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![]() oOo il n’y a pas de héros juste une ironie du sort des hommes et des femmes qui tâchent de vivre et de gagner les moyens matériels du vivre ce que les vidéos des réseaux sociaux trahissent de sensations extrapolées et d’extrapolations sensationnelles comment les uns utilisent les autres pour sortir leur épingle du jeu un sac plein de pièces d’or comme l’objet du désastre et le cinéma qui tâche de scruter la réalité les méandres des paroles des atermoiements des dénégations et des subterfuges le cinéma comme la somme et plus que la somme de toutes les vidéos postées sur les réseaux le cinéma comme l’inverse de la vidéo quêtant l’insondable de l’homme (on boit face caméra l’enfant bègue répète les essais pour apitoyer les chaumières mais jamais ne verra la vidéo, effacée dans la diégèse de l’histoire, effacée pour le cinéma) là où internet construit des mythes d’un jour et détruit des destinées anonymes un seul homme rentre en prison quand un autre en sort sa femme offre des pâtisseries aux gardiens aux prisonniers la caméra ne bouge plus, filme l’intérieur le gardien et l’extérieur par une porte ouverte un bus s’arrête monte le couple et fin le monde avance les hommes avec et les femmes porteuses de tchador mi-ouvert sur leurs beautés avec toutes les magouilles de la télé les points de vue parcellaires les retournements des fonctionnaires la petite réalité qui ponctionne la vie des vivants et la porte finale ouverte comme le cinéma ouvert (là où les réseaux postent vidéos manichéennes et floues) l’art est une ambiguïté très haute, comme les tombes de Xerxès et les échafaudages dans le vide devant les roches ocre les tombes où travaillent les hommes dans la fraîcheur et la pénombre hors du quotidien sordide hors des écrans des tablettes qui empêchent les enfants de manger hors internet avec l’image plus haute que la confiance cette complexité qui blesse les réalités éteintes cette destinée mécanique et iranienne, corruption efficace hormis la description cinématographique de l’engrenage médiatique (la calligraphie déchue de l’ancien monde, ou bégayer la vérité quand la parole se refuse, que l’image prime) |
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Commentaires :
Il n’y a pas de héros... https://youtu.be/49wI0HbdvBU?si=emtgRj6PqxcZMEEl
Je n’ai pas vu Un héros d’Asghar Farhadi, et c’est donc uniquement à travers ce poème que je me fraie un chemin, dans ses images et ses échos. Il ne s’agit pas pour moi d’interpréter le film, mais de suivre la trace de cette écriture, ce qu’elle capte et laisse deviner.
Ce qui frappe, d’abord, c’est l’absence de héros, cette négation initiale qui pose d’emblée une humanité sans éclat, sans idéalisation, livrée à l’ironie du sort. Les hommes et les femmes tâchent de vivre, de survivre, et l’existence se tisse de compromissions et d’efforts matériels. Ce n’est pas la grande épopée du bien et du mal, mais un maillage de petites luttes, où chacun tente de tirer son épingle du jeu, parfois aux dépens des autres.
L’opposition entre les vidéos des réseaux et le cinéma se dessine alors : l’instantané contre le patient déchiffrement, l’immédiateté sensationnaliste contre l’ambiguïté fouillée. La vidéo expose, capte, manipule ; le cinéma cherche, scrute, interroge. Il n’est pas là pour dénoncer frontalement mais pour révéler la complexité, cette matière humaine insaisissable qui résiste aux récits trop simples.
Le poème glisse ensuite dans une étrangeté presque cérémonielle : des figures apparaissent – un enfant bègue, un prisonnier qui sort quand un autre entre, une femme qui offre des pâtisseries – comme autant de rituels du quotidien, d’actes répétitifs et silencieux. La porte qui s’ouvre à la fin, loin d’être une conclusion, devient une échappée, une respiration qui laisse en suspens. Ce n’est pas un dénouement, c’est une fissure par laquelle le monde continue de s’écouler.
Enfin, le poème s’élève, au-delà de la petite réalité contemporaine, vers une mémoire plus ancienne, celle des tombes de Xerxès, des échafaudages dans le vide, des artisans travaillant dans l’ombre. Cette opposition entre l’ancien et le nouveau, entre la pierre et le pixel, entre la calligraphie et l’image immédiate, inscrit tout cela dans une quête de hauteur, une recherche d’un autre regard.
Peut-être que c’est cela, finalement, que porte ce poème : non pas une analyse d’un film que je n’ai pas vu, mais une réflexion sur l’image et ce qu’elle contient d’ambiguïté, sur la manière dont l’art peut saisir ce que la réalité masque. Un mouvement entre le visible et l’invisible, entre la fatalité et la lumière vacillante d’une porte qui demeure ouverte.