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Article publié le 14 novembre 2009. oOo Il y a aussi, dans le quartier de Lecoutrac où se trouve l’épicerie, deux mamies qui y habitent. Ce sont réellement des personnages. A tel point que je leur ai dit : " Vous mériteriez d’avoir chacune votre statue. " Elles m’ont répondu, malicieuses : " Oui, pour servir d’exemple aux générations futures ! " J’ai tout de suite pensé à une statue dans le style de celle d’Asnières. Tu te rappelles ? Tu tenais absolument à ce qu’on allât vois là-bas une pièce de théâtre ; c’était une création à partir des lettres de Tchékov (et tu as bien eu raison d’insister pour qu’on la vît, j’en garde un très bon souvenir). En sortant de la salle on avait vu une sculpture étonnante, très juste dans ce qu’elle voulait représenter. Il s’agissait de de-Gaulle et de Malraux ; ce dernier expliquant quelque chose au Général. Malgré nous, on avait tendu l’oreille pour essayer de comprendre… La statue des mamies serait dans ce réalisme-là. Il faudrait l’ériger à côté du magasin, après la petite rue qui descend, en face du cinéma. C’est là qu’il y a le "Café Central" dont je t’ai déjà parlé (M. Houmidoubar). Il y a une terrasse très étalée, et très fréquentée aux beaux jours. Nos mamies y sont constamment dès que le soleil paraît. Elles n’y vont pas pour boire, non, plûtot pour discuter, mater, faire les commères : parler d’untel en bien (ce qui est rare), le plus souvent dire du mal de l’autre, pester contre la jeunesse, dénigrer la modernité, mépriser tout ce qui bouge trop vite, trop fort, trop haut, et trop souvent. L’une de ces mamies est surnommée Mamie-Néné. Rien à voir avec des lolos en bonne et due forme : c’est un raccourci familer de son nom de famille. Bref, c’est elle que je préfère. Elle est assez marrante. Elle se promène toujours avec ses chiens. Deux petits chiens. Caniches or something like that. Ils font pour ainsi dire partie du personnage. C’est une extention de personnalité. Les enfants jouent avec. Parfois ils grognent, mais ils ne sont pas méchants. C’est juste pour s’amuser à faire peur. Alors Mamie-Néné les rabroue en gascon : " N’es pas braï, milo dious ! Qué soun pecs aquelos cans, ou qué ? "
ABEL BOURGUET |
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