L’hôtesse prévient que dans une heure, nous atterrirons à l’aéroport de Pristina. Gelina, assise derrière la cabine du pilote, sur le côté gauche, avec sa fille Endina, 7 ans, et son mari Granit, voyageait pour la deuxième fois au Kosovo. Elle ouvrit à nouveau l’ordinateur portable. Quelque part dans les archives de sa documentation, alors qu’elle était étudiante, elle a vu une photo et un souvenir fondu dans les sens de sa première visite au Kosovo, il y a 6 mois. Eh bien, il regarda à nouveau la photo. Il a été tourné avec la personne qu’il avait connue lorsqu’il était étudiant. La fille Endina avait des écouteurs dans les oreilles et jouait à ses jeux, tandis que le mari était absorbé par Facebook. Gelina parcourait les derniers souvenirs….

 -Whoa, - il poussa un soupir. Et si je pouvais lui rendre visite et savoir s’il est vivant et où il se trouve... C’est avec ces questions en tête qu’il descendit les marches de l’avion qui relie New York à Pristina. Il a loué une voiture et s’est dirigé vers le village de Redoni.

 - Excusez-moi, savez-vous où se trouve la maison du Prof ? Refaire ? - Gelina a demandé à un homme d’une cinquantaine d’années.

 - Ici, cette maison couleur café. Mais il me semble - continua l’homme - qu’il est épuisé et qu’il ne sort pas, parce qu’il a perdu la tête... Gelina ne voulait plus l’entendre. Il partit pour la maison du Prof. Refait. Vêtue d’une robe d’été légère, un foulard blanc autour du cou, une grande femme aux cheveux dorés et tous ses 37 ans n’avaient pas effacé la beauté de l’ancienne jeune fille. Redon était assis sur une chaise et une table ovale. Sur la table se trouvent quelques miches de pain et un verre de lait. Ensuite, quelques livres et feuilles soulignées. Gelina regardait les rides de son visage, les rides de son front, son menton et ses cheveux gris. Dans ces moments-là, Redoni pleurait le temps passé où il avait connu Géline...

 - Bonjour, Professeur Redon... - Sa lèvre tremblait et il pouvait à peine prononcer son nom.

 - Oui, cette voix que j’entends... Suis-je dans une vision, ou est-ce que mes oreilles bourdonnent à cause de cette voix qui me ressemble... - se parlait-il d’une voix rauque. Gelina ne pouvait retenir ses larmes, ses jambes et ses lèvres tremblaient comme un perchoir.

 - Redon, regarde-moi ! Est-ce que je me souviens de toi ? Je m’appelle Gélina. Cette fille qui m’a rencontré pendant mes études, et tu étais un écrivain et un professeur respecté. En toi, j’ai trouvé un soutien, un repos et un amour sans précédent. Même si nous avions des différences d’âge, cela ne nous a en rien gêné dans la relation créée. J’ai fini mes études, comme tu le sais, Redon. Mais vous m’avez dit d’aller dans d’autres pays, parce qu’à Pristina vous ne vouliez même pas que je termine mes études de maîtrise. Puis je me suis enfui et j’ai fondé une famille. Je suis ingénieur là-bas en Amérique. - Il s’est approché d’elle et a voulu la serrer dans ses bras, comme quand ils étaient ensemble à Pristina. Redon releva la tête sans enthousiasme. Au lieu de mots, il serra sa main sèche et pâle à cause du manque de sang. Il n’avait plus de force.

 - Je ne connais plus personne... tu vois que je suis consumé par les souvenirs, l’âge et la solitude - murmura à peine Redoni. - Les enfants ont fui vers leur vie dans les coins, la femme m’a laissé tranquille, Gelina le sait. J’ai très rarement des visiteurs - Profa a exprimé son inquiétude. Gélina lui sourit pour lui rappeler la mémoire. Je me suis assis à côté de lui. Il lui tenait la main sur son sein. Elle se souvenait combien de fois il prenait ses seins dans ses mains, la caressait et la serrait souvent si fort que cela lui faisait mal... quand ils étaient ensemble, ils se promenaient dans les rues de Pristina, déjeunaient chez "Aurore", se promenaient dans Gërmi, buvaient café à Ulpiëna, reposé à "Paris", nagé à Batllava et Saranda, cassé la vitre de la voiture à Prizren, été à Vele Poje. Quand ils écrivaient, parlaient, s’amusaient dans la voiture pendant des heures...

 - Qui es-tu qui connais ma vie, mes voyages, mon amour...

 - Je m’appelle Gélina ! Nous en avons parlé maintenant. Comment peux-tu oublier ainsi ? Tu as aussi cité mon nom Redon... Moi, l’amour de tes poèmes, la fille de ton inspiration, la fille de ta muse, ton idiote. C’est comme ça que tu m’as appelé...

 -Non non . Elle s’est enfuie. Elle a parcouru un long chemin dans les sciences qu’elle a étudiées, j’ai entendu dire... Elle ne me connaît plus maintenant.... - il a à peine prononcé ces mots et ta respiration est devenue difficile. - Prends ces souvenirs, ce sont des poèmes... tu vois cet ordinateur-là, il y a mes souvenirs et ceux de ma Gélina. S’il vous plaît, donnez-le à Geli...- c’est ici que s’est terminé le souvenir du discours de Redon... Gelina l’a déposé dans l’ambulance qui est arrivée très tard, au moment même où Gelina entrait dans sa vie....

Elle ferma l’ordinateur, essuya ses larmes et regarda son mari et sa fille. L’hôtesse de l’air annonce que nous avons atterri avec succès à l’aéroport de Pristina. Les passagers ont applaudi, tandis que Gelina et Endina se dissolvaient par la main dans la foule de l’aéroport. Oui, ce qui s’est passé n’était pas seulement la foule. Avec la foule, le bonheur d’être à la maison s’est dissous, lorsque Gelina s’est souvenue de la dernière fois qu’elle était ici, ce qui lui a laissé un goût amer. La personne avec qui il vivait depuis plusieurs années n’est plus là. Il avait parcouru les sentiers dorés du paradis, là où se trouvait sa muse, et maintenant qu’il est là, il endosse le rôle de la nouvelle muse. Une muse qui ne vit plus, mais qui vivra toujours dans ses souvenirs.