Ces nouvelles n’ont pas été conçues pour appartenir à un livre, roman, recueil ou autre poème. Elles sont « sueltas », libres, et peuvent être lues indépendamment les
unes des autres. Elles ne forment pas non plus un ensemble ni divers ensembles. D’autres nouvelles sont les éphélides de mes romans. Elles ne figurent pas ici puisqu’elles ont leur rôle
à jouer dans des ensembles qui portent chacun un titre et une indication (approximative) de genre éditorial ou, si on veut, littéraire. Je ne considère pas la nouvelle comme la sœur
cadette du poème ni comme l’aînée du roman. Tout ce que je sais de la nouvelle, quand elle n’a rien à voir avec un roman, c’est qu’elle est vite écrite et qu’elle n’a besoin de personne
ni de rien pour exister, vivre et mourir comme chaque chose et chaque être qui habitent ici ou ailleurs selon les circonstances. Je ne vois pas comment procéder à un classement de
celles-ci en fonction de caractères, de paysages, de styles ou de toute autre manière d’en percevoir l’intérêt. Ce ne sont pas non plus des laissées pour compte. Certes, on les trouve
en marge du chantier, mais toujours comme satellites d’un noyau qui soutient l’édifice. Je ne crois pas qu’elle soient essentielles à la compréhension ni à l’estimation littéraire de
l’ensemble, mais elles ne sont pas plus désagréables à lire qu’autre chose. Si on pense me reprocher d’y perdre mon temps et celui, plus précieux, du lecteur, je dirai qu’en y regardant
de plus près on y trouvera plus facilement les éléments fondateurs du tout, un peu comme il n’est pas inutile d’observer le parpaing avant de s’intéresser aux murs et à ce qu’ils
soutiennent et enferment. L’esprit ne sera pas sollicité, quelquefois au-delà de la patience admissible, par les questions d’architecture qui agitent toujours la conception du roman et
s’achèvent en général, à ma connaissance du moins, par la mort inoppinée de ses inventeurs. On meurt rarement en cours de nouvelle, ni à la fin. S’il y a une seule raison pour les écrire,
celle-ci suffit à considérer le temps qu’on y passe à les lire comme une belle manière de s’occuper à autre chose qu’à en regretter leurs chutes d’étoiles filantes.
Certaines d’entre elles ont été écrites par Pierre Vlélo qui, lui, a été conçu pour ne jamais souffrir de jalousie à mon égard.
Patrick Cintas
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