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Sériatim 1 - [in "Seriatim"]
Sériatim 19 (Patrick Cintas)
[E-mail] Article publié le 23 juin 2019. oOo ACTOR : Ils élevèrent un enfant Et le nommèrent Actor. Il ne connut pas ce qu’ils savaient. Et il devint poète. Du moins imaginèrent-ils Qu’il l’était. Que savait-il lui-même Du poème et de la poésie ? Certaines fois, ce qu’il écrivait Avait bien l’air d’être De la poésie Et d’autres fois, On n’en était plus aussi sûr. Cela dura des années. Actor ne connut pas le monde. Il ne savait rien de nous, Mais à peu près tout De ses pères. Nous ne le connaissions pas nous-mêmes. Nous avions connaissance De cette expérience, Nous souciant peu d’ailleurs De savoir si Actor Était heureux ou pas Ni s’il connaîtrait un jour L’amour / D’ailleurs… Laquelle d’entre nous ? Ou : comme disaient nos pères : Laquelle d’entre elles ? Mais il n’en était pas encore Question. Le sujet est le suivant : Imaginez la suite De cette fable En nous regardant Danser toute nue Devant vous.
« jamais je n’oublierai ce personnage expérimental… » J’ai inventé deux personnages : Gor Ur et Actor. Vous ne choisirez pas. Dites « A » pendant Autant de temps Que vos poumons (proportionnellement) Contiennent d’oxygène. Un sou ancien Pour la petite souris. « est-ce ce que vous entendez pas poème ? Il y en avait partout et j’en ai profité : Voilà : le petit poème est terminé.
Et vous en avez dit beaucoup de choses ! C’est une poésie compatible avec l’exercice (tout aussi complet) d’une autre profession : C’est bien pratique comme poésie : américaine. Je ne trouve pas d’autres mots / pourtant J’en connais, des mots : de toutes sortes. Deux professions en une ? Ma foi c’est : Possible / je m’en vais y réfléchir pensant : Comme je suis heureux de vous connaître ! Et on se serre la main sur ces bonnes paroles Qui nous rapprochent encore de notre seigneur
Parlez sans voix. Réfléchissez sans y penser. Tuez vos cadavres. Ressuscitez vos morts.
Ou faites-les revenir au monde Par une opération du saint esprit.
Vous ne rencontrerez personne Si vous vous entêtez à considérer Que toute connaissance doit entrer Dans le poème (ou texte) en cours. Les oiseaux sont si durs d’oreille ! Ne leur expliquez rien : oubliez Pourquoi vous êtes venus et Prenez la vie comme elle vient Elle aussi : car elle vient, poète…
Le poète coincé dans son triangle j’expliquais ça à Actor en âge De comprendre que j’en savais Plus que lui sur ce sujet [bref] : image, musique, idée / à quoi Il ajouta : récit et je fus d’accord Avec lui pour oublier ça !
« Dire qu’il va falloir partager les repas Avec des étrangers à mon propre monde : Je ne sais pas si je vais supporter ça… »
Se précipiter à la fin : La tentation est forte. On tient moins à soi avec l’âge.
Mais la vie trop incomplètement découverte. La jonction avec le futur / ces êtres encore Possibles mais pas jetés avec les dés du bain.
Comment ne pas y penser ? Qui hors la peur N’hésite pas à la dernière seconde ? Qui de toi Ou de moi, voisin ? Je regardais les merles noirs
Plonger leurs becs jaunes dans les sillons de ta Terre natale / le cœur pétrifié au moment d’aimer. De qui es-tu la femme ? La couleuvre prépare son
Nid sous l’escalier / « il tombera toujours des étoiles Dans nos jardins, fiston » / si le poème ne s’infantilise Pas : qui redeviendra petit enfant ? Les merles silencieux
Sous le regard des corbeaux bruyant comme des usines. « je n’ai jamais autant aimé la vie, mais : vois-tu : il faut Se préparer un jour ou l’autre : étrange voyage… jamais
Je ne me suis senti aussi près de la mer : la plage ou Le quai / et tous ces témoins qui m’oublieront demain : Redondance de la terreur / j’ai besoin de ce mot :
Demain / comme tu as encore besoin de moi, ma Trace / et voici le temps où mon voisin Dans son jardin Fait irruption Hache à la main Pour faire fuir Ces oiseaux noirs. Nevermore : tu ne sais rien dire d’autre.
Entre demain et justice Le choix est vite fait Quand le temps est compté Sans autre précision.
Allons voir si les bêtes sont heureuses. Ou suivons le mouvement à l’intérieur De ces couloirs interminables Où il est rarement question de trouver la mort. Le poitrail ouvert Et séparé de son (ou sa) propriétaire Sur le plancher du wagon. « La question n’est plus de savoir Si c’est poétique, Mais de trouver Ce qui ne l’est pas Dans cette complexité Jamais absurde Que dans l’esprit Des paresseux. »
Nos bêtes sans qui (lesquelles) Nous ne serions pas Ce que nous sommes. Toi et moi & les autres.
« J’ai bien reçu votre invitation… Je souhaite à votre fille Tout le bonheur que je n’ai pas trouvé En me conformant à cette tradition Qui s’ajoute à la mort et à la religion Pour tourmenter l’esprit des philosophes, Des poètes et même des savants. »
« jamais je ne me suis sentie aussi inutile. J’ai erré toute la soirée de table en table sans Parvenir à m’intéresser à une conversation. Je n’écoute plus comme j’ai su écouter Du temps où je fréquentais votre cercle. Ne cherchez plus à me ramener à la maison, S’il vous plaît / et prions le Seigneur pour qu’Il… »
Jamais aussi près de Vous […] « ou complètement à côté de la plaque… » Changez de chaussettes Si le cuir vous fait mal. « Plus loin que cet arbre, dites-vous… ? » Les nécessités de la page maintenant multipliée À l’infini « c’est bien parce que c’est vous… » Épuisez les ressources du Bien Avant de vous mettre à chercher Autre chose que la propriété. « Vous n’irez jamais aussi loin… ils abandonnent tous… à un moment ou à un autre : tous ! » Je ne sais pas jusqu’où je suis allé / J’ai perdu la trace / Quand ? / Je ne me souviens même pas De cet instant / En admettant que ce fut Un instant /
Sin(ceri)tas / le pauvre bougre examinant les possibilités / So much talk of the language — when there are no ears. / d’au moins une strophe à partir de ça : ceri (série) sintas (cintas) Comme si ça pouvait le mener quelque part. Mais s’obstinant sans voir qu’autour de lui : Ce n’était pas le Monde qui changeait Mais ce qu’il était devenu : Un exégète de sa propre folie / Si on peut appeler ça folie : Peut-être n’est-ce après tout Que sagesse mais sur un autre plan Que celui de la réalité de tous les JOURS.
L’Héméron : non pas journal mais poème (présence de Mallarmé dans cet ensemble) « insistez sur le mot ensemble / à la craie Sur les murs de sa chambre Alors qu’il entrait dans son adolescence / Hemerón et Actor entrant dans ce théâtre Conçu comme tragédie des comédiens : « vous n’interpréterez que votre propre rôle (papel) et vous épouserez les ondes provoquées Par cet ensemble de changements : au brou de noix Sur les murs de la première chambre disponible En ce commencement d’identité : « mais voyons ! si vous cessiez de parler de vous à la troisième personne / personnage / » sorte de Michelangelo Des murs particuliers s’ouvrant sur un balcon Où elle donnait le spectacle (en face) de ses seins.
Tu ne retrouveras pas l’Histoire au fil de la tienne. Le palier est désert : portes donnant chez soi et Chez les autres / la lumière dans ce puits aveugle.
Saisi quelquefois par le temps / puis en chassant Les fantômes familiaux et les personnages Historiques / une goutte de lait (dit-elle) au Téton mordu pour elle : « on commence par être Deux quand on atteint cet âge » / « ne touche pas à la drogue si tu veux continuer d’apprécier cette offrande : »
C’est à l’autre de t’arracher Le plaisir et à toi sin(ceri)tas D’en inventer le refrain.
Les jambes de Rimbaud sont si belles !
« j’aurais fait un bon peintre si j’avais voulu… un bon musicien même : ce n’est pas par paresse que je me suis mis à espérer quelque chose de l’écriture : c’est par pauvreté : un papier et un crayon / et les paysages de mon enfance : cartes postales des déserts de l’Atlas et / voyage en barque de Bayonne à Donostia : à la rame dans les vagues peut-être naissantes. voir sa propre maison à partir de cet horizon : dans l’optique le balcon où ma mère attend que quelqu’un veuille bien lui faire la conversation. et j’en passe :
À l’autre d’y mettre du sien Et de s’enfuir de bon matin Tandis que dans ce crépuscule Les phares des mobylettes S’entrecroisent et remontent Pour disparaître derrière les toits. »
Comme le Monde travaille pour moi ! S’écrie-t-elle en essayant sa nouvelle Robe d’été : j’ai moins aimé ses pieds nus.
On parle beaucoup du langage / les réseaux Se téléphonent / disparaissez, bourricots ! Derrière les toits de vos niches que la pente Étage jusqu’au pont : où se décide votre sort.
Est-ce vraiment l’oreille l’important… ? Les yeux ? Les zones érogènes ? Dis-moi, Toubib / comment parlent les gens quand Ils ne parlent plus ? À quelle heure du jour Et de la nuit on les rencontre mieux que Tout nus dans son lit souillant les draps Sans personne pour en profiter / toubib ? Ne parlent-ils pas de silence / ceux qui N’ont rien à dire ? / ou ne veulent rien Entendre / pas même écouter dans la Nuit dort en chacun de nous ? Je pose La question au spécialiste de la douleur Qui finit par tuer son impatient Commentateur / Non sans avoir d’abord détruit l’intégrité De ce qui a commencé par être un corps Et qui finit dans la poubelle / une poubelle Peut-être conçue pour ça dès l’origine : Origine des temps : il n’y en a pas d’autre.
Vison métabolique des choses / ana & cata : quel cycle mieux imaginé qui Ne servira à rien au moment d’écrire.
Miser plutôt sur l’attente et même : (choquons un peu) sur la paresse / Quelqu’un finira par s’occuper de Vous : satisfactions des nécessités Vitales et communautaire : hôpital À la mesure de l’emploi qu’il suscite : Vos droits d’auteur iront à la hiérarchie Et à ses serviteurs : à moins que la famille (finalement) ne s’entiche de la recette…
Le fou protège (comme il peut) L’intérieur sans jouer le jeu Du chat et de la souris /le poète / l’œil aux aguets dans la fente Des murs / jette des petits cailloux Sur la tête des passants / quelquefois Dans l’eau si la fosse est assez Large pour contenir tout ce qu’il a À dire / leçon #1 de l’expérience.
Nous aurons tous des souvenirs pour meubler Notre captivité croissante (au début, on peut Se croire libre comme l’air / mais en réalité Nous ne possédons pas les ailes des oiseaux : « le bec seulement, Mimi, rien que ce bec qui a poussé comme une fleur : sous l’effet de l’eau et du soleil ») / et d’un tas d’autre Chose dont la nature est encore une énigme.
L’existence est faite (c’est vrai) de frigos, De table, de fauteuils, d’écrans, de verres, D’enfants, de voisins, de livres, de… Vivez Comme il vous plaît ! Roman des spots Mis bout à bout (je me répète) sans souci De montage : inutile de monter : c’est bien Le seul roman sans queue ni tête / désespoir De ne pas pouvoir donner suite à une bonne Idée : et il n’est ni trop tard ni trop tôt (si vous voyez ce que je veux dire…)
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