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![]() oOo ![]() J’avais vingt-quatre ans et le cœur fissuré, Quand Paris m’a happée, Ville-orgue, ville-vertige, Avec ses mille notes accrochées aux nuages. Le Canal de l’Ourcq déroulait son ruban d’acier, Une promesse fluide entre deux mondes, Où je marchais, ivre de lumière, Paname à mes côtés, tigré comme une flamme douce, Son pelage un poème mouvant sous les cieux troués.
Les artistes parlaient haut, Leurs voix éclaboussaient les rives, Et leurs pinceaux dansaient des incendies sur des toiles rugueuses. Moi, je peignais des éclats de lune, Des cathédrales liquides, Et je traçais des visages dans l’eau noire, Paname lové sur un banc, Ses yeux d’ambre brûlant l’air du soir.
Aux Buttes-Chaumont, le vent portait l’odeur des songes, Les falaises s’effritaient comme les souvenirs, Et je grimpais avec Paname, Mon étoile tigrée, ma vigie des cimes. Il bondissait, conquérant des herbes folles, Et moi, je tombais, happée par l’abîme de mes pensées.
Mais Paris a des crocs d’acier. Le Canal s’est figé dans le silence, Les quais sont devenus des gouffres Et les toiles, des prisons d’ombres. Un jour, j’ai cédé à la morsure, Et j’ai vu la ville m’avaler, Au fin fond d’un hôpital blanc comme l’oubli, Quartier de béton, Quartier d’effacement.
Paname me regardait, Son regard d’ambre transperçant mes ruines, Comme un phare dans la tempête. Mais même lui ne pouvait me sauver De cette ville qui dévorait ses propres étoiles.
Alors, j’ai fui. J’ai laissé derrière moi le Canal, Les Buttes-Chaumont, et cette beauté vorace. Mais parfois, la nuit, Je sens encore Paname sauter sur les berges du souvenir, Mon chat libre, éternel, Et le Canal de l’Ourcq reflète dans mon esprit Des éclairs de ce Paris que j’ai aimé à en mourir. |
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J’avais vingt-quatre ans... https://youtube.com/shorts/sBmGIQNjkg4?si=qin43IXHQZS3HDuK