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Article publié le 27 mars 2004. oOo Je les aime -mes héros, mes pauvres gens- parce que j’ai arrêté mes regards sur leur misère, fourré mes doigts dans leurs plaies, essuyé leurs pleurs sur leurs barbes sales, mangé de leur pain amer, bu de leur vin qui soûle, que j’ai, sinon excusé, du moins expliqué leur manière étrange de résoudre le problème du combat de la vie, leur existence de raccroc sur les marges de la société, et aussi leur besoin d’oubli, d’ivresse, de joie, et ces oublis de tout, ces ivresses épouvantables, cette joie que nous trouvons grossière, crapuleuse, et qui est la joie pourtant, la belle joie au rire épanoui, aux yeux trempés, au cœur ouvert, la joie jeune et humaine, comme le soleil est toujours le soleil, même sur les flaques de boue, même sur les caillots de sang. (Préface de l’auteur pour La Chanson des gueux) De mon temps, on ne supporte plus la misère, du moins le spectacle dérangeant qu’elle donne. On préfère la pétrifier dans les neiges d’antan, l’agenouiller derrière des palissades qui affichent le bien-être, qui vantent les mérites de l’opulence, qui crient toutes les formules du bonheur aux gobeurs consommés ; on préfère l’emmurer... -Qui ça, la misère ? - ...l’emmurer, la banlieusariser, la mettre hors de la vue d’une autre misère. Faites taire cette gueusaille et ses orgues barbares, on n’entend plus nos Marseillaises, nos Républiques, nos fanfares, nos slogans, nos trompettes renomméés, nos angélus, nos prières apprises, le charivari de nos magazines et des stades... Faites taire la voix publique, la voie publique, le carreau, la dalle, les parvis !... Faites taire ce Richepin, Jean de son prénom, ce poète anachronique ! Jetez-le aux oubliettes ! Jean ! Jean ! Jean, attends-moi ! Allons boire un coup, j’ai du sable à l’amygdale ! (Robert Vitton) PAUVRE RICHEPIN Mes vieux habits montrent la corde Mes vieux habits montrent la corde Mes vieux habits montrent la corde
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