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Seriatim 2 - [in "Seriatim"]
Seriatim 2 - L’expérience démocratique est dure à avaler (Patrick Cintas)

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 Article publié le 30 août 2020.

oOo

Promenons-nous / l’expérience

Démocratique est dure à avaler :

Parti de rien le voilà en poste

/ il a ensemencé le con tranquille

Comme l’eau qui dort avec son lac

/ il se sent comme victorieux, fort

En thème mais pas en version /

Surtout qu’il ne parle pas le patois

De ses aïeux : parle comme un livre

Qu’il n’a pas signé / branlette le soir

Après le film / passe pour arrogant

Alors qu’il s’adonne au mépris des

Formes non nées de la mère patrie.

Dans le lit elle ne veut plus penser

À ça : déni et fictions de la compagne

Acquise sur le terrain des luttes

Intestines / une putain donne sa

Leçon de choses : elle aime la jeunesse

Et l’enseigne / sur la place on s’exerce

À aller plus loin que les limites imposées

Par le carcan des lois / la domesticité

S’emploie à tous les étages du travail

Censé nourrir et préparer à la guerre.

« qui suis-je si je n’arrive à rien ? »

Le suicide comme problème ou solution

Selon ce qui arrive à la raison / des heures

Devant l’écran : politique, commerce,

Information, spectacle et : confession :

« je t’ai dit de descendre la poubelle

Et de la remonter avec son couvercle :

La dernière fois je suis descendue

En pleine nuit pour le remonter : tu

Dormais avec ta dose de neuropeptides

/ je n’étais jamais descendue aussi bas

/ trottoir des nuits démocratiques, luisants

De rosée à une heure où tout le monde

Recherche un succédané aux motivations

De Tirésias / croisé le chat et l’ombre

/ quelle solitude plus complète que

Cette certitude qu’il n’arrivera rien ! »

 

Vu à la télé au lieu de sortir dans la rue

Pour interroger ses devins / aux vitrines

Les reflets du désir qu’il s’agit d’imposer

Sans se faire prendre / « sans Dieu, dit

Le mollah éclairé par un réverbère, sans

Lui nous ne comprenons plus rien /

Or nous sommes faits pour comprendre

Et non pas pour passer notre chemin

Comme s’il n’y avait rien à gagner

À prendre le temps d’une conversation

Avec la lumière et sa nuit » / l’enfant

(que j’étais) explore le catalogue possible

De la librairie qui vaut mieux (et de loin)

Que les alignements mesurés de la bi

Bliothèque / « je suis venu pour arroser

Votre jardin, madame » / profitant

De la rose pour jouir du possible : « livre

Qui ressemble de près à ce que je sais

De ce monde d’héritiers et de malades. »

Ce qu’il disait / l’Amérique installant

Les outils de la pratique démocratique

Au grand dam des chiens tenus en laisse

/ « qui gagne plus que celui qui a perdu ? »

Hypocrites jaloux sur les pas de porte

/ « c’est comme ça qu’on a colonisé

Le temps de nos mortes civilisations

Et l’espace des cimetières abandonnés

Aux dieux et aux esprits » / homme nu

En proie au textile d’une idée universelle

De l’Homme / « et ce n’est pas fini, fiston ! »

Veut dire : « une fille est une fille » / rien

D’autre que cela : porteuse de l’avenir

En attendant de trouver le moyen

De s’en passer / « laisse-la s’amuser

Au Conseil et au Parlement / le Temps

Est un homme » / comment ne pas

Disparaître corps et âme avec Arthur ?

Comment ne pas laisser ce désir

De suite à donner à l’œuvre de fiction ?

Et quelle fiction n’est pas le signe du déni ?

Bédouce et Poubelle ont bon dos ici.

Se retrouvent sur les berges de la Loire.

Oc et Oïl dans un bateau voiles toutes

Au vent / le rêve éveille la conscience /

J’ai vu ça en chinant sous les couverts /

Pocket radio entre deux dictionnaires

De vert vêtus / acanthes garanties pur

Sucre / « hier soir je l’ai obligé à descendre

La poubelle : sinon pfuiitt ! » / caresse l’air

De bas en haut : sa robe secouée par

La brise / le bras flasque et le menton

Double / « j’crois bien qu’t’étais encore

Un morveux à l’époque et elle une pis

Seuse » / quelque part on retrouve la

Route tracée au feutre rouge sur la carte.

« ya pas d’démocratie sans nous et pas

d’patrons sans démocratie » / dans l’urne

Les cendres d’une idée aussi ancienne

Que la première / « il a oublié le couvercle

À cause de cette petite qui lui tape

Dans l’œil depuis qu’il sait ce qu’elle

Veut » / un couvercle qui sert de bouclier

Si la cause est entendue / « le grand jeu

Est un neurone » / qui ne joue pas banco

 ? / qui n’a pas l’idée d’un guet-apens

Dans la tête ? / « si tu sais où tu vas

Tu s’ras pas surpris d’apprendre que

J’suis pas ton père et que ta mère est

En voyage » / « chaque samedi matin

Nous allons à la foire et nous achetons

Un petit quelque chose / histoire de

Ne pas revenir sans rien / c’est la vie

/ enfin c’est comme ça que je l’ai

Toujours vue / mais j’saurais pas

Vous dire si je tiens ça de papa ou

De maman ou même du Saint-Esprit !

— Pourquoi s’organiser pour mourir ?

— Mais c’est que j’en sais rien moi !

Demandez au passant et particulièrement

À l’étranger qui a cette idée derrière

La tête » / pas de poème sans conversation

À cette hauteur des sorties dans le monde

/ continuez votre chemin jusqu’à la croisée

Et demandez au curé : il a toujours su

Mieux que les autres, té ! » / et en effet

Il savait : c’était écrit partout où l’homme

Honnêtement constitué peut poser son regard

De fils / « nous aurons des jouissances amères

Si nous continuons de rêver sans y être invités

/ « c’était nuit quand je suis descendue »

C’est pas pour dire : mais je me sens bien ici

/ entouré / lu / invité à me taire / guérison

Garantie par le gouvernement et ses sbires

/ « cette idée qui s’est imposée à l’esprit :

Ce qu’elle a fauché dans le pré aux clercs

/ la gentiane longtemps observée avant

De l’arracher à sa terre / l’enfant court

Avec son bouquet ou plonge sa tête

Dans un baquet pour expérimenter

Le risque / avant d’avoir vraiment peur

De la mort / « ce qui arrive est naturel

 : on y peut rien : faut se hâter avant :

Ensuite on sait pas : et tu veux que

Je te dise : on saura jamais » / jette

Sa ligne sans espoir d’y arriver avant

Midi : « avant j’y arrivais : j’étais ah ! »

Les jours charrient nos nuits / brocante

Du samedi et le dimanche avant la messe

Éjacule sur la pierre ancestrale avec un cri

De guerre pour seul poème / « qui ne tue pas

Ne vivra pas sa vie » / en colonne les vers !

Et désarticulés avec ça ! Comme pioupious

Aux terrasses lorgnant les toilettes de sortie

Après le dessert / « je veux oublier : comment

On fait ? » / mieux vaut oublier maintenant

En effet : après, ça devient une obsession

/ et ya rien de plus tragique que d’en être

L’auteur / aux terrasses voyant à quel point

L’idée de patrie est une ignominie : voulait

Vivre sa vie et pas celle des autres : pourtant

Il se bat pour eux / il songe à une postérité

Gagnée sur l’improbable / « qu’est-ce que

j’y mets là-dedans ? » / ton va-tout et celui

De ton père et de sa maison / les vitesses

Acquises par jeu puis par devoir envers soi

/ ou rien si tout ceci n’a pas plus d’importance

Qu’un ciboire ou l’épée d’un général /

« un jour, tu seras rien / et alors tu penseras

à moi : ton père » / mais j’y pense, figure-té !

Descendant la poubelle et mes restes,

Mes emballages, mon crédit bancaire /

Ce qui reste de l’attente et de ses contenus

/ oubliant peut-être le couvercle et remontant

Avec l’odeur qui me suit à la trace / moi

Qui n’ai jamais tué personne ni même

En rêve : pas assez de haine, pas assez de cran,

Manque de ferveur, de foi, de technique /

Ne constatant que dans l’écran où en est

Cette sacrée idée de démocratie pêchée

Un jour de houle et d’embruns acides

/ les pieds nus sur le sable dur malgré

Les flux / le visage battu par le vent

Des voiles / blessure au coquillage /

Vision à même le papier qui résiste

À ces intrusions / « personne ne t’a invité »

/ pas même forcé la porte : ouverte comme

Si j’étais attendu / pourtant le festin

Exigeait un carton : n’importe quoi qui

Y ressemble : reconnaissance des lieux

Toujours en vitesse : « il va falloir que

Tu t’y habitues » / d’où le choix de l’impression

/ pas le temps de concevoir l’hypothèse

Qui nourrit son homme : « sais-tu au moins

Écrire comme écrivaient nos classiques ? »

Avec quoi ? / plume ou autre chose de moins

Facile à trouver sur les étals / fragment d’os

Ou calame aux capillarités noires de Chine ?

Voici le tissu des nus / chlamyde ou prétexte ?

« à toi de voir » / pas de service à rendre

En échange d’un peu d’attention : ascenseurs

En panne / « tu vas trop loin : Darien, Williams,

trop loin : pas plus loin que cet arbre : tu vas

trop vite : le temps finira par te manquer »

/ verre brisé du texte sans aucune trace

De contenu : « on te l’avait dit : démocratie,

chiens, Stello / tu ne lis pas assez / pas assez

longtemps / trop vite lus ces palimpsestes /

voici les tapas et la fille qui les prépare /

sers-toi » / « nous n’irons pas au bout

de cette expérience si l’Amérique n’en meurt pas »

Excellent vin à cette altitude de téléphérique

/ beau le temps par illusion en salle / trompettes

Tues des rues commerçantes et résidentielles

/ pas de rues sans commerce ni résidence /

Sinon ce sont des chemins et ils ne mènent

Nulle part / « écris un roman et tais-toi »

Service-service / pantin ou domestique

Selon salaire / flic-salaud contre gilet-pédant

/ « prenons le temps de vivre : la mer, nos

montagnes, ces déserts survolés, forêts

en prime avec qasida, muraille des chines

du samedi, et ce jardin bordé de fleurs,

ce potager d’amour et de patience, cet art

de la composition, bouquet des absentes

à toute heure du jour et de la nuit : nous

sommes heureux au fond » / sur le toit

La pie examine les possibilités de la cheminée

/ s’y introduit et chute dans le conduit

Heureusement sans feu à la clé de ses tisons

/ ici le plancher porte les traces de la flambée

Que l’hiver inspire au corps plus qu’à l’esprit

/ « nous aperçûmes le sommet de l’île

mais pas sa plage ni ses abrupts / l’hypothèse

la plus probable était que personne

ne l’avait découverte avant nous /

le ciel était une trouée dans la masse

nuageuse qui menaçait de s’abattre

sur nous comme le poing d’un dieu

surpris en pleine solitude / mais malgré

cette légitime angoisse, nous mîmes

pied à terre : le sable était noir et grossier

/ le mur qui s’opposait à nous était blanc

et dur, sans prise pour nos mains, perdu

dans la nuée / notre premier mort parla

de ce qu’il voyait : des animaux tranquilles

qui refuseraient de se laisser manger sans

combat : la mort avait élu domicile ailleurs

que dans nos têtes : elle avait son mot

à dire mais nul poète parmi nous ne savait

le dire aussi bien qu’elle : voici notre pays »

 

 

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