Peintures III (Jacques Cauda) par Catherine Andrieu
Jacques Cauda, l’énigme au chapeau
Ce visage n’est pas seulement un visage : c’est un appel lancé au seuil de l’ombre, une respiration suspendue, presque étranglée, entre les plumes noires d’un col et les bordures raides d’un chapeau. Jacques Cauda, une fois encore, refuse de donner au regardeur le confort d’une réponse.
Nous avançons, à petits pas, dans l’encre. La femme penche la tête, mais c’est le monde entier qui chavire. Dans la rudesse des traits, dans l’ébauche plus que le fini, la figure surgit, ambiguë, entre aristocratie et menace. Elle nous scrute, et l’on ne sait : sourire ou défi ? La plume noire à son cou, molle et vivante, est-elle de théâtre ou de rapace ?
Jacques Cauda manie le noir comme d’autres les éclats : à coups brefs, brutaux, sans fioritures. Il trace, lacère, caresse, tout dans un même élan. Ici, il joue du contraste : le blanc du papier hurle autant que les ombres étalées, et le visage, gratté, laissé à nu, porte la lumière en négatif.
On pense à Colette, à Renée Vivien, à toutes ces figures de la Belle Époque que l’histoire a rangées sous verre. Mais Cauda ne peint pas une époque : il peint une présence. Celle qui persiste sous les couches, sous les dentelles, sous les masques. Une femme. Un mystère.
Elle est là, elle nous regarde, à travers la griffure du pinceau, et nous demande :
— Sauras-tu m’aimer malgré ce que tu ignores ?
Un commentaire, une critique...?
Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs
FORUM
Pour participer, voir en bas de page>>
Commentaires :
Jacques Cauda, l’énigme au chapeau
Ce visage n’est pas seulement un visage : c’est un appel lancé au seuil de l’ombre, une respiration suspendue, presque étranglée, entre les plumes noires d’un col et les bordures raides d’un chapeau. Jacques Cauda, une fois encore, refuse de donner au regardeur le confort d’une réponse.
Nous avançons, à petits pas, dans l’encre. La femme penche la tête, mais c’est le monde entier qui chavire. Dans la rudesse des traits, dans l’ébauche plus que le fini, la figure surgit, ambiguë, entre aristocratie et menace. Elle nous scrute, et l’on ne sait : sourire ou défi ? La plume noire à son cou, molle et vivante, est-elle de théâtre ou de rapace ?
Jacques Cauda manie le noir comme d’autres les éclats : à coups brefs, brutaux, sans fioritures. Il trace, lacère, caresse, tout dans un même élan. Ici, il joue du contraste : le blanc du papier hurle autant que les ombres étalées, et le visage, gratté, laissé à nu, porte la lumière en négatif.
On pense à Colette, à Renée Vivien, à toutes ces figures de la Belle Époque que l’histoire a rangées sous verre. Mais Cauda ne peint pas une époque : il peint une présence. Celle qui persiste sous les couches, sous les dentelles, sous les masques. Une femme. Un mystère.
Elle est là, elle nous regarde, à travers la griffure du pinceau, et nous demande :
— Sauras-tu m’aimer malgré ce que tu ignores ?