Je ne veux pas ouvrir la bouche
Que chanterais-je… ?
La vie me hait.
Il n’y a aucune différence entre chanter et me taire.
Pourquoi devrais-je parler de douceur,
quand je ressens tant d’amertume ?
Le poing de l’oppresseur
m’a frappé la bouche.
Personne n’est à mon côté dans la vie,
envers qui pourrais-je être aimable ?
Il n’y a aucune différence entre parler, rire,
mourir ou exister.
Je suis contrainte à la solitude,
avec douleur et chagrin.
Je suis née pour rien
Ma bouche devrait être scellée.
Hélas mon cœur, tu sais que le printemps est arrivé
que c’est le temps idéal pour festoyer.
Mais que puis-je faire avec une aile piégée
qui m’empêche de voler ?
Je me suis tue trop longtemps
mais jamais je n’ai oublié la mélodie
et continue à la fredonner à chaque instant.
Les chants qui jaillissent de mon cœur
me rappellent
qu’un jour je briserai cette cage,
m’envolerai de cette solitude
et chanterai avec mélancolie.
Je ne suis pas un peuplier fragile
ébranlé par le premier vent venu.
Je suis une femme afghane
Seule la plainte a encore un sens.
NADIA ANJUMAN (Herat Afghanistan, 1980-2005)
Traduction de l’Espagnol de Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlach
*Poète afghane, journaliste, activiste pour les droits de la femme,
tuéepar son mari et sa famille.
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