« il ne se laisse pas lire » / l’homme jamais rencontré
Dans son livre mais qui y demeure / de quel génie
Le hasard ou les données animent sa présence ?
« suis-je vieux ou jeune
Maintenant que j’y suis ?
Qu’est-ce qui est entré
À mon insu et par désir ?
Je me rencontre tous les jours
À l’orée de la nuit, malade.
Moi aussi, belle invention
Du temps « je me vois me voir »
Qu’est-ce qu’une nuit sans toi
Ou la même journée, sinon
L’attente que le clocher
Organise dans ses rouages ?
Sortant de chez lui il va
Rejoindre ses semblables.
Partager l’instant et l’or
De la dernière trouvaille.
Vieux ou jeune et sans rien
À ajouter à la flaque des heures.
Il rit aussi au passage des enfants.
Ou au dépoussiérage des lieux.
Ne se laisse pas lire aussi facile
Que les paresses du songe-creux.
Au toucher ça travaille encore
De l’intérieur, télévision dehors.
Les grouillements conservent
Leur faculté d’éveiller les sens.
Voici des yeux que rien ne ferme
Et un regard à reconnaître pour sien. »
« rentre à la maison
Il y fait bon vivre et mourir
Rentre au bercail de ton nom
Le feu c’est pour toi
Qu’il éclaire ma cuisine »
« j’avais peur que ça nous arrive
/ on ne sait jamais avec les présidents
/ nous avons eu beaucoup d’enfants
Et pas un n’est encore assez vivant
Pour en écrire quelque chose »
« Qui vit à l’étage de dessous ? / entendons
Bouteille cogner les murs / ça fait peur
Ces choses / je voulais pas le dire si tôt
Mais le temps presse / on peut se faire
Tuer dans la rue par ces soldats de Dieu
/ le même Dieu sans qui la Création
N’a plus de sens / cognait avec sa bouteille
Les murs et finalement la brisait dans l’évier
/ les turlutes l’ont intubé / un soir de Noël
Après l’turbin / que j’en avais la langue
Prise au piège du témoignage / je voulais
Rien dire mais je l’ai dit / j’habite pas ici »
Traîne son témoignage sur lui-même /
Veut encore vider ses couilles / à la Gide
/ c’est pas ce qui manque les petits culs
/ un bretzel à la clé / lisait EAP avec ardeur
/ avec CB comme maître des fourneaux /
Toute la vie avec ce truc dans la tête /
Et assez de fric et de relations pour exister
Encore et encore / franchissant les frontières
Comme tu te jettes par la fenêtre / mais
Revenant toujours et retrouvant les familiales
Résidences qui servent de demeure /
Où ne va-t-on pas chercher la volupté
En ces temps d’incertitude maîtresse ?
« je vais te le dire : là-même où tu n’as
Aucune chance d’exister » /
Le rectangle
À la place
Du cercle.
« ne reviens pas sans la poubelle ! »
Couvercle comme seule rime /
Comme si le moment était bien
choisi
/ pour penser à recommencer
À partir du moment où ça s’est
joué
« avant j’étais doué…………….
Tiens encore une rime / pour
ces sortes de choses »
comme si ça rimait
à quelque cause /
dans l’escalier muselant la poubelle
« je ne fais que passer : avons mangé
Du melon / elle adore le porto et moi
J’aime les papillons » /
La femme des foules passe : il la suit
/ bande déjà à l’idée : parfum amer
Des récidives / « combien de fois
Que t’as payé, Gaby ? » / fabriquée
Par les dindes de Mésopotamie /
Un mélange de versets et de prose
/ tintinnabulant dans la descente
Genre maelström / croise une vieille
Et la viole mentalement ainsi que
La fillette qui l’accompagne au bras
D’une poubelle du même type /
Bande toujours quand il descend /
Ne va pas plus loin que l’espace
Réservé aux poubelles de l’immeuble
: pour ne pas dire de ses habitants /
Ne voit la rue que de ce point de vue
Sauf quand il s’enfuit au travail /
Ni jeune ni vieux personne ne le lit
/ personne pour tenter l’impossible
/ finira à la poubelle comme les autres
/ mais n’a pas lu beaucoup lui-même
Sauf des BD et des affiches : des « encarts »
/ ne viole que l’entrée / à la sortie
Ne se souvient plus de l’âge : petite
Quéquette qu’il a durcifiée à la main
/ « les temps sont durs pour les Lettres »
« où s’arrêter pour y penser
À tête reposée ? / quel port
au bord
De la mer ou au sommet
Des montagnes de ma jeunesse ?
Quel endroit tranquille n’existe
que pour moi ?
Je ne veux pas lutter contre la mort
/ ni contre les animaux
Qui hantent les lieux
Les domestiques comme les autres :
J’ai du langage sous les ongles
Et la langue en sang à force
de la retenir /
bizarre tout de même
que je sois destiné
à la disparition totale /
ne rien donner
et finalement
tout perdre
Arrgh ! c’est
Inadmissible !
J’en ai la page
Ni noire ni blanche
: anti-page quoi !
Et à la télé
On parle de moi / »
« prenez un de ces trucs / là / sur le comptoir
Et tirez-vous avant qu’elle descende elle aussi »
Un escargot sur la langue il continue d’explorer
La rue et ses environs, ses annexes possibles
Et ses rôles à jouer dans ses propres coulisses
/ suivant le conseil de son barman il se tire
Et tombe nez à nez avec l’improbable amour
De sa vie : il n’en croit pas ses yeux et recommence
: pour voir si c’est vrai ou faux : ou si ça n’existe pas
/ un poisson évadé du bocal / avec son eau et ses algues
Factices entre les écailles / « j’ai jamais été aussi loin »
Reprenant un escargot et le mâchant avec toute
L’attention que réclame l’apparition de ce qui est
À la fois beauté et évènement à ne pas manquer
Sous aucun prétexte : or, des prétextes, il en a !
Des tas de prétextes : il n’a rien effacé avec la gomme
De sa vie de famille / il a tout gardé : en vue d’un futur
Procès après sa mort : défaite ou destruction il n’a pas
Encore décidé / il y a consacré du temps et de l’argent
/ il a perdu l’un et l’autre : mais pour l’apéro il est
À l’heure / des escargots qui emportent la gueule
À l’heure exacte au rendez-vous ! / « jamais aussi loin »
Pas question de laisser passer la chance sans lui dire
Ce qu’il pense d’elle :
Papa est au lit
Avec la voisine
Maman se suicide
Mais c’est par erreur
Ce n’est pas de sa faute
Si elle se trompe pas de
Sa faute si le compte
N’y est point
Ah si la chance
N’était pas la chance
Mais l’enfant n’est-il pas
La meilleure des gaffes
Ici on joue
À ne pas jouer
Comme les autres
J’vous ai mis ça en italique
Parce que je sais pas
Si j’en suis l’auteur
Ni si l’auteur
Est encore
Dans le lit
De papa
« vous ne saurez jamais pourquoi vous n’avez pas tué »
Veut dire : au lieu de vous laisser mener par le bout du nez
/ me regarde comme si j’étais son papa biologique :
Je suis venu ici
pour guérir de mon mal
pas pour reconnaître
/ « mais ce ne sont que civilités indispensables »
Voici ce qui est à la portée de tout le monde :
Reconnaître que le heurtoir
A son utilité publique /
Et savoir s’en servir
Sans démolir la porte /
Venez sans vos enfants
Et n’oubliez pas de quoi
Arroser mes rosiers /
Je ne vous je ne vous
Décevrai pas ne vous pas
Décrottez et heurtez
Et n’attendez pas
Le signal pour entrer :
Je suis au bout
Du couloir de la m.
L’escargot toujours sous la dent /
Ya pas d’luxe et ya plus d’calme !
Par contre c’est pas gratuit sauf
Si vous avez des Lettres / style
Garanti à la sortie : avec ou sans
Foutre et le Jean qui va avec /
Comme le monde est petit !
Un vrai mouchoir à verser
Au dossier de la solitude !
Si vous n’êtes pas du pays
C’est dans la cour
Que ça se passe /
Sous les orangers en fleurs
Avec disciple et contradicteurs
/ toute la gamme de l’émotion
Conçu comme antidote
De l’hypothèse /
Laissez-vous berner
Comme dans une histoire
/ jamais plus seul serez
Ni plus près d’en finir
En beauté