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Sériatim 1 - poème
Sériatim 23 (Patrick Cintas)
![]() oOo Vides nennis / chants funèbres à la sortie : Orthographiés nénies par les puristes / « j’en avais le cœur chaviré » / cette noyade En hypothermie / voyant les autres mourir Avant d’y passer soi-même : ce long spectacle De la disparition que pallie (un temps) le Tombeau dressé ou couché selon les moyens Familiaux (quelquefois l’État prend le relai) « admirez cette façade toute de poésie ! » Refus obstiné de qui a été gâté par l’existence : En chemise déjà blanc immaculé conçu / Qu’est-ce qui meurt vraiment en nous ? Ce Jour-là / et après quand l’oubli convoque Inutilement la recherche ? UNITÉ SUITE CITATIONS Ordre des choses quand on a un peu de jugeote. Homonymies (-phonies) entre les ex-voto / Tout commence par cette sensation d’unité : Un tout (traduisez anything) dû à la chose Qui ne le contient pas : est en soi une œuvre D’art / « vous en déduirez les identités remarquables. » Frisson nouveau ou extase : ekstasis : être (fait) Hors de soi / et se voir mais pas comme dans un miroir : « pas à l’envers » (rires) / ni se voir se voir / l’étrange Expérience de la sortie / comme une mort en vie : « qui ne s’y est pas essayé, l’ami ? » Alors que le Monde (ledit Mundus si vous voulez donner un nom à ce qui n’en a pas) est bien le lieu de cette sortie hors de soi / « le problème c’est qu’on n’a pas encore trouvé la : substance : celle qui » / un appel À la magie ne suffit pas : par exemple : « j’étais là : ici : quand Eva Braun… vous savez… ? » / cette salope Me fait bander encore : « notez ce qu’il vient de dire : il n’en avait jamais parlé avant : » /avant : Ils veulent d’abord savoir / ensuite la question du Présent telle qu’elle peut se poser à des esprits « parfaitement bien dans leur peau / » La Ville N’a plus d’âme / plus de corps / c’est le Monde (malgré votre tentative : « rien que des trucs ») Qui impose le Temps comme seule mesure / ou Comment j’ai écrit certains de mes livres /pas tous
Comme le texte (poème ?) est beau quand il n’est plus Écrit par ceux qui commencent par l’autopsier !
« j’emploie mon temps comme je veux, monsieur ! » Ou : madame / ou rien du tout si on n’a pas envie !
Miser sur l’attente : avec quels moyens ? La patience… ? Ou au contraire… L’embarcation n’était qu’une carcasse Bonne à virer au fond de la mer. Personne pour alimenter le récit Que les curieux (autant d’objectifs) Commençaient à se jalouser. Ils s’égaillèrent comme des mouettes Que les éboueurs privent de promesses. Au large, la carcasse de l’ancien bateau Avait disparu sans laisser de traces : pas Même un galion / « ya rien à voir finalement… » Et ya jamais rien eu à voir : vous disparaîtrez De la même façon, poète : ils viendront, Mais pas pour voir une carcasse couler Dans son cimetière : celui qui a toujours été le sien.
J’aime les gens qui partent : Ceux qui s’enfuient Comme ceux qui s’ennuient.
L’aventure ou l’ennui : Nous n’avons guère le choix : À moins de s’injecter la bonne substance : Encore faut-il s’y connaître… « mais on apprend ça où, mec ? »
L’ennui c’est plus facile : Et écrire là-dessus. Ne pas s’en lasser.
Éviter les fatigues dues aux répétitions. Se méfier de toute formulation itérative. Regarder les feuilles tomber à l’automne. Les bonnets de l’été / chair recomposée Dans la physicochimie solaire / Et ainsi de l’hiver aux dessous électriques. « C’est le printemps qui m’ennuie… » Et pourtant tout y recommence… Même les mouettes veulent se reproduire. Les guerres et la misère nourrissent le printemps. Sauf au suicidaire de s’y donner rendez-vous avec lui-même.
Si vous aviez (dans votre lointaine jeunesse) Élevé un bison ayant fait trempette dans les marais / Vous comprendriez ce que je veux dire Quand j’écris.
Comme ça glissait ! Jamais je ne pourrai oublier ça ! Les joncs fouettant nos visages (j’exagère à peine mais on est dans un film et je ne veux pas décevoir mon public)
J’ai écrit ça parce que je l’ai vécu. Je n’ai jamais rien écrit d’autre.
Comme c’est agréable de n’éprouver aucune contrainte ! Sensation de luxe et même de tranquillité. Nous ne sommes pas loin d’en jouir. Trouvailles à deux dans le même espace. Le jour n’est plus nécessaire pour se retrouver. « c’est déjà ça ! » Spectateurs des horizons Que l’imagination exalte Jusqu’à la disparition De l’objet ciel-mer. Les visiteurs-en-marge se donnent de la peine (d’après le chroniqueur local) Pour profiter de tout ce que le commerce expose Dans ses vitrines si transparentes ! Au pas des carioles et des charrettes, suivant Ce qui paraît intéresser tout le monde : Monde Dressant sa carcasse à l’intérieur de chacun Et inspirant toutes sortes de publicités. Habitants de ces contrées N’en disent rien entre eux : « On en parlera plus tard, Dit l’un d’eux en prenant La tête du cortège servile Et souriant » / parler n’est Pas écrire : il faut un plan Pour étaler la matière / Les bêtes habituées aux rires et aux machinations des enfants Ne reculent jamais / se méfier du coup de pied quand on a Le dos tourné : l’argent n’explique pas tout /
Ici l’Histoire locale n’a aucune importance. On n’y assassine pas plus qu’ailleurs. Comment c’est chez vous ? / les faits Organisent la joie / organisent-ils la joie ? Pas plus de rites que d’habitudes. Le juste équilibre propice au crédible. Entre l’imagination et la perception, Ce Monde qui est aussi le vôtre : sinon Vous vous ramenez avec vos folklores Et c’est nous qui applaudissons cette fois.
Non : nous ne rions pas plus que vous. Le malheur ne nous distingue pas non plus. Mêmes chansons dans les rues de nos faubourgs. Même substitution des substances. Le camé a la même gueule / la pute Se vend au même prix / relatif du pouvoir d’achat « ne faites pas grincer la porte en entrant » Les boutiques de l’ennui à ne pas confondre Avec les jardins de la nécessité / Le dos courbé de ceux qui ne gagnent pas assez / To have and have not / glycines forcenées / La poutre soulevée en deux jours / le balcon Qui penche maintenant / glissades des enfants Les jours de pluie sur le dallage de feu / Nous aurons tous la nostalgie pour repère / Unique repère un de ces jours / Comment aimer celui qui vous vole Les moyens d’une existence digne ? Le lierre aussi s’est mis de la partie / Le mortier dans l’herbe coupée la veille / « ça n’amuse pas les enfants » Ça ne m’amuse pas non plus / la maison De mon père n’a pas de nationalité / « nous ne savions pas où nous allions » / sous l’appentis contre le mur le bois de l’hiver / pour d’autres c’est celui des barbecues « notre pain quotidien ? Qui nous le donnera si on ne peut pas le payer ? » Derrière la fenêtre « plus seul qu’Onan » / L’homme qui n’a jamais été un personnage.
Nulle alchimie dans tout ça… L’excitation des tissus adéquats Provoque l’orgasme et l’éjaculation En constitue la preuve, ma chérie.
Si tu te déshabilles à temps Et s’il ne fait pas trop froid Dans cette maudite chambre Où nous scellons nos vœux /
Je te ferai un enfant de papier : Marionnette des fils de l’attente / si bien sûr tu réussis à te foutre À poil avant que l’huissier frappe
À la porte ô que l’alchimie du verbe L’emporte sur celle de la douleur ! Je ne sais plus si je t’aime encore Mais je veux bien le dire avec des mots
S’il est encore temps de baiser Sans se soucier Du bel huissier Qui agit seul Si tu te donnes.
J’avais une autre chanson Sur le bout des lèvres Mais la neige a succédé À la pluie et maintenant C’est dehors que ça se passe
La mer où nos barques se couvrent et s’immobilisent. Avons-nous assez rêvé ? Un oiseau noir est-il toujours corbeau ou merle ? Femme en fuite dans la trace de mes pas Que j’ai laissée en venant Déclarer mon amour. Cet horizon de plage sans autres oiseaux Que ceux que tu veux voir. Aime la poésie comme tu m’aimes. Je serai l’auteur de ce poème Quand viendra le temps De payer nos factures.
Avons-nous assez rêvé ? Sommes-nous bien deux Dans cet endroit sinistre ?
Je serai l’auteur de ce poème quand tu reviendras : Je ne me souviens pas de t’avoir perdue, Mais la maison est bien vide sans toi.
On ne va pas loin en cultivant des fleurs. On ne va pas plus loin que son jardin. Le promeneur qui ne connaît pas ce chemin N’est pas un promeneur.
Appelons-le autrement / Il reviendra plus souvent. Reviendra pour poser la question De savoir qui prendra ma place Quand je ne serai plus là Pour en parler distinctement.
Le chemin je le prends mais En promeneur qui se demande S’il est en train de se promener Pour ne pas faire autre chose.
Je ne m’appelle pas Personne. Je n’ai jamais porté le nom De l’inconnu en voyage / Je ne reviendrai pas je le sais Mais j’en ai tellement envie !
Au moins ne partageons-nous Pas le même souci du retour : Tu meurs ainsi chaque jour Et tu renais par habitude. Un enfant serait de trop /
L’hiver connaît ma froideur. Un cercueil de branchages Effeuillés me conviendrait Mieux que tes lettres d’amour.
À mon âge (dit-il) le Monde n’est plus accessible Que comme bouche de métro. Je sais où la rame me conduit. J’ai même ma station providentielle. Mais on ne sait jamais ô Hasard Ce que tu réserves à l’attente. Je zappe comme à vingt ans, certes. Les miettes du repas universel Je les ramasse « à la pelle » / Et me voilà « plus seul qu’Onan » / spécialiste du temps Qui ne sert à rien / À mon âge j’ai le chant du coq En travers de la gorge. Et le Monde sans s’éloigner Ferme ses portes et me salue !
Je n’ai jamais assisté de toute mon existence À un spectacle aussi peu historique Que celui-ci. Je n’appartiens plus à personne / Je fais exactement ce qu’il m’est possible de faire Sans les autres. Dit le promeneur qui n’en était pas un. Plus besoin de petits cailloux blancs. Plus besoin non plus de compagnie. Ce que je sais est presque suffisant. Dit l’homme en chemin sans s’arrêter. Point d’Histoire ni locale ni universelle. Le personnage n’en était pas un / Je le dis à l’imparfait parce que ça l’est / Il reconnaissait les lieux exactement Comme il savait se conduire dans les textes Désormais classiques du modernisme / Combien de temps encore dans ce même pays Qui est le seul en plus de me ressembler ? La page ne s’animait plus de places exactes. Il ouvrait et fermait la fenêtre aux oiseaux noirs. Il sautait par la fenêtre si ça lui chantait. Dix / que dis-je : quinze / étages contenant Chacun des dizaines / que dis-je : des milliers / De possibilités de rencontres / Mort plus d’une fois : c’est dans les journaux. Je n’aime plus personne, dit-il au flic. Je vais retourner en Floride et épouser Une bisonne cousine de mon bison ô Fortune !
Le rossignol des branches fleuries Allège mes petites douleurs, Mais certainement pas les grandes.
À l’équerre des façades et des trottoirs, Celui qui ne rêve pas / ce qu’il endure Est bien réel / les jambes à l’oblique Du trottoir et de la rigole / j’ai entendu L’automate siffleur / chant électrique Au bout du bec / le plumeau d’une servante Agite les poussières de la bourgeoisie / Souliers sans lacets / il revenait après L’interrogatoire / qui est ta sœur, miteux ? L’esprit ne veut pas mourir / il se souvient Ô cygne d’autrefois : cette impossibilité De « trouver du nouveau » dans les draps De la République / invoquant les personnages De la Comédie / le rossignol pirouette le cri : Ce que j’endure chaque jour / ingurgitant Les toxiques autorisés par le gouvernement Et ses flics / tout ceci est réel : anamnèse / Il a suivi le même chemin parce que c’est Celui de toute tragédie : condamnation, Illusion puis récit / tout ceci connu depuis Bien longtemps / j’en veux pour preuve… Enfin ses jambes se replient sous lui et L’eau de la rigole transporte les confetti Et les plumes des chapeaux arrachés par La fin qu’on sonne / comme au combat / Le rêve n’est pas pour moi, dit-il au passant / et aussitôt les façades s’illuminent de bleu / nous sommes au XXIe siècle : la Ville n’est Pas un personnage qu’on peut disséquer Parce qu’il est mort / on ne peut pas non Plus le disséquer parce qu’il va mourir /
Le rossignol des rayons de soleil Réduit quelquefois mon ennui, Mais dès que je sors la nuit, il A l’air d’un vieil automate siffleur.
« J’ai connu un type Qui réparait le temps Avec un tournevis / Jamais vu un tel œil À l’ouvrage du temps. Jamais plus lourde bosse Sur un dos travailleur. On se couche toujours Avant les automates. »
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