Paroles à chuchoter…

Tu feras de tes amours un bouquet de larmes à offrir à la vierge du temps. Le temps est toujours une vierge sans amant ni miroir.

Tu diras aux femmes que la pluie est l’aiguille du désir, que leurs yeux sont des cantiques et que leur simple présence ravive l’odeur des mots. Les mots sont des fruits mûris à leur toison. Des éventails somptueux qu’elles ouvrent seulement la nuit.

Tu n’oublieras pas que les passions avalent même les îles. Un volcan sous-marin en garde la cicatrice.

Tu n’oublieras pas que les meilleurs parfums ont toujours fêté les palais humides de la mer et que la mer elle-même est un bleu férié aux lèvres du ciel.

Tu iras à minuit sous l’arbre courbaril déterrer un trésor dans le rêve de l’histoire. Un trésor sans autre gardien que la fleur séchée de l’inoubliable. Ainsi la terre t’appartiendra comme une jarre sacrée.

Tu raconteras aux lucioles que le cœur est le plus beau festival de lumière et que jamais les étoiles n’ont regardé le ciel.

Tu découvriras le verso du silence comme une araignée qui illumine sa toile et tu sauras que tout est fragile hormis la mort. Tu sauras aussi que le ventre d’une femme est une lune sans quartier, une orange plus vaste que toutes les soifs d’homme.

Tu t’habilleras de miroirs brisés non pas pour te voir mais pour capturer les papillons de la vie.

Tu nommeras la vie la plus belle des éphémères ! Elle te bercera comme font les feuilles avant de s’envoler.

Faugas
Le 23 février 2007