Dans le rebours m’ébroue
Cheval fou
Labours errent sous mes sabots
Délivrance
Dans le rebours, une phrase, une seule,
Piaffait d’impatience
Appelait le licol
De cette liberté toute neuve,
La phrase sut faire un royaume sûr
Sillonné de routes en tous sens
Dans le rebours plongé tout ensommeillé
Dans les brumes frileuses de l’aube
Tant et tant de fine figures vivesy dansent à perdre haleine,
Ames follettes ivres d’air et d’eau
Langues d’eau bientôt courraient dans la rivière
Algues en chevelures verdoyantes
Souples et languides
Telles que rivière toute entière leur ferait un corps ruisselant-courant-ondulant
Rivière au bord des rives de laquelle se tient, patiente, roide et sombrement vêtue,
Une haute figure souriante
Barbe de fleuve et chapeau de voyageur
Et long manteau d’hiver
Elle tenait en sa main droite une lance
Qui, jadis, perça son flanc
Le pays en fut changé
N’y perdit pas au change
Gagna en légèreté d’écriture en maniant les runes soudain écloses
Depuis lors vont et viennent des mondes et des mondes
S’affrontent et se croisent et croissent en conflit et harmonie
Les sagesses multiples
Borgne, le dieu qui lorgne vers les mondes
Salue le grand Héraclite
Par-dessus les mers
Ivresse en archipels
Iles flottantes des consciences voyageuses
Salut à vous
Pour l’infini qui vous porte
J’ai dans ma maison tant de voyages en tête
La liste est longue, si longue
Qu’un tapis d’Orient ne suffirait à en tisser-détisser
Toutes les routes
Qui ne mènent pas à Rome
Jean-Michel Guyot
4 juin 2018