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Sériatim 27 (Patrick Cintas)

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 Article publié le 22 septembre 2019.

oOo

Qui me possède ? est une question

Non pas plus pertinente, mais moins

Malencontreuse vu ma condition de

Poète marginalisé par ma pratique

À l’envers ou en dehors des music-halls

Et des prurits corporatifs / catacombes

Des murmures que la surface finit par

Amplifier au moyen de la cruauté exercée

Avec bon sens : je félicite le terroriste non

Pas pour la justesse de son propos : mais

Simplement pour exister / face au portail

De ma prison dorée : l’Occident me possède

/ je n’ai pas la clé : hors suicide et à l’endroit

/…

 

Mimosas fleurissent en hiver

/ beaux jaunes complémentaires

De la couleur des cadavres qu’on

Honore de quelques bouquets

Tricolores / la nuit les étoiles sont

 

Vertes : routes disparues faute de

Jour / les fumiers sont inodores /

Que de vêtements à arracher pour

Aimer ! / seul celui qui va au bout

De ses désirs est humain : opposer

Le Diable est une manière d’avouer

L’échec de la Justice qui s’obstine

À juger les hommes / au lieu de s’en

Tenir aux faits / aux seuls faits / les

Mimosas ornent la table / nappe

Aux violettes écrasées par l’enfant

« espiègle » / pas encore diabolisé :

 

Le halo semi-sphérique nous attend :

Nous avons hâte d’entrer dans la

Lumière / les bêtes sont couchées

/ les camés descendent après l’ascension

/ vierges folles aux balcons de la nuit :

 

Brassées de jaune jetées sur les lits

/ « que deviennent nos cadavres ? »

Source de toutes les maladies ? / ô

L’hiver aux mimosas dans la plaine

Qui sert de reflet à nos montagnes !

 

Je me surprends à attendre

/ comme le chômeur attendre :

Il ne se passe rien à l’horizon

Des toitures / je n’ai pas d’amis

/ la girouette grince comme une porte.

Toute cette richesse enfouie

Sous la masse convulsive de l’écriture /

Le poème est une épode ou n’est pas /

« réfléchis un peu ! »

On entre chez soi comme chez les autres.

 

« vous remercierez votre dame pour les fruits… »

On vous enferme dans l’amour

Et vous ne parlez que de ça.

Becs des cigognes à l’angle d’un toit.

Trouver le moyen de ne pas crever maintenant.

« merci pour les fruits de votre arbre »

Enfermé avant même de sortir :

Même la guerre n’a plus de sens.

Entre les averses le soleil a l’habitude de…

Terre aux eaux revenant de loin.

« merci encore pour l’arbre et cette… »

Passer une partie de son temps à gratter

La surface des murs / insectes qui s’agitent :

Dérangés par cette « habitude qu’ils ont de… »

L’amour pèse des tonnes.

On s’en passerait bien mais…

« avez-vous pensé à un deuxième arbre ? »

Au milieu du jardin hérité / sous les étoiles

Conçu : l’arbre qui s’ajoute à notre arbre /

Avons-nous pensé une seule seconde aux

Voisins qui eux aussi s’échinent mas pas

Pour sortir : pour demeurer !

 

L’intérieur contient

La nourriture qu’on a achetée

Et des tas d’autres choses

Qui sont si utiles !

 

Dehors la pluie menace

(comme on dit)

De tomber / la neige

C’est autre chose…

 

Sur la table mes poissons,

Mes couteaux et mon chiffon.

Le chiffon est un torchon.

Le chiffon c’est

pour la poussière.

 

Un seul livre est ouvert.

Les autres ne s’ouvrent pas.

Je me vois lire à la lumière

Du miroir mon seul compagnon

 

Dont je suis la compagne /

Dans l’assiette la chair blanche

Et les reflets de mon couteau.

Le sang est dans la sauce.

Feuilles de persil : immobiles.

 

« nous n’irons pas en vacances cette année / »

Nous n’irons nulle part comme d’habitude.

Les péages sont gratuits mais pas l’essence.

Et puis Bébé est mort.

 

Élans mystiques, non pas ! nous cultivons l’impression,

Laissant aux plus savants le soin de fertiliser leurs intuitions.

Et en lieu et place de l’expérience, nous pratiquons l’interprétation,

Avec ou sans improvisation : à la fin nous levons le rideau

Sur les étranges compositions de notre ouvrage :

Bizarres… étranges… nous n’avons pas encore imaginé

Les détails de notre mise au tombeau : roman ou

« si ma prétention n’est pas jugée trop haute »

…si ce n’est pas trop demander : poème.

 

Le shoot orgasmique est une merveilleuse façon

De mettre fin à nos jours

Provisoirement.

 

Spectacle affligeant

De cette portion de la société

Qui débat des conditions d’existence

Pour tout le monde :

Moi y compris !

Je ne peux pas me faire à cette idée :

Soumission de la propriété

Au sentiment « général ».

 

L’idéal serait de mourir dans un bordel bien achalandé :

Ou chacun est le client (la cliente) de l’autre.

Il ne reste plus alors qu’à jeter l’argent par la fenêtre.

Chahut dans la rue provoqué par ce geste fou.

(dans la rue : on imagine mal un bordel en forêt /

Mais pourquoi pas un bordel en forêt ?)

La question est : qui veut mourir dans un bordel ?

La mort donnée ne vaut pas la mort reçue.

 

L’existence est un rêve fou.

Chaussons les lunettes de la folie.

Après quelques mois d’utilisation,

Le candidat à l’existence peut les ôter :

Son cerveau s’est accoutumé

À l’idée de survivre comme seul mode de vie.

(Erismann et Kohler)

 

« voilà comment j’explique vos traumatismes »

Je suis sorti de là

Me disant :

Ya pas d’autre explication /

Je suis bon pour le travail :

Me rendre utile aux autres

Et du même coup à moi-même.

 

« pas besoin de les fabriquer (les lunettes de la folie) »

On les chausse dès l’enfance.

Il y en a pour toutes les pointures de nez.

« vous ne savez même pas que vous en portez »

Ça m’a fait froid dans le dos de l’apprendre

« même ceux qui vous les ont collées sur le nez

ne savent pas qu’ils en portent depuis toujours :

ils se doutent de quelque chose en regardant

leur enfant dans les yeux : comme ça : regardez-moi ! »

 

Qui a parlé de « soigner » ma folie ?

 

On fait ça machinalement : on les colle

Sur le nez de nos enfants

Sans poser de questions

À ceux qui en savent assez

Pour foutre tout le système en l’air.

 

« heureusement qu’on a le sens de l’humour ! »

 

« je préfèrerai que ce soit naturel mais :

c’est le genre de chose qu’on choisit pas /

alors autant donner la mort dans un bordel

à ceux qui sont décidés à partir en beauté /

une fois que j’aurai été bien utile aux autres :

je me laisserai machiner par la beauté et :

quelqu’un (que je connais ?)

m’enverra valser dans le néant / »

 

« j’peux pas m’en empêcher

chaque fois que je regarde

le ciel la nuit / j’y pense avec

toi (sans toi) couché(e) dans

le même lit (depuis longtemps) »

 

« tout ce qu’on se met dans la tête

avant d’y aller / et pour de bon cette

fois-ci / se disant : c’est ma mort après

tout : j’en fais ce que je veux / mais c’est

la vie qui perd ainsi tout le sens qu’elle

pourrait prendre si on savait d’avance »

 

Mon poisson mort

Dans la cuisine /

Ta gueule enfarinée

Qui s’avance et qui

Pousse la chaise.

 

Donne-moi une raison

De continuer comme ça :

Et je me tais pour

Parler d’autre chose :

 

On a tellement de choses

À se dire : comme la réforme

De la Constitution et les peines

Plafond / ou plancher / justice

Enfin rendue devant un café.

 

Le couteau ruisselle d’écailles /

Je t’ai vue à l’œuvre / l’huile

Sur le feu : par la fenêtre l’air

Du petit matin apporte des

Nouvelles du monde : imite

Ces cris : comme la mouette

Et le miroir aux alouettes

De ces millions d’écailles

Encore tremblantes sous l’eau.

 

L’infime (ou infinie) pellicule de poésie

Qui sépare le bon grain de l’ivraie :

Je vois ça tous les matins en me levant.

 

Jetant par-dessus bord ma semence sacrée :

Le monde [Monde] est un tissu de lâchetés.

Pucerons dans les sapins : qui sont ces abeilles ?

 

L’incroyable suffisance du bienfaiteur :

Une place porte son nom / il est : la poésie.

Herbe d’ivresse aux petits pas de punaise.

 

Des idées sur tout et sur rien : poésie

De vautrin : qui fait l’âne pour avoir…

Tous les matins en me levant, ce spectacle :

 

La poésie enfermée dans une maison : poètes

Sur le paillasson / frottant leurs pantoufles de

Vair / malheureux mais l’œil aux aguets /

 

Sur le canal passent des péniches et même

Des bateaux de plaisance : sur le roof la jeunesse

/ « choses que nous n’avons pas connues » /

 

Sauver le monde : préserver ses habitants /

Le matin je traverse par le pont métallique

/ je ne sais jamais où je vais : mais l’aventure

 

C’est l’observation de cette engeance / poissons

Dans l’eau / parmi eux voleter et picorer / bon bec

De Paris : heureusement que le Monde est mal conçu.

 

Avec ou sans rythme

Le poème court vite :

Pas dans les rues* / pas

Dans l’escalier** / court

Vite dans les maisons

Inhabitées / poème court.

 

* Trobar leu.

** Trobar clus.

 

Le soleil scie dans la masse nuageuse :

Pourtant, la lumière n’est pas jaune /

Ni l’ombre bleue : dans le blanc de la

Toile / ébauche d’un écran de fenêtre

/ les personnages tracés avec l’ongle

/ le clocher que tu reconnaîtras toujours

/ les cris d’enfants à l’intérieur d’une

Maison toujours plus proche : écrasée

De soleil ou d’ombre selon le temps

Qu’il fait / les rideaux s’agitent devant

Les yeux : connaissance de l’autre / lune

La nuit au carreau : même regard inquiet

/ tu as l’air étrange / tu n’agis pas comme

Les autres : chant intermédiaire le matin :

Entre les apparences et le rêve : cette réalité

Entrevue dans le prisme des moyens poétiques

/ jus des ciels (plusieurs) / tu inventes la barque

Et la godille / personne à bord : tu ne t’en iras

Pas cette fois :

il y a longtemps que tu ne pars plus.

 

Érotisme des corps inaccessibles /

Réinventer les voyages aux limites

Du raisonnable /

Queues raides des visiteurs / la femme

Se déshabille / l’enfant embarque /

Rêver de ne pas rêver : l’imagination

Manque au sédentaire qui se met

À fumer /

« ce n’est pas raisonnable »

La malle où on enferme

Les carnets toujours vierges

Qu’est-ce qu’un pays ? Les chemins

Entre soi / corps qu’il serait facile

De posséder /

Les heures de volupté au prix du crime

Contre l’humanité

/ l’ombre est verte maintenant / été

Passé : des sauvages à bord / santé

Précaire des dormeurs : l’érection

À la vue des corps d’enfant aux seins

« palpitants » malgré l’immobilité /

« je viens de là /

je n’y retournerai pas : »

Qui sont ces voisins ?

Les nus de l’aurore

Entre le drap et la chemise /

« pourquoi ne pas s’en tenir au roman ? »

Toute une civilisation qui veut oublier

Mais qui reconnaît l’attraction comme

Moteur de sa tragédie / sans ces actes :

Nous ne sommes plus nous-mêmes.

 

Ismaël va faire un tour du côté de la rivière

Qui à la hauteur de sa maison est vive comme

Un animal qui s’enfuit / il jette des cailloux

Dans le passage de ces forces descendantes

/ « qu’est-ce qui laisse des traces du passé ? »

Il interroge des broussailles souillées par

Les crues / dessus le ciel est « livide » soit :

« bleu mais pas vraiment / comme veiné / »

Visage

aux nuages

de passage /

Il n’y a pas d’embarcation au ponton /

La charpente branle sous ses pieds /

L’eau chante dessous entre les piliers /

« le passé parle en moi » / ce mouvement

De foule : l’élan populaire associé / sans

Le peuple rien n’est possible : « pas si loin

d’ici » / hors, cette muraille (celle qui borde

la berge) se tiendra ici éternellement : dit

(à peu près) la plaque de marbre sous la croix

/ « nous avons agi dans la volupté » / le passé

A l’âge de ces galets : il les lance pour ricocher

/ son esprit ricoche aussi loin que possible /

« je m’en veux » / et non pas : « que me veut-il ? »

Les temps ne sont plus aux questions qu’on pose

Au Monde : la réponse avec la bave de l’effort

Entrepris pour se sortir de cette faille / gaîté

 

Couples en fête

Des berges folles

L’été au soir

Avant de se mettre

Au lit.

 

Le crime

N’est pas loin.

Jambes nerveuses.

On hésite

Entre la fuite

Et le plaisir.

 

Qui n’est pas jugé

À ce qu’il n’a pas tenté ?

 


[...suite]

 

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