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Ses longs doigts d'azur…
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 Article publié le 12 mai 2010.

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Ses longs doigts d’azur…
Jean-Michel Guyot

Allongée dans l’herbe fraîche, en haut de la colline, elle caressait de ses longs doigts d’azur un nuage blanc qui s’attardait au-dessus de ses seins, dans le ciel vibrant de juin… Le nuage cotonneux s’effilochait, s’éparpillait en flocons neigeux, qui retombaient mollement sur ses seins roses. C’était un jeu qu’elle avait attendu tout le printemps…

L’hiver venu, elle était restée allongée des heures durant sur son canapé, devant la cheminée. Le feu accompagnait sa lecture. Un doux ronronnement flottait dans l’air. Quand elle était lassée de lire, elle se dévêtait prestement, s’allongeait nerveusement sur son canapé en calant sa tête contre un bon coussin de laine. Ses doigts avaient palpé ce livre ancien qu’elle relisait toujours, l’hiver venu. Maintenant, réchauffés par sa lecture, tout près du bon feu qui cheminait jusqu’au ciel, ses doigts couraient sur son corps alangui.

Elle commençait par caresser ses seins pointus. Les mamelons avaient durci à la lecture du livre. Elle avait senti son sexe se gonfler, puis s’écarter au fil des pages de ce livre ancien qu’elle aimait pour le froid qui en émanait, un froid qu’il fallait vaincre avec ses yeux et ses oreilles, son cœur et son corps, dans un corps à corps avec l’impossible.

La haine de la poésie avait été son premier titre, un titre obscur que l’auteur avait souhaité adoucir en intitulant son livre L’impossible

A présent, ses doigts couraient sur ses seins, descendaient le long de ses cuisses qu’elle frottait d’huile aromatique. Un parfum suave de cannelle et de citronnelle embaumait l’air de la pièce. Son corps achevait sa métamorphose.

Elle devenait cette colline qu’il fallait dépasser pour aller jusqu’à cette maison rouge où elle avait découvert, un été, ce qu’était le corps d’un homme dans ses bras, entre ses jambes, dans sa bouche, une bouche aux lèvres minces qui ne laissaient passer qu’un mince filet d’air…

Sur ses mamelons s’attardait un nuage blanc qu’elle caressait de ses doigts d’azur. Le ciel et ce coin de terre faisaient l’amour en elle, qui devenait azur et boutons d’or, verdure et vent mêlés. Ses mains se faisaient plus pressantes, s’enhardissant au plus profond de son sexe. Elles allaient chercher dans leur fouille visqueuse et odorante ce suc délicieux qu’elle léchait à petits coups de langue répétés.

Elle badigeonnait son corps de ciel et de verdure, l’essuyait avec un nuage, le renversait d’un coup de vent violent. La mer et son ressac vivaient en elle de riches heures dans son corps vibrant sous le ciel de juin. Elle ne se lassait pas de goûter les reflets changeants de son corps kaléidoscopique. Quand la soif la prenait, elle se laissait aller à boire une liqueur douce-amère préparée avec des herbes et des plantes.

Elle buvait dans un verre de cristal qu’elle brisait net dans ses doigts pour que du sang coulât le long de son poignet droit. Elle caressait ses seins et puis son sexe avec ce sang de soleil. Elle jouissait longuement ; elle ne cherchait pas une issue trop rapide à ce plaisir qui lui venait d’elle. Elle s’oubliait dans ses gestes, refaisant le parcours de son cœur à son corps.

Toute cette solitude alentour, et cette colline qui émanait de son corps, bâtissaient une demeure de lumière que sa bouche peuplait de gémissements. Elle était à présent dans l’herbe fraîche de juin. Des sauterelles sautaient de droite et de gauche. L’une d’elle, parfois, s’attardait sur son ventre qui en frémissait d’aise. Elle recommençait le rituel de l’hiver en plein soleil.

Elle jouissait tout en repensant à cet homme qu’elle reverrait demain. Il la prendrait debout calée contre la rude écorce du chêne centenaire. Elle se préparait à la venue de cet homme de haute taille. Son corps exhalait un parfum de verdure et de noix fraîches.

Ses doigts d’azur, bientôt, laboureraient le dos de l’homme. Ils sillonneraient ses bras bruns. Ils prendraient son sexe pour en faire gicler la semence qu’elle boirait le moment venu. L’homme fouillerait avec sa bouche son sexe, à la recherche de ce goût de terre qu’ils aimaient tous deux…

Son anus, déjà, s’écartait pour faire place à ce dieu solaire. Pour l’heure, elle allait de l’anus au vagin, de ses seins à ses grandes lèvres, frôlant, triturant, malaxant les cris de ses plis. Frénétiques, ses mouvements ne cesseraient que bien plus tard, quand le vent du soir aurait fait souffler sur ses collines la chaude haleine des sureaux en fleur… 

Jean-Michel Guyot

 

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