Des noces se font dans l’œil voilé des veaux
Quand l’orage s’annonce, et des égorgements
D’agneaux dans les genoux des enfants
Qui s’abritent sous les pélerines de la peur ;
La fin du monde accote son échelle aux arbres
Que le vent secoue sur des nuques abruptes.
Trop de sens, trop de sens, jubile le ruisseau ;
Et d’une blancheur d’os, le tibia de l’éclair
Assomme cent troupeaux sur les étals cuivrés
Du pré, où des atours sont rajustés presto
Sous les monumentaux aqueducs du ciel,
Par des nudités rauques qui s’égayent vers
Des abris pas trop sûrs pour sentir
Peser de tout son poids la colombe de l’arche .
(14/05/07 la colombe de l’arche)
Bêtes avec des lances et d’amers bergers
Dans la campagne acérée des ronces des idylles
De l’éternité pleine d’éternuements ;
La herse de l’averse butine le zinc
Court-vêtu d’l’horizon, des haies, des esplanades,
Des troupeaux partout qui rougeoient,
Le rivet du tambour qui cloue le paysage
Aux frontons véhéments des amours
Où fusent des formes rayées d’éclairs, et
Sur les cages des pages, rôdent des bestioles
Qui lèchent d’une langue noire et orageuse,
La rouquine frange de ton pouls bordant
La lisière invisible qu’on sent :
Hiéroglyphes-bousiers et frileuses brebis.
(20/05/07 opéra, orage et bestiaire)
Gloire, gloire se dit au clair du feuillage
Même un peu défraîchi par les ans, le chagrin
Est aussi un vin dont le vignoble est toujours
Un enfant qui tortille pendant son sommeil
Ses mèches de sarments ;
Gloire, gloire, même au cœur du vent,
Ses cornets de pistache entre de jeunes yeux
Esquivant le regard envieux de celui
Qui doit quitter la scène où jouer les amours,
Car la beauté est un tourment qui donne vie
A la vie qui n’a plus qu’une seule saison
A offrir aux saisons, que l’amour du poème
Et les mots de tes seins se caressant eux-mêmes :
Gloire, gloire à la gloire des neiges d’antan.
(20/05/07 la saison des saisons)