Texte 01
La pluie a fait une ville
Difficile à aimer
Les sans-abri toussent
Et les rues
Prennent leur douche
Texte 02
On ne sait
Quelle l’heure il est
Dans le noir
Que l’on veut éventrer
Pour rejaillir
Notre retour au monde
Par la grâce
D’une lumière féconde
Texte 03
Nous qui avons acquis
La liberté de dire
Non
De lever la tète
Maintenant
On a tort de se taire
Pour le temps qu’on sera solidaire
Les mots nous emmèneront
Ainsi qu’un train
Hors nos siècles de décombres
Vers un lieu de notre premier âge
Que nous reconnaîtrons
En y arrivant.
Texte 04
Sous un pan de mur
Ma mère
Se réchauffe
Devant un feu éteint
Un peu plus loin
Entre les ruines
Mon père joue
Avec des boules de neige
Sans qu’il y ait neigé
Mon dieu !
Ils sont restés jeunes
Il me faut prendre soin d’eux
Quand je n’ai pas de maison
Il me faut les suivre
Et hélas !
Il y a longtemps
Qu’ils sont repartis
Me laissant courbée sur ma soif
Même si c’est difficile
De les rechercher
Je crois enfin aux anges
Texte 05
Mon regard ayant traversé ton corps,
J’entends la mort renoncer à tes yeux.
La vie, sous un tapis de feuilles,
Ouvrir le livre du soleil.
Mon âme sur ta bouche avouer sa parole.
Ce silence sur l’herbe
Texte 06
On hâte le pas
Le vent aux talents
N’entendant guère
Les poursuivants tenaces
Aux voix confuses
qui nous font signe
De rebrousser chemin.
Déjà deux heures se sont écoulées
Et nous voila
En terre promise
Son parfum envahit
Tout ce qui nous entoure
Dans une maison comme un lieu saint
Abandonnée
On s’allonge
On guérit
sur ses murs effondrés,
Par la seule joie
de l’occuper de plein gré.
Texte 07
Si notre histoire s’arrête
sans avoir été dite
De qui et de quoi
Avons-nous hérité
Cette hypocrisie
De faire semblant d’être vivant
Grâce à nos essoufflements
Nous tenons debout dans l’impasse provisoire,
Sous haute surveillance,
A l’affût
Texte 08
Plein été
Le figuier boit
Son ombre
L’eau de fontaine
N’irrigue
Plus ses racines
Les hyènes
Tiennent sa gorge
Rien que pour le voir nu
Alberta le 14 avril 2010