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Seriatim 2 - [in "Seriatim"]
Seriatim 2 - Mais ah ! comme la vie est quotidienne (Patrick Cintas)
[E-mail] Article publié le 6 septembre 2020. oOo Mais ah ! comme la vie est quotidienne Comme dit le Hunier en coulissant / « je ne peux pas me changer » avoue-t-il En posant le pied sur le pont, souple Définition de la poésie dès qu’elle Ne s’adresse plus au miroir d’eau Ou de regard / un charlatan passa Avec sa religion et sa situation sociale / sur le quai héla l’équipage encore Éberlué par les nouvelles connaissances. « qu’est-ce que c’est beau un paysage, une marine, un portrait, là, sous la brosse et le couteau : à peine débarqués, nus jusqu’à la ceinture, chassant le crabe du pied et le ciel de la paupière, avec les femmes mais aussi nues que là où nous sommes arrivés ensemble / j’en ai encore la langue, la belle langue qui me dévore des yeux » / femmes Finalement englouties avec le désir De demeurer avec elles et la promesse D’une mort tranquille comme au paradis Que seul le langage « le beau » « le pur ? » Connaît par expérience sur le fil du roman. « je ne peux pas me changer comme ça ! » S’étonna-t-il : d’un air de dire :
Croiser n’est pas difficile si on sort À l’heure prévue par les habitudes. J’en ai la langue belle et le cul mauvais. Voulez-vous que mon travail vous serve Ou qu’il vous tue, voire vous indiffère ? Descendez dans la rue ou remontez Vers elle si vous êtes frère des rats De la Cité / les jambes et les roues S’activent à cette heure / dessus Les piafs croient à la chance et S’égosillent / j’ai vu un enfant saisir La bite tendue de son voisin de palier. J’ai vu des filles de son âge caresser Leurs poils en rêvant de crever l’écran. On croise si c’est ça qu’on veut faire De sa vie / au cabaret des campagnes Vidant le verre et la vésicule sans ardoise / ma mauvaise haleine fait reculer Les ombres et les reflets mais vous : Vous croisez aussi / avec la même constance Ou : rébellion retrouvé au cœur même De la série à la mode / en voici des gosses Qui ont perdu le sens de la mesure ! Ce monde ne s’améliora pas dans la croissance Démographique ni économique : pourtant Le meurtre est toujours aussi mal vu / Déployez l’arsenal des virus romanesques Et confidentiels / l’artiste enfin au pied Du mur : de son mur in progress : politicards Et pisse-copie à l’œuvre des écrans versus Le légitime désir de s’en prendre à la cause De tant d’erreur de casting / la faute à Fifi / à ses familles et à leurs travaux / Mérovée De retour sur la scène ou tout autre figure Du Désir /
Continuant ainsi à mettre le pied avec les autres. Ne découvre rien mais tente les bifurcations Que lui inspire son esprit au fil des reconnaissances.
Salue le flic, misérable larbin d’une injuste querelle. Se penche du côté d’une forme cachée mais pas Dissimulée / flatte la joue d’une voisine de dix ans.
Il sait qu’il reviendra avant la nuit : pas question D’aller plus loin / tout homme qui se respecte Connaît ses limites / sous la flaque les pas : il pleut.
Comme c’est vulgaire le peuple ! Et comme c’est vache Ses cadres ! Impossible de violer les filles du premier. Leurs Ferrari trop vite vont ! Leurs jupes sans cuisses En cuir m’aveuglent ! Je suis momie sans feu ni loi.
Comme le jour est vide de tout ce qui se propose D’en faire une de plus et non pas une de moins ! Je ne sais plus si j’aime les flics ou si c’est l’ouvrier Que j’encule dans mes rêves / ou une fille à papa Dont je découpe l’entrejambe pour ne pas être Trahi par les circonstances / qui suis-je si on ne Me voit pas aussi clairement que je vous vois vivre ?
Bien sûr il y a la simplicité : ses fleurs, ses écumes, La lenteur de ses fenêtres, le recours au présent Ou au passé composé, ses soldats de plomb, ses Joyeusetés théâtrales, les minois, les plis, les nuits Éclairées, ces lampions retenus puis lâchés, ce que Papa m’a donné, ma main refermée sur la piécette Polie, mes pas dans l’escalier, ma trace circonstancielle Aux murs, le coup de foudre pour la nuit, la mort Rejouée par le bourgeois du coin et applaudie Par la racaille salariale de haut en bas, le crachat Des asphaltes foulés avec leurs confetti voletant Dans la brise des matins et des soirs, coulissement Alternatif de l’usine à recommencer ce qui prouve Que nous sommes créés et non pas issus /
Que faut-il constater sans compliquer inutilement ? Et que mettre en jeu pour trouver de quoi le dire ?
Ne lui donnerez-vous pas la nuit pour seul sommeil ?
Nous n’aurons pas de chance si l’aurore oublie Le rose de ses doigts. Me voilà à l’heure au Rendez-vous. L’eau des quais clapote gentiment. On attend les retours. Des putes redescendent. Des tapis sortent. Le trottoir n’a pas changé. Reçoit la poussière et la lumière comme deux sœurs. J’en époussète mes chevilles de bois. J’en cligne.
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