« suis-je vieux ou jeune
Maintenant que j’y suis ?
Qu’est-ce qui est entré
À mon insu et par désir ?
Je me rencontre tous les jours
À l’orée de la nuit, malade.
Moi aussi, belle invention
Du temps « je me vois me voir »
Qu’est-ce qu’une nuit sans toi
Ou la même journée, sinon
L’attente que le clocher
Organise dans ses rouages ?
Sortant de chez lui il va
Rejoindre ses semblables.
Partager l’instant et l’or
De la dernière trouvaille.
Vieux ou jeune et sans rien
À ajouter à la flaque des heures.
Il rit aussi au passage des enfants.
Ou au dépoussiérage des lieux.
Ne se laisse pas lire aussi facile
Que les paresses du songe-creux.
Au toucher ça travaille encore
De l’intérieur, télévision dehors.
Les grouillements conservent
Leur faculté d’éveiller les sens.
Voici des yeux que rien ne ferme
Et un regard à reconnaître pour sien. »