Guy Môquet n’est pas un héros. C’est un enfant victime de la guerre. Victime donc d’un combat qui a eu ses héros, mais aussi et surtout ses stratèges. Il a été fusillé alors qu’il avait perdu connaissance sur le lieu d’exécution. Sa lettre appartient à sa famille, ainsi que sa mémoire. Ce n’est pas un document, ni surtout un objet de culte. Ce qui s’est passé au moment de la reconquête du pouvoir par les communistes et les gaullistes ne concerne d’ailleurs que les survivants et les inévitables profiteurs de la situation. La fabrication des héros et de leur poésie est une histoire trouble où il est difficile de démêler des fils soigneusement emmêlés par des spécialistes de la désinformation. Tels sont les faits.
---Reste qu’un président de la république souhaite contraindre la jeunesse des écoles à écouter la plainte enfantine et poignante d’une victime de leur âge. Ses intentions veulent perpétuer un culte fabriqué de toutes pièces, alors qu’il suffisait d’inscrire la souffrance des enfants victimes de la guerre au programme d’une Histoire déjà frelatée par une Jeanne d’Arc en grande partie imaginaire, mais qu’on ne désigne plus que de l’extrême.
---Mais un simple regard sur le monde, à l’époque de l’Internet, est beaucoup plus éloquent que cette cérémonie somme toute piteuse. Ce manque de respect témoigne en outre d’une pensée doctrinaire et non pas politique.
---Les morts de la guerre sont des victimes. Il faut les traiter comme tels et rechercher leur tragédie dans l’actualité. L’État serait bien inspiré d’ouvrir les portes sur le monde au lieu de chercher à réduire la pensée à une Histoire de mieux en mieux dictée par la Loi et ses serviteurs zélés.
---Mais il sera difficile d’effacer les traces du STO, que Marchais le communiste et Brassens l’anarchiste ont servi avec docilité, par exemple. Sartre n’a jamais été résistant, pas plus que Camus, ni Aragon. De Gaulle était un fuyard, les communistes des serviteurs, les socialistes des planqués. Certes, il ne faut pas généraliser ce jugement. Mais ce procès, qui eût consisté à distinguer le vrai du faux, n’a jamais eu lieu et n’aura sans doute jamais lieu, car les compromis, qui tinrent lieu de conciliation, ont la vie dure. Tout cela a déjà été pensé. Il est plus facile de suivre ce fil que la voie de la vérité, à cette exception près que les réseaux informatiques contiennent en substance la contradiction authentique. Il suffit, chers enfants, de ne pas vous laisser endoctriner. Ni par les idéaux, ni par la religion, ni surtout par la bêtise servile des pères.
Patrick CINTAS.