LA BRÛLURE
Les objets s’échappent et le temps se fige.
J’ai beau regarder autour de moi, rien de ce que je peux apercevoir me semble familier : ce danger de ce qui n’est pas mon corps, ce risque de s’éparpiller et de se perdre dans l’espace, cette inquiétude que mon esprit perdu se cogne à tous les murs, par désespoir et surtout par égarement. J’aimerais trouver un lien qui me rattacherait aux objets, même un peu…
Quand l’extériorité devient oppressante, quand elle devient un danger pour l’intégrité du corps, il faudrait que je vomisse ma douleur, il faudrait…
L’inhibition de la parole, comme si chaque mot prononcé était un mot de trop, comme si chaque mot prononcé n’était jamais à la hauteur de la souffrance, je préfère alors me taire.
Souffrir en silence, comme une fatalité, j’assiste à la fonte de mon cerveau par ce brasier carbonisant la matière, embrasant et consumant mon corps.
Ce cerveau calciné, ce corps incendié, je suis une torche vivante et derrière ce rideau de flammes, plus rien ne me relie à l’autre.
A cause de la chaleur qui se dégage de mon être, le monde entier a sûrement peur de se brûler : homme effrayé, ton appréhension est justifiée !
Surtout, ne m’approche pas…