Je marche à l’aube sur la plage
La mer un parfum d’iode dégage
Je vois soudain marcher
Une femme de toute beauté
Je la croise, lui sourit
De toutes mes dents pourries
Elle tressaille et se dit
Mais pourquoi lui ?
Je sais qu’elle a fui
Mon image honnie
Car j’ai l’habitude
Des déceptions très rudes
Je hais les dentistes
Je suis un artiste
Et je n’aime pas
Créer un tel émoi
Je hais la société
Qui fuit l’édenté
Et je ne suis pas triste
Seulement égoïste
En fait je suis un prince héritier
Affublé d’une prothèse
Qui met quiconque mal à l’aise
Je fais des tests en société
J’aime à voir se détourner
Le regard d’une douce galante
Qui de moi s’effraie
Quand mon esprit chante
Alors ne croyez jamais
Ce que vous voyez
Car rien n’est plus dommage
Que de réifier le ramage
Je sais maintenant
Ce que ressentent les pauvres gens
Affublés d’une difformité
Sous le regard des effrontés
Vous, et vous seuls, infatués,
D’autres que vous engagez
Quand votre cruel mépris
Les plus humbles bannit…