges prédictibles.

A cela s’ajoute les délires transhumanistes de leur dirigeants qui prétendent à terme créer un homme nouveau augmenté.

La technologie informatique est de tous les coups. Via l’intelligence artificielle, nos techniciens et ingénieurs visent à créer un monde parallèle soi-disant au service des hommes, contrôlé par eux contre monnaie même plus sonnante et trébuchante, car tout est dématérialisé, y compris la monnaie.

Tout ceci pour affirmer que le passé au sens large visité et analysé par les historiens- comme on visite une vaste demeure au nombre de pièces infini et dont on ignore la topographie d’ensemble - est loin de correspondre à ce qui fut, n’est qu’une reconstruction parcellaire et partiale de faits et de rapports de force, le tout étant aggravé par le fait que l’évolution du monde dans lequel nous vivons, entré qu’il est dans l’ère numérique, est des plus imprévisibles, et ce en dépit de tout le travail algorithmique qui tends à le rendre totalement prévisible.

Pas de diagnostic fiable donc de la part des historiens, mais en revanche des pronostics en pagaille produits par les GAFA qui tendent à réduire l’histoire humaine à la consommation d’individus lamba de leur naissance à leur mort, tout étant devenu business légal et illégal.

Pronostics que l’historien se garderait bien de produire.

Tout se vend, tout s’achète.

Reconstitution fatalement erronée du passé, diagnostic sur le contemporain inexistant, et pronostics impossibles : voilà où en est l’Histoire.

En dépit de tout cela, nous ne pouvons nous passer d’elle : elle révèle des pan entiers d’événements méconnus, savamment passés sous silence par des états, des nations qui ont tout intérêt à ce que le monde ne sache pas : le génocide arménien contesté par la Turquie islamo-impérialiste d’Erdogan et de ses sbires, les atrocités japonaises en Asie, particulièrement en Chine, la traite des Africains menée par les Arabo-Musulmans de l’an 700 à nos jours, pour ne citer que ces trois énormités.

Dans le même temps, la focalisation sur la Deuxième Guerre Mondiale occulte d’autres événements historiques de première importance, j’entends pas là des événements d’une telle ampleur qu’ils ont mis en jeu des forces capables de détruire une partie de l’humanité au nom d’une religion, d’une rasse ou d’une classe.

En effet, le retour et le recours obsessionnel à la Deuxième Guerre Mondiale érige en héros le Royaume Uni, les USA et la Russie soviétiques, la France dans une moindre mesure, car cantonnée à un strapontin, et qui ne cesse d’accabler le peuple allemand et autrichien en se focalisant sur la Shoa et divers meurtres de masse (Tsiganes, handicapés et homosexuels), tous perpétrés au nom de la soi-disant race aryenne.

Allemands et Autrichiens de bonne volonté ont fait leur mea culpa depuis les années 60, mais rien n’y fait : eux seuls sont des monstres.

Quid des Turcs, des Japonais, des Arabo-Musulmans, des Sud et Nord-Américains, et de toutes les nations européennes parties prenantes dans la colonisation, le massacre des populations autochtones et la traites des Noirs ?

Pas même les Africains qui ont souffert des pillages économiques et humains de leur continent ne peuvent se dire innocents, car bon nombre d’entres eux ont vendu leur frères aux puissances pillardes, même s’il faut insister sur l’action héroïque de résistants locaux qui font honneur à l’Afrique et à l’humanité toute entière.

Il y a là un effet d’occultation fort utile aux nations vainqueurs qui peuvent ainsi faire oublier leurs propres errements : colonialisme britannique, française, espagnole, portugaise, néerlandaise, arabo-musulmane, génocides des peuples autochtones d’Amérique du Nord, Centrale et du Sud, déportations russes et massacres en Ukraine, etc…

La cause palestinienne souffrirait quelque peu, si l’on mettait en lumière le rôle actif que joua le grand mufti de Jérusalem réfugié à Berlin à partir de 1942, qui visita Auschwitz avec jubilation et prévoyaient de gazer à grande échelle les Juifs de Palestine en cas d’invasion des armées de Rommel heureusement arrêtées par les Forces Françaises Libres et l’armée britannique commandée par Montgomery.

L’Israël de Netanyahou, des conservateurs et ultra-orthodoxes israéliens ne dépare pas ce tableau catastrophique, en ce qu’elle pratique une politique de colonisation des territoires occupés par la force et qui la décrédibilise aux yeux des esprits progressistes attachée à la valeur suprême qu’est la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Si l’histoire nous apprend quelque chose, c’est bien l’extrême complexité des conflits humains, car tout est rapports de forces et conflits en ce monde.

La position de surplomb morale n’est pas de mise, mais qu’est-ce alors qui nous pousse à prendre position ?

Trois valeurs intriquées depuis des millénaires, valeurs vagabondes, pourchassées sous tous les climats en tous temps : la liberté éprouvée dans un cœur et un corps qu’anime une soif de vérité hospitalière ouverte sur l’étrange de l’étranger.

 

Jean-Michel Guyot
23 février 2018

 

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