Ce corps qui s’offre-s’ouvre à moi n’a plus de mystères pour moi. Je lis en lui comme à livre ouvert ; étrange livre qui me livre mon image, me renvoie à mes routines sensuelles.

Mes caresses qui lui donnent du plaisir tombent toujours juste. Quoi que j’entreprenne, je ne fais que buter sur mes caresses répétées.

Cet ostinato sensuel ne lasse pas plus que le spectacle d’un rivage battu par les vagues inlassables. Une balade sur l’estran, la brise marine qui fouette ou caresse mon visage et mes jambes, gonfle ma poitrine, le soleil qui cogne ou qui se perd dans la laitance d’un ciel brumeux, tout me convient.

Mais la mer et ses rivages conserve cet attrait des lointains qui rebute à la fin, même en sa présence houleuse ; c’est ainsi que je me sens proche de Skadi en exil au pays de Njord, mes forêts et mes montagnes me manquent.

*

Le mystère reste entier. Je ne connaîtrai jamais ton plaisir, n’étant pas toi, mais à quoi bon vouloir être toi ? Être toi ou une autre, c’est toujours être dans un soi, aussi dois-je admettre que mon quant à moi me suffit amplement, à cette nuance près qu’il ne vibre et s’illumine pleinement qu’en ta présence.

Irrépressible solitude ouvre tout le possible de rencontres multiples. Il ne s’agit pas, ceci étant, de s’acharner à épuiser les possibles. Hasard des rencontres et dilection suffisent.

L’un dans le multiple, l’élue, voilà la quête qui a su trouver son achèvement. Séjourner plutôt que faire une halte.

Jean-Michel Guyot

21 juin 2021