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Article publié le 12 décembre 2007. oOo L’ATTENTE
Comme une fête mélancolique et bénéfique Réveillant la mémoire Le frémissement renaissait Ravageur, lancinant Dans mes muscles, mon esprit et mon être Mais l’attente interminable dans la nuit Dans le silence de la peur, l’outrance de l’égoïsme Dans la nasse de l’hypocrisie L’attente du regard désert, du cœur désabusé Habitent les domaines du crime et de la folie À voix basse, L’attente de l’amour et la volupté de l’attente Chantent la déraison suprême Et ouvrent un firmament transparent À l’impur, au diable À la foi qui se meurt
L’attente recourt à la prière Se glisse entre les paupières Imagine un subterfuge Capable de supporter l’indicible
L’attente caresse les mots Pour s’entretenir des mystères Avec les saisons rudes ou fastes Avec les terres polluées Avec des hommes muets sans cœur et sans fiel Qui se satisfont d’expédients De sourires de commande, de gestes de façade Minés de partout Braves masques de carnaval borgnes et édentés Ne sachant comment jouer le jeu L’attente, l’aiguillon de la méditation
L’attente protège le royaume du sage Avec le délicat nectar des mots Elle invente des étages d’émotions Premier plaisir du premier âge Bonheur de toute alliance Elle façonne le cadre de l’avenir Choisissant l’alléluia ou le requiem Selon l’humeur et le temps Elle enfante l’herbe ou le caillou Assiste, soutient, encourage Travaille comme une ménagère Pour la tendresse de tous les instants Elle se nourrit ou se repose Dans la joie et la foi Fervente ou sans illusions Que l’on soit grand ou petit Elle reste l’instrument du goût
L’attente sanctifie, grandit
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MOTS
Et que le rêve soit la source du réel Disait l’homme attentif à la sève de ses sens Laissons les mots se déplisser La dague des sons suffit à cisailler les illusions
Miracle d’un souffle pur dans l’existence Et fuite de la brise Le ruban de l’espoir coiffe tous mes reposoirs
L’aigle parfois est fou Mais sa vigueur tenace Plus pérenne que les forêts, les montagnes Plus intense même que le feu du soleil Le protège et le stimule
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Bruits de soi à soi répercutés Débris de la vie à la vie rendus
Est-ce racines, parasites Est-ce conspiration, invitation La turbulence incessante des souvenirs
Assiégé L’homme ne peut que suivre La voie royale, aérienne des grands arbres Et si son souffle en chemin Remanie les odeurs du passé Le déplaisir dénudé, enivré par le voyage Produira peut-être des fruits Mais si fous si pourpres si charnus Qu’il n’est main capable de les cueillir Qu’il n’est gosier capable de les engloutir
Sans retourner la terre, les pierres, l’air Sans tomber à genoux, blessé par l’éclat des étoiles L’homme connaît-il l’insolence des mots
oOo
Immobile devant le papier J’attends Cette joie rêvée au-dessus de tout La lumière naissante m’encourage À parcourir en esprit son espace À saluer l’ardeur des mots Entremêlant oraison et création
Le silence à l’entour me guette Jette des tempêtes dans ma tête Prolongeant mes recherches secrètes Par le jaillissement de visions troubles Sans défense devant ce désordre innommé J’attends le frémissement du plein jour
Le cercle du temps s’élargit Mes poumons égrènent des prières L’inattendu vient à ma rencontre Et je deviens comptable De jours entrechoqués De saisons et d’années délaissées De quantités de formes ensevelies De mille promesses abandonnées De mille alliances trahies
Aux aguets Je perçois l’appel de l’espérance
Ce poème a été envoyé à J.L Wauthier pour la XXVème Biennale de poésie |
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