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Voieries et autres ciels Chronique de Brigitte Donat
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 Article publié le 14 juillet 2009.

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Le poète Gilbert Bourson choisit comme épigraphe à son recueil Voieries et autres ciels une vue d’Hegel : Seule la ville moderne offre à l’esprit le terrain où il peut prendre conscience de lui-même.

Terrain d’exception où s’exerce une investigation tant visionnaire que langagière, la ville que capte le poème réfléchit un sujet en abîme. L’effet de miroir les découvre tous deux labiles, indissociables d’une matérialité mouvante qui ne cesse de muter. La ville pavoise de tous ses divorces – les filles / (…) vont cependant / A des séparations, à d’autres catalogues / S’enfuturiser dans un confort nouveau.

Les images urbaines se diffractent, se télescopent, recomposant sans cesse de nouveaux fragments. Le détail souvent outré bouscule tout équilibre, le bégaiement, le déhanchement, tout particulièrement ont l’apanage de produire l’épiphanie : La fillette à bicyclette rase le chantier, en déhanchant les épiphanes de ses reins / Surgit l’éblouissante débâcle du sang / La bègue nudité réinventée du ciel. Parfois, c’est une fracture dans l’épaisseur du réel, La rue des écoles déhanchée de toi / Boîte comme un Jacob.

Perdre pied cependant perd de sa gravité, au contraire il est la condition de nous tenir dans l’axe de la marche. L’important c’est que la langue partage avec le monde une exubérance de formes, de couleurs, d’émotions, de mouvements, qui l’arrache à son indistinction.

Mimant la crue, la poésie déborde d’écarts, Et comble de pétales, coups de hache, abîme, elle est le flot qui vient et ne signifie rien/ que d’être le flot même(…).

Cette prolifération de signes paradoxalement s’ordonne avec rigueur : la forme fixe du sonnet réalise la prouesse de resserrer les tensions, les contrastes que galvanise la ville pour aboutir à l’esthétique du tableau. Fenêtres en abîme sur la ville, Voieries et autres ciels affirment le chantier qui chante notre raison d’être / qui est d’imaginer ce monde enfin réel.

Brigitte Donat

 

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