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Revue d'art et de littérature, musique
Revue en ligne

jeudi 25 avril 2024

Directeur: Patrick CINTAS
Vicente Huidobro

Jugamos fuera del tiempo
Y juega con nosotros el molino de viento
Molino de viento
Molino de aliento
Molino de cuento
Molino de intento
Molino de aumento
Molino de ungüento
Molino de sustento
Molino de tormento
Molino de salvamento
Molino de advenimiento [...]

« Los verdaderos poemas son incendios. La poesía se propaga por todas partes, iluminando sus consumaciones con estremecimientos de placer o de agonía. Se debe escribir en una lengua que no sea materna. Los cuatro puntos cardinales son tres: el Sur y el Norte. Un poema es una cosa que será. Un poema es una cosa que nunca es, pero que debiera ser. Un poema es una cosa que nunca ha sido, que nunca podrá ser. Huye del sublime externo, si no quieres morir aplastado por el viento. Si yo no hiciera al menos una locura por año, me volvería loco. » Altazor.

 

 

1. Édito - Analectic Songs - Trois personnages au carré
Je sais bien que la mode est au poème qui dénonce. Mais les guerres et autres ignominies sont plutôt appréhendées par des poètes qui ne les ont jamais vues d'assez près pour ne pas manquer de pertinence. Leurs poèmes sont des œuvres d'imagination écrites sous l'influence de ce que les médias et leurs interprètes communiquent à longueur de temps chez qui laisse la porte ouverte à ces flots d'informations plus ou moins fiables. Tout cela change la poésie, certes. Mais en quoi ? Pas forcément en poésie... [Lire la suite...]


2. Les auteurs du mois
Alexandra Bouge - Fahredin Shehu - Joseph Edgard Célestin - Miloud Halbouche - Patricia Laranco - Guillaume Decourt - Patrick Aspe - Paul Kana Nguetse - Rolain Delinois - Víctor Montoya - Christiane Prioult - Daniel de Culla - Ettore Janulardo - Jean-Michel Guyot - Sébastien Ayreault - Oscar Portela - Rolando Revagliatti avec Mónica Angelino & Andrés Casciani [Lire la suite...]


3. Prix du Chasseur abstrait 2011
Les livres sont disponibles en librairie. [Lire la suite...]

4. Margo OHAYON - SPIRALE

Première partie - SPIRALE

Deuxième partie - ÉCRITS

 

 

Numéro évolutif
à visiter de temps en temps

La RAL,M elle-même est déjà, depuis sept ans, un travail évolutif. Chaque rubrique, chaque espace de ce site est évolutif. C'est d'ailleurs l'intérêt primordial d'un hypertexte : évoluer sans cesse et indépendamment des questions de temps et d'espace qui ruinent les dispositifs en papier et en ondes. Les nostalgiques de la plaquette et les éducateurs de l'esprit, trop souvent éditeurs ou médiathécaires, sont un peu perdus dans ce monde qui n'est pourtant pas si nouveau puisqu'il préexiste depuis longtemps : il n'est qu'une des nombreuses applications de la fonction créative (on la dit quelquefois « poétique »). Quelques auteurs ont souhaité étendre leur travail aux sommaires de la RAL,M. Voici Margo Ohayon, poète.

 

 

 

SPIRALE

par Margo Ohayon elle-même

en prévision de la publication des œuvres complètes
chez Le chasseur abstrait

 

illustrations de Valérie Constantin

 

Comme Valérie Constantin le mois dernier (nº 69), Margo Ohayon nous donne à voir la construction de son œuvre. Travail éminemment éditorial, intelligent et courageux, auquel un auteur doit impérativement s'atteler s'il souhaite paraître tel qu'en lui-même. Ce qu'on va lire ci-dessous sera publié dans le RALMag nº 6 à paraître prochainement. Le tout est mis en ligne dans l'espace de la RAL,M réservé à ce poète révélateur qu'est Margo Ohayon.

 

 

 

PREMIÈRE PARTIE - LA SPIRALE

par Margo Ohayon elle-même

 

 

 

I - LE RIEN

 

« Le rien » donne naissance à un ressenti du vide qui engendre la prise de conscience d'une forme de la vacuité. Un état sans objet occupe l'espace du poète. Il est dans ce qui précède une attente à venir. Il se situe avant la formation de la spirale, dans les souffles de particules, les lueurs gazeuses, les impulsions imprécises, les postures originelles de la matière. Dans l'informe il est en puissance, nébuleux, protégé. Des enveloppes nombreuses le laissent en sa brume intermédiaire, indéfinissable. De ténébreuses luminescences, où les noirs d'une flottille d'obsidiennes veillent sur ces splendeurs qui se profilent dans leur non encore advenu, au large des côtes d'air et d'ombre d'une mer de la félicité. Ici, séjournent les coffres clos des apparitions ultérieures.

Le poète arrive au monde vide. Plutôt que de s'anéantir dans l'absence d'un état vacant, il en fera quelque chose. Cette résolution, de ne pas se maintenir dans l'inutilité, le modèle imperceptiblement jusqu'à une attitude d'accueil. Une kinesthésie la lui indique naturellement. Cette position antalgique contre un mal d'être, au lieu d'aboutir à un recroquevillement sur soi, s'achève par un déroulement corporel.

De cette sensation opiniâtre du néant, d'une stérilité invincible, l'accablant  du poids de l'inertie, il fera une porte qui s'ouvre à tous les courants pour que les souffles s'y engouffrent et comblent ce vide. Ce qui longtemps fut un obstacle lance une bombe. Elle fracture les verrous de sa vie, fait sauter les gonds des coffrages qui l'enserrent. Le voilà dans d'explosion, déchiqueté, pâle doublure d'Orphée. Il lutte maintenant pour retenir les lambeaux de son vieux corps, qu'il voit partir en morceaux, comme lui-même, alors qu'un corps indemne, sa peau aussi lisse que celle d'une nouveau né, a déjà investi son sein sans crier gare. Il se gonfle de neuf qui prend sa place. Pour l'agréer il se retire.

Ce nouveau spleen, ce mal de la vacance, cet exil le projettent dans des terres glaciales aux tonalités froides que cernent maints régions forestières, où des futaies d'indifférence s'étalent à perte de vue, n'offrant pour tout bruissement qu'un silence d'une profondeur tellurique, angoissant par son éloignement des frontières supportables de la perception humaine. Il entend jusqu'à  la surdité. Le silence lui crève les tympans. Il apprend à reconnaître ce réel sans altruisme d'une matérialité incontournable, qui dresse devant son envergure de fourmi les murailles d'un monde géant souterrain, citadelle fortifiée d'un envers. Le retour de vagues prêt à l'immerger durant ce rêve  reflue pour venir se mettre à niveau du rivage, la chaleur l'immobilise en un bien-être soudainement. Les souffles viennent à lui en sens inverse.

Il les retourne en une attirance du plein pour le vide.

Le poète comprend dans un éclair que le mal de la vacance est une grâce, le fil conducteur. Il est le sens. Inutile d'en chercher un autre. Le flux part de là et dégage par là. Il aimerait aller plus loin, trouver d'autres raisons de s'étourdir, mais tout est ici. Il tient entre ses bras un tout. Aussi extraordinaire que ceci paraisse il met le doigt sur un trésor spirituel. Les secrets sont multiples, une seul se loge dans ses paumes. Ses paumes accolées sont sa finitude, la coupe qu'il  lève vers le monde en partage, modelée en creux par la chair qui connaît mieux que les songes la  limite naturelle de ses confins. Elle contient les souffles réunis en leur aérienne consistance que rien ne dénature, n'entame. Elle redistribue une sagesse instinctive d'où émanent les senteurs exotiques de son exil. Cette illumination étant, il va la forger de ses poings en un objet à faire palper. Ce n'est pas le « ne pas toucher » des vitrines mais « allez-y, touchez » cela ne risque pas de s'envoler, cela est. Un voile de la séparation, propagateur du doute dans un esprit aiguisé, serait-il, même transparent, est ôté de devant la nudité radieuse.

Sous le chapiteau illuminé d'un cirque, le suspense du roulement de tambour oriente l'attention vers la piste circulaire. Au centre le rien invisible circonscrit un point d'appel. La seule façon d'en rendre compte est de dire l'attrait primordial qu'il exerce sur le poète. Des lames en éventail ne sont plus qu'un enchaînement de volets articulés qui se resserrent vers lui, pupille quand elle reçoit une lumière extérieure trop forte. Mais, la lumière, en ce cas, viendrait de l'intérieur de l'être, piégée par son mystère. Cette lumière à bas bruit prépare l'homme à son essor aérien, le baigne dans la nuit d'un cosmos grossissant les eaux de sa macération, où il se nourrit des composants indispensables à sa jeune constitution.

Le poète découvre sans le savoir la vacuité — il ne le peut en effet car elle réside dans la niche qui a pour caractère de n'être pas, plus propre à la femme, portant l'empreinte d'un petit d'homme, prête à le recevoir, symbole vivant en sa matrice d'un dehors, qu'elle vit avant de le concevoir tant charnellement que psychiquement. Par cette fonction elle serait mieux disposée à dire la vacuité, de la sorte dire le silence — Une vacuité qui se traduira d'abord par une panique face au rien. Il passe par cette épreuve de l'anéantissement de tout ce sur quoi il tablait pour être. Est-ce la prescience d'un soi, est-ce le début de la dissolution d'un moi ? Il n'a pas de connaissance pour mettre des mots qui seraient des parapets contre le vide, des frontières rassurantes quadrillant l'illimité, protectrices d'une inspiration affranchie des barrières.

Il va disparaître, soufflé par l'esprit qui fera de lui ce qu'il veut. Table rase il achèvera en lui, lui faisant mordre la poussière pour qu'elle dessèche sa langue. Le poète, nettoyé de part en part, pâte à papier blanchie, en réception totale, se couche dos à terre, la face tournée vers un ciel terriblement bleu, vers ce qu'il a de plus cruellement beau, sa couleur, qui l'arrache à sa cécité native. Il fait face à un gouffre de glace, ébloui, se fige d'effroi.

Les racines du langage ne lui seront pas transmises. Il sortira de son aveuglement sans de quoi s'ancrer nulle part. Les mots n'auront pas d'étymologie. Ils seront juchés sur des orbites creuses, des ossuaires, des tombes. Leur révolte fumante se gravera à même sa peau. Le poète naîtra des animismes physiologiques, où se préparent, sous le couvert de géants arbres fougères, à germer les lianes légères d'un  balbutiement de la spiritualité plongeant au cœur du cannibalisme. Il servira de miroir aux ancêtres qui repèrent en lui un spectre humain apte à recevoir leur rayonnement, un après l'autre. Des totems encerclent le poète remuant qui danse.

Il subit l'excision, la mutilation initiale sur ce même pour quoi il vient au monde, qu'il ignore car elle lui est confisquée à sa sortie du corps de la mère. Désormais en lui sont sculptés les absents, ceux qui eussent pu lui transmettre les fontaines de joie du verbe auxquelles la vie le désigne. Le voilà pris dans l'histoire avant même d'avoir pu prononcer une parole. L'histoire lui enlève son pagne de clown qu'il revendique pour sa vraie peau, lui enfile à la place la bure de cendre. Le poète dépris de quoi que ce soit, se considère, dénudé par l'esprit.

Il consent à ce dépouillement empreint d'un merveilleux mortifiant qui le sidère. Le biologique trouve en lui, à disposition, le bon support sensible où s'inscrire.

De l'acceptation le poète passe par un état d'abandon. Révolté, il se rend, ôte une des cilices de force offensive qui l'enserre. Il cède au torrent d'un pan de mur qui lâche. Anéanti dans le rien il s'effondre sur lui-même, passe par une phase intermédiaire entre le cadavre et l'épave. Tout apparemment le laisse inerte, dépourvu d'un espoir de revivisence. Il porte en lui les signes mimétiques du parfait post mortem. Il s'estime occis, immatriculé comme ses semblables dans une des fosses ou sur le haut d'un des charniers du temps. Tel un insecte, ses pattes repliées, s'immobilise par instinct de  sauvegarde, il attend pour repartir un retour du coma où il végète, bienheureux exempté. Soudain, alors que rien ne le laisse prévoir, de sa dépouille il rejaillit, casse neuve prête pour recevoir les caractères que l'esprit décidera d'y mettre.

 

 

II - LA VACUITÉ DU RIEN - LA CADENCE - LA FORMATION

 

Est-ce un miracle dans la succession des récits que la mémoire populaire transmet de génération en génération, ces scoops d'un événement redit, une rengaine, un air entêtant, un dicton fredonné ? Dans le merveilleux légendaire, ce qui se transporte depuis la première trouvaille d'une coquille de nacre aussitôt offerte à une femme — nu de la nativité, alors que le sexe se confond sans tabou avec un rituel nécessaire à la perpétuation de l'espèce humaine aussi en danger hier qu'aujourd'hui dans des contextes différents — le joyau irisé,  posé dessus, qui sublime ses contours adipeux ?

Dans la suie l'être macère, traverse des ères successives de millions d'années de métamorphoses. A la fin le mystère s'empare de la seule cellule que l'être n'a pas expérimentée au cours de ses pérégrinations eschatologiques. Près de lui le mystère l'assigne à s'asseoir. Par hasard, on l'y retrouve un jour à ses côtés : L'être a bien dormi, il se réveille après sept ans ainsi le répète la chanson, un saint le libère de la huche où l'esprit le tenait enfermé. Il est devenu une boule de pâte à pain humide. Rafraîchi par les moussons de rosée, adepte des averses de jouvence, il se renouvelle en sa donation solaire. L'être latent reposait. Il a attendu, inoccupé, en friche.

La vacuité est une sorte de jachère.

Elle est un repos métabolique qui permet au sol de se reconstituer; une disponibilité, un sens de l'inutile. Elle se nourrit des caprices du désir coulés dans le suc des tiges, des racines, des graines, des pétales multicolores. Un réservoir se forme. Sur l'herbe des végétaux sauvages migrent, actifs sur ce terrain vague en passe de renaître en patchwork. La tentative fruste se profile d'un rassemblement des énergies manifestées sous divers aspects qu'illustrent les hectares écossais, les damiers pigmentaires. Une tartan se déroule dans les couloirs venteux des ondes dévidées en maintes directions versatiles.

La vacuité est ouverte à tous les vents. 

Ils s'y engouffrent, irruption intempestive dans un réel, où des montées de la sève dans les hampes, des emportements de la houle cyclique ne laissent rien prévoir des champs qui passent de leur identité herbeuses à des mini-cyclones essaimant des verses , des ordalies du vent : que de crissements de ramées, de craquements des pailles. La paisibilité éternelle d'un panorama végétatif s'emballe en des courses circulaires, un retour de cadran, un marquage des renversements à venir des voltes qui martèlent le temps. La cadence escorte ces bouleversements diluviens, elle imprime ses révolutions, cote les règles de graduations inédites. Elle impose au désordre le tempo de sa toute puissance régulatrice même des chaos extrêmes. Le tohu bohu ne lui fait pas peur. Rien ne l'atteindra dans sa propulsion intérieure qui, de n'importe quelle façon, s'effectue. Elle agit sur les bords de la toile le monde prend place en son berceau extensible, qui d'un coup s'étend, d'un coup se rétracte, ainsi bondissant par une mobilité spasmique dans les univers de l'immense.

Elle anticipe déjà les murs du son, du photon, du corpuscule, franchis les uns après les autres au rythme de son pendule balancé par un geste auguste du semeur au dessus, à plat, en dessous, à travers les charivaris accidentels en sa constance cadencée. Le mouvement triomphe des accrochages dérisoires, qui ne freineront la marche des temps que dans la conscience que l'homme s'en fait, par les questions qu'il se pose, contre lesquelles il bute. Redevenu humble il progresse à l'abri de sa perpétuité. Toutes les fautes sont possibles, infailliblement elle absorbe les grains de sable qu'il laisse derrière lui en son cheminement vers la connaissance. Tout reprend place à chaque interrogation. L'homme bouleversé revient se mettre au garde-à-vous sous la cadence ou s'y étendre pour un sommeil, en toute quiétude.

Demain il fera jour. Le soleil dépassera l'horizon, éclairera le noyer au milieu du champ. La cadence bienfaitrice, amoureuse du plus petit au plus grand, ne fait pas cas des différences, des valeurs, des ratages, des griffures qui ne seront jamais que des graffitis sans conséquence sur l'apprêt de sa toile dont elle emmaillote tous les nouveaux nés, sans discrimination ou étiquetage de dates Chaque nativité prend place à côté de l'autre. Elles sont autant de cocons alignés dans la pouponnière des êtres en croissance, présentées simultanément aux principes spatiaux naturels. Un panthéisme  redécouvert assigne de les mettre sous les influx favorables, réparateurs des grands maux, cataclysmes, qui suivront jusque dans les replis de l'espace, la mémoire des hommes hantés par leurs erreurs passés, qui laissèrent, dans cette nuit des temps ré initiée, des pans entiers d'humains à la sortie des usines à fabriquer des morts.

La cadence emporte les hommes dans sa traîne poussiéreuse d'une lumineuse rythmicité qui prodigue son énergie, où certains plus exposés à un de ses rayons le répercute sur d'autres moins éveillés, somnolant dans les limbes. Leur éclat les extrait de la léthargie. A l'origine de toute chose la cadence est la fertilité qui fauche de sa lame translucide les astres, les récolte, les met en gerbes, les engrange dans ses greniers de la conception, dont elle détient seule les alpha et les omega de leurs formes. Elle magnétise de son œil corpusculaire quiconque la fixe. Souveraine elle régit, insuffle le vivant, meut le moindre atome. Revêtue d'un pagne cousu d'astéroïdes elle invite les athlètes, une fois entrés dans la ronde dansante, à maintenir les bords d'une fontaine intarissable où le rayonnement fut.

Aux abords de la vacuité toujours en attente, la cadence, source de joie, par son déhanchement érotique, aborde le cosmos. Grande séductrice elle repousse les pans d'ombre en dévoyant les  influences néfastes sur eux, qu'elle aiguille vers les courants nourriciers d'un retraitement en permanence des poussières insignifiantes qui lubrifient, de leurs scarifications visqueuses, les moindres interstices preneurs des résidus infinitésimaux.

La vacuité accueille l'imprévisible.

Les  constellations les plus inattendues s'en rapprochent qui, de près ou de loin, gravitent autour. Elles sont les lignes directrices de la vie, les bras circonstanciels où s'accroche l'être.

Le voilà pris dans la  spirale. Des électrons se positionnent. La vacuité l'entraîne. Il perd la notion de possible que lui assignent les limites de son organisme. Des causes agissantes l'enrôlent, balle de rocker qu'elles se repassent de volute en volute, de spire en spire. Il swingue, il tangue. Une valse s'accélère. Il se déporte, le tournis s'en empare, qui contraint ses membres à s'adapter aux changements de son existence. Il n'a pas le choix de sa destination. Le grand souffle, fils de la cadence, le canalise. Il sait vers où prendre avec lui l'être, que sa volonté de vivre excentre des amas agglutinés pour débusquer le pôle d'amorçage à un nouveau départ. Il le charrie dans des zones du cerveau, où sa conscience ose fouiller dans le micmac d'un réseau de thalles confus, lichens de pensées déshydratées, herbier d'idées sinueuses. Il les dégage pour qu'elles remontent, poussée dentaire, dans la  mâchoire des énergies préalables à une formation en soi, qui  s'exhibe à l'être dans sa blancheur nivéale.

Il touche des pieds la formation, la frôle de ses douces mains d'etre en recherche. De sa langue il goûte, la faisant claper sur ce qui constitue. Est-il un vautour introduit dans la matière grise dont il se repaît, ou un oisillon déplumé qui réclame beaucoup pour croître ? L'être s'aventure à l'endroit où le souffle, à la merci des charmes envoûteurs de la cadence, le dépose parmi les parfums boisés du rêve, les essences d'une idylle entre le réel et l'imaginaire, l'amour trompeur des offrandes chaloupantes, autant de femmes en leurs courbes, autant de mères onduleuses qui penchent sur la naissance leur visage clair. Elles déchirent le voile d'une semi clarté, apparaissent à l'être, filles du regard mitigé de l'esprit qui sourit en filigrane, jamais ne s'esclaffe, ne se distancie ou ne s'avance, présence bénéfique en sa flottaison royale. L'être sur ce terrain, préparé par les causes agissantes,  circonvole plutôt qu'il ne marche, creuse, avec les reliefs, son sillon qui prend sa part de la formation, y participe.

Ainsi est-il conduit sur les bords à suivre du canal de l'imaginaire, évité depuis longtemps pour ses dieux et ses déesses déchaînés dans les  bacchanales. En réalité, le poète ne fait que consolider, par l'écriture, les remparts des châteaux de sable tiède que l'océan des images avale, forteresses dressées dans les dédales de l'âme, sans cesse reconstruites devant la mer, qui recommence la lente dévoration de leurs contreforts par des vagues obéissant aux périodes de recyclage d'une loi qui ne fait pas cas des œuvres des bâtisseurs.

Le poète s'applique à prévenir ce risque de dévorement par l'imaginaire. Il apprend dans les secrets d'une longue patience à sécréter un ciment scriptural, fait de sang, d'humeurs, de sueurs, de musc, qui permet à l'écriture de ne pas céder aux séductions des mille œillades, aux élixirs versés par des envoûteurs, à l'ivresse du fantasme. Pour parvenir à un tel mortier, il fuit ce qui le détourne de l'attention que le savoir-faire exige, seul garant de la teneur d'une écriture qui résiste à l'imaginaire, tout en se laissant bercer par ses vagues captivantes, nécessaires, incontournables.

Un fois assuré ce barrage contre une inondation par les images, construit le parapet face à l'abîme qu'elles ouvrent, renforcées les armatures retenant une destructuration du langage par leur débordement, il s'abandonne enfin à elles, nombreuses sur le parvis des mers. Il accoste leur pente glissante. De toutes parts un bardage le prémunira d'une chute irrémédiable. Empêché par des liens, il est prêt à écouter le chant des imagières.

L'être a bâti, plutôt par souci de se sauvegarder que de recherches ultérieures, une ossature dont les arcs-boutants le mettent fortuitement en contact avec la formation. Il se familiarise avec cette zone vierge,  terra incognita, en prend les moirures, les reflets. A la longue il ne se distingue plus des corpuscules qui la remplissent. Il est dedans, indissociable, inclus. Il va, simplement lui-même, se mettre à exprimer ce qu'il vit dans une langue première, saisie aux lèvres de la femme  gonflées du lait de la terre, de ses substances nutritives dont les sucs en offrent les caractères indélébiles. Chaque homme est un sage, chaque sage un philosophe qui hisse l'être sur ses épaules pour qu'il pressente plus avant dans les chaînes de la végétation, dont les tresses, les entrelacs, les croisements schématisent les voies empruntées par la formation.

Pour marcher dans ses pas le poète, inclinant son buste, dit merci, ce proclamant, il parle au plus près de la formation. Non séparé d'elle il remercie de ce qu'il lui est donné d'en ressentir. La formation de très loin qu'elle était devient si proche qu'il ne lui sera plus possible de prendre ses distances avec elle. Il a la tentation de l'écart pour mieux la contempler de sa  taille  humaine,  la deviner tout enveloppée qu'elle est de ses voiles bleus, en bas, en haut, dans l'infini où elle suspend le sommet que d'autres chercheront en vain à observer dans ses outremer en abîme qui font tourner la tête. Il a le désir de l'embrasser, là encore, y parvenir, il ne le peut. Sa chair colle à sa chair, ses yeux sont dans ses yeux. En tel état, lapin hypnotisé par les phare d'une voiture en pleine nuit, il perd sa capacité de courir. Par ses prunelles de céramique, incrustées d'ébène dans du lapis lazuli, la formation le maintient en sa condition d'homme qui ne pourra se diriger vers elle que dans la passion du retour d'être par son intercession. Ce retour décapite en lui toute tentation d'un mal de vivre, vieux spleen mis au rebus, qui ne subsistera que dans les œuvres de ceux qui surent en faire, par leur génie, une mine où puiser des échappées devenues des parangons pour ceux qui leur succèdent.

L'être privé  du support ancestral, à l'origine de sa structuration, remis en cause  par trop de barbarie, reste cependant génétiquement prédéterminé. Il tend vers la recherche d'une table, où continuer à inscrire ce que des générations ont mis en œuvre pour produire des rejetons, aptes à prendre le relais de leurs jalons plantés au fil des siècles : trophées, alléluia, éloge. Mais, sans support, il ne le peut. Comme il se retrouve dans le monde, de ce dedans il fera son dehors, sa pierre où écrire ce que dans ses gênes on lui impose de graver, disposé ou non qu'il soit à  s'y résoudre. Il n'a guère droit au chapitre, il s'exclame, poussé par les morts qui l'utilisent pour revenir crier,  par lui, leur perturbation révolutionnaire d'avoir été offusqués suite à une inacceptable inhumanité. L'être dans ce tohu bohu exhumera l'hymne que les ancêtres, plus dérangés que des fourmis dans une fourmilière remuée avec un bâton, ont dans le désordre laissé se recouvrir de terre. Maintenant le monde est son tableau. Il procède au déterrement de l'hymne, puis à son transfert dedans, où il prendra place parmi les autres pièces du puzzle.

L'être, face à un questionnement ad aeternam sur la formation muette, trouve, dans une lueur de soulagement, le remède à son angoisse métaphysique : d'abord dire merci, ce qui, en général, lui prend toute sa vie, le prémunissant des gouffres partout menaçants.

En symbiose avec la formation, le voilà tout penaud qui rentre dans le rang, chevalier preux,  reconduit à l'assaut du mur des couronnements qui se superposent en diadèmes emboîtés, tiare sur tiare en sa tiare, aux degrés des marches d'orfroi étalonnés sur un escalier incommensurable des sacres des soleils.

Il se repositionne dans le monde, s'y fond, fort de son expérience de serviteur courageux. Il a reçu  pouvoir de se faire caméléon polychrome, rampant sous les feuilles polymorphes, occupant des arbres d'essence multiple, fréquentant les galeries polyvalentes, exploitant les filons feuilletées. Il fait tous les métiers, s'essaient à des positionnements pour voir sous divers angle ce qui est, dont il ne peut se défaire.

De la formation, il ne comprendra jamais rien que par un mimétisme savant. Ses tours lui permettront de dissimuler à sa maîtresse, qu'à défaut de la connaître, il ne fait que s'offrir à elle,  orant en supination. Ces multiples masques d'explorateur qu'il revêt sont à chaque fois un axe qu'il tient dans sa quête d'en savoir un peu plus sur ce qui le dépasse. Chaque masque le ramène finalement à la même figure à découvert d'oblat. A sa question reformulée autrement, toujours la même réponse : le recueillement. En lui les angles du temps s'aplanissent, usés par des recommencements qui n'ouvrent que sur des renvois au soi.

L'être a gagné, non des réponses, médication à sa fièvre, mais la perception d'une dissolution du temps qui, perdus ses repères chronométriques, ne se compte plus que comme spatial, ainsi se résout. L'être s'y égare dans un ralentissement par trop d'immensité. Chaque ligne à franchir s'éloigne autour de lui. Les pieds dans des chaussures en plomb sont lourds à se dépêtrer, fixés aux rives de chaque pas, pétrifiés en plein rêve, où tous les muscles se paralysent alors qu'un feu signale de courir pour éviter les flammes. Une fois franchie cette ankylose, le temps, dans une seconde phase, quitte son caractère de butoir. L'être éprouve une libération. Il pénètre une autre dimension. Le temps s'abolit par la nécessité intérieure de résister à la pression de cette traversée des sables. Le cheminement du poète est si long qu'il ne le surmonte qu'en dominant l'impatience d'être plus amont.

Devant le décalage entre son impatience et la patience réclamée par des sabliers gigantesques, il n'a plus pour issue que de lâcher prise avec les repères du temps. Le voilà qui tombe dans l'espace, dedans, il ne voit que de l'espace. Pareillement il progresse moins la montre du temps. Dans sa recherche cette abolition devient un acquis qui lui concède une détente. Parfois, somnambulique, il marche ensommeillé. Le temps devenu espace extensible influe sur son état de conscience. Il n'appréhende plus la réalité dans son apparente évidence. Il la resitue dans ce qui, au delà, l'enveloppe, la prend avec en sa substance englobante.

Son corps et sa pensée circulent de concert par une plasticité répondant aux moindres modifications de cet espace. ses saillies se nivellent. La substance où il accède est meuble. Il réapprend à se mouvoir, apprentissage de la motricité après la nage, la marche.

Peut-être sa conscience est-elle entrée dans la formation où jusqu'ici il demeurait inconsciemment. L'impatience et la patience l'auront conduit à stimuler en lui cette perception endormie qui, peu à peu, refait surface, le trempe dans ce bain où il disparaît à la façon d'un peintre dans son tableau. Si la matière du tableau n'est plus alors de la peinture mais l'incarnation d'un cheminement spirituel, l'être aussi incorpore sa quête avec des mots en couleur.

Il se délivre en redonnant quelque chose de lui que la formation approfondit. Jusqu'à sa mort elle le poursuit, le devance, le déjoue, le malmène, le booste, le bouge, le surprend. Son habilité astucieuse maintient l'être dans l'ambiguïté d'un emprisonnement affranchisseur. Le don est son retour. Par lui il se libère d'une charge à chaque fois reformée de l'intérieur. Ce qu'il reçoit est que ce vécu ne le sera pas une fois pour toutes mais, au contraire, se manifestera sous d'autres aspects.

 

 

III - L'OUVERTURE

 

Le néant se change en un lieu disponible aussi vaste que le fut son non lieu. La disponibilité ne tient pas compte des critères du beau, du bien. Le poète extasié se consacre à un don de perception visionnaire reçu du monde. Ces étendues en expansion insensée englobent avec elles tout pour un pardon miséricordieux, une réparation universelle qui verse son baume balsamique, manne d'amour, en contrepartie d'un sacrifice de l'être déjà consommé à l'heure où il commence à le ressentir,    temps de latence requis. Tout est derrière lui, lui n'est plus que le devant vers lequel il court, le souffle de l'esprit dans la nuque pour qu'il ne se fourvoie pas.

Il écrit dans la conscience modifiée du néant, absorbe ce latex déversé généreusement par les bambous du désert, oasis de la providence, où se multiplient des coïncidences de flambloiement.        

Le poète subit une révolution mentale, la visière de son casque se soulève, il envisage le planétarium sans bordure qui va le faire se déplisser pour mieux l'admirer.

De l'imago, couleur sépia entre boue et cuticule, s'extirpe le papillon qui cache encore les « huit reflets » des dessins imprimés au revers de ses ailes. Un coquelicot à la fraîche se défripe. Sous un arc-en-ciel le poète désire cette trajectoire, lui aussi possède les cils vibratiles qui lui permettent de se déplacer, ébranle la rotation qui adhère à la gand'roue. Le voila articulé sur une pièce d'horlogerie spatiale, la spirale. Elle l'entraîne avec les autres engrenages démultipliés. Il est aussi capable, lui-même, de se mouvoir dedans à l'aide de ses cils en conservant son indépendance. Autonome, il vit le miracle de se laisser pénétrer par les mouvances giratoires, quelque part à une autre échelle.

 

 

IV - L'IMAGINAIRE

 

Le poète projette devant ce qu'il voit par la fenêtre qu'il a percé au dos de son cerveau. Il affronte le trou noir, celui que tout le monde refile à l'obscurité en son obscur. Obscurité, trou autiste, où se bousculent les remous de fonds aveugles.

Il ne cherche pas dans cette ouverture un imaginaire gratuit, dénué de sens, la perte d'une boussole, ni un intervalle, où raison et écriture automatique fusionnent au risque d'un trouble de l'équilibre, mais une autre appréhension de l'imaginaire : un imaginaire du noir total à la place du petit bonheur la chance onirique, un voyage prévu dans un noyau d'ombre enveloppé de son cytoplasme noir. Cet imaginaire là est structuré, il pourrait être l'envers de la liberté habituellement attribuée à l'imaginaire. Il est d'une espèce où conscience et réflexion font alliance pour extraire de ce noir, une à une, les poches structurales qui l'organisent, poches ouvertes d'où se déversent, ainsi les boulons d'une caisse à outils, les pièces les plus variées. Le poète travaille sur elles en négatif, penché sur des creux qu'il fait exister en les exprimant. Si ses yeux ne les voient pas, ses mains les tâtent, puis les moulent, avant de les mettre en bouche.

Il accède non à un imaginaire gratuit mais à un imaginaire du néant.

Enfin, le poète a trouvé la matière de son écriture automatique, celle qui ne serait ni le jouet des hasards ou de réactions chimiques du langage, mais prendrait corps dans une méditation occultée, dans le non révélé du néant, sous le voile de la maya. Il ne se lève que par une séries de détours impossibles à consigner sur un registre, ou à formuler dans un mode d'emploi. Le dévoilement s'accompagne d'une expérimentation intérieure de l'esprit. L'esprit mentor virevolte soudain, sa torche allumée, le poète à sa suite, tous les deux entrés dans la grotte du rien. Son néant est si ample que le poète se demande par quel bout il va débuter pour représenter ce que les feux de l'esprit lui en découvrent lors de cette descente.

Il a confiance, ce n'est pas à lui de décoller le film adhésif qui voile, une force efficiente s'en charge, permanente, fidèle à son être dans les tournants les plus cruciaux. Il lui suffit de se laisser tracter par elle sans lui imposer une orientation puisqu'il sait que la trame de fond est tissée. Désormais il a localisé en lui les fondements constitutifs sur quoi échafauder, tissus à retendre sur un squelette, des éléments disparates en circulation libre.

 

 

V - SURFER SUR L'IMAGINAIRE

 

Pour ne pas s'anéantir, il s'apprend à naviguer avec souplesse : sentir les ébranlements nés d'une dynamique, reconnaître que les espaces de flottement, où il ne capte rien, sont le matériau inerte intermédiaire, la résille du vitrail, pour tenir ensemble les actions qui animent la fresque que le flambeau de l'esprit balaie par intermittence. L'être est pris dans ce jeu. Planchiste, il surfe de surprise en surprise sur le néant. L'esprit, de sa torche, désigne dans un clair-obscur un coin du peplum. Le poète entrevoit un magma en activité. Il s'arqueboute, s'oppose à cette lave jaune et rouge, se retient pour ne pas tomber dans le volcan aperçu dessous en pleine poussée. Il déchiffre dans les flammes des ombres qui se profilent. Elles sont de l'écriture vive dans l'expectative, dont la lecture puis la transcription se font par séquences, rencontre d'une volonté intérieure avec un vouloir de l'esprit, qui président au décollement du ruban adhésif sur le néant.

Parfois, participe-t-il ou non à son décollement ? La force lui assure qu'il ne se perd pas, qu'il est en train de saisir ce film invisible. Il ne s'agit plus de tergiverser, mais d'empoigner la glissière que l'esprit suggère. Il s'en remet corps et biens à lui. Cet engagement dans le néant lui vaut, au moment de s'y anéantir, l'arrivée impromptue de l'esprit en temps et espace parfaits pour le sauver. Une conjonction s'opère aussi improbable que la rencontre de deux planètes.

De ce phénomène inespéré naît une révélation en train de se faire, saisie en son jet, sans recul avant et arrière possible, c'est là, dans l'instantané, que tout se joue, que, surtout, la bonne manœuvre pour passer sans chavirer dans le cratère s'effectue. Pareille concentration sur l'immédiat le détourne d'une appréhension susceptibles de provoquer le faux geste fatal. De plus, cet instinct de survie va enclencher un autre bénéfice : une meilleure acuité dans la perception de ce qui est juste à portée. Il pense sans brouillage. La vitre, balayée par l'essuie-glace de la concentration, restitue un champ de vue où le poète fait place nette.

Il atteint, à vue de sens, le point central, cœur du cyclone. Dans l'œil, il accède à des blocs de penser, s'applique à leur excavation, assis au volant rotatif des enchaînements spiralés qui lui permettent de voir, par retournements, à quoi ces blocs ressemblent. Ils sont à facettes noires  luisantes d'une dorure souterraine, piégée dedans

 

 

VI - L'ŒIL DE LA SPIRALE

 

Le lien entre l'œil et les blocs de penser se montre sans un rapport apparent avec ce que l'on entend ordinairement par un enchaînement. Il se présente d'une manière inconcevable. Il s'impose dans son état métaphysique. C'est à prendre ou à laisser. Il semble être le résultat d'une chaîne de calculs automatiques. Il propose en bout de maillons une équation, un égal à.

De l'incompréhension cet enchaînement passe, évidemment, à un état de fait. Le poète va le prendre au titre d'une hypothèse sérieuse, confirmée que le poète écarte de la possibilité d'être mis au rang d'une hallucination. Il la considère, apparition transitoire, giboulée, phénomène, comme seulement la nature sait en produire. Il ne la déclare pas inepte, ne la rejette pas,  s'en empare pour aller plus loin dans une confiance totale en l'esprit qui pourvoit.

Voilà une image posée : le bloc à facettes noires. Elles luisent d'une dorure intérieure.

De même dans l'immédiateté de ce bloc admis, verra-t-il, à portée, une figuration du ciel : un disque debout, tangent à lui, en sa bleuité.

Il voit. Il dit. C'est tout. Il prend ce que l'esprit fournit.

Le néant lui dicte la transformation engendrée par le balayage du flambeau de l'esprit sur les parois de la grotte. Le poète est pris dans un élan. Une même force motrice, qui entraîne avec elle les bras de la spirale, prend aussi, dans son sillage, d'autres écrits issus de la modification du poète lors de sa descente dans le rien, derrière son mentor Esprit. Ils sont de même nature, nés d'une pareille inclination pour le néant, quelque part dans le conceptuel, mais sur des parallèles à un autre échelon de la mathématique.  

Le poète n'est pas toujours en mesure d'analyser ce que le flambeau lui montre. Des pans du néant éclairé échapperont ainsi à sa mémoire. Ne lui en resteront qu'une impression d'éblouissement par des flammes. Il sent que, là, se passent des choses importantes. Il tentera à sa mesure, humaine et réduite, de les rendre au plus près de.

 

 

VII - EN PÉRIPHÉRIE DE L'ŒIL

 

Dans le néant l'esprit enseigne à l'homme la connaissance de sa présence, de la présence tout court qui lui tend la flèche directionnelle. L'homme prend ensuite le relais, une fois l'esprit évanoui. Il se souvient de sa présence, tâche d'y suppléer où qu'il soit, dans la nature ou dans le néant. Il devient le garant de cette présence, son gardien.

Le poète est renvoyé à son humanité. Il rendra compte de ce lacunaire que le rien lui fait subir, de son effet d'échappement qui pourrait l'effacer. Face au mur, le condamné n'a plus rien à perdre, il se jette par la fenêtre spirituelle pour fuir une menace de mort terrestre immédiate  Il pousse, ce faisant, un cri aussi automatique que celui du nouveau né entrant au contact de l'air. Ce cri contient en lui une épopée, perdue aussitôt le cri jeté.  Alors le poète cherche à la retrouver. Il y parvient à partir d'un ante cri (Festival off) généré par la spirale en rotation, ante cri que signale une balise, colonne, totem de la spatialité, jalon dans la vastitude localisant le cri épique qui va suivre :  une épopée de la parole.

Dans cette construction tout se tient spiralement sur des niveaux distincts de la conscience écrite.

Du lacunaire une épopée émerge, réponse humaine à un dépassement de tout par le guide du poète, l'esprit. Puis une absence de son mentor l'oblige, au cours de ses tribulations, à faire apparaître, pour la combler, « Les interlopes », épopée de la parole.

Ce qui en résulte est différent de ce que le poète attend, justement, pour cela, il se tient au plus près du spirituel. Lors de son passage aux côtés de l'esprit, l'homme, en dedans, est soumis à une transformation alchimique. Il devient un alambic de l'esprit, qui travaille en lui, pour qu'il rende son cri épique, jus spirituel extrait de l'homme.

L'épopée, bien que sans rapport apparent avec les poèmes épiques à travers le temps, se situe dans leur lignée. Elle ne relate plus des batailles, des événements historiques, des joutes politiques, des récits mythologiques mais une parole. Celle-ci magnétisée par la spirale en rotation s'approche de la sphère épique, laquelle, par attraction, l'absorbe, influx  gravitationnel sur une parole qui vient à passer un peu trop près d 'elle. Tout est relié, cette parole sans séjour, sans réponse à une commande, sans étude, sans objet apparent sinon l'urgence de dire, entre dans une lignée : Homère, Virgile, Dante, Le Tasse, les contes et légendes, le livre des morts, le Kalevala, Gilgamesh, les upanishads. La fortune l'installe lelong des piliers de la mémoire, et elle s'y tient.

L'épopée de la parole a été dirigée vers « ce qui relie » par une logique supérieure du spirituel. Le problème d'une mise en rapport des diverses sources écrites est, dès lors, résolu.

Le funambule des mots, dissident, se retrouve finalement au point de jonction de ce qui rassemble, en plein paradoxe de la séparation. Il pose question. Tout écart partirait en fait d'un centre en tant que conscience aiguë d'une appartenance à une source unificatrice.

Le poète est un flambeur, flambeur au sens de l'inventeur qui brûle tout son mobilier dans son four pour obtenir la bonne température de fabrication, permettant à une mutation créatrice dans la matière de se faire, à la spirale de se mettre en mouvement. ll n'est pas un flambeur fou mais porte en lui un projet de la mémoire dans la Mémoire. Il y a dans ses actes un ordre qui répond à un but, dont l'inconscient immensurable détient la logique.

En lui se tient une graine d'incendiaire. Il sème de ci de là des flammèches en vue d'un embrasement paroxystique de l'esprit. Le feu est nécessaire à un avancement spirituel qui ne recourt à ce qui relie qu'à un certain degré d'échauffement intérieur. Le passage par un état, peut-être « fou » eu égard aux témoins, est la marmite où, avec les joints tournés tous ensemble, le bateleur en rupture est intégré à son insu. Il s'évertue aux paroles du jongleur : « Jongler, c'est facile, essayez. »

De la sorte lancé il sait que désormais le sol se dérobera sous ses pieds, qu'il apprendra à expérimenter cet élément inhabituel. Il y  développera de nouveaux organes ou les modifiera peu à peu pour se tenir en équilibre sur les patins à glace des mots.

Le spirituel est ce qui relie. Le poète le découvre par un écart qui le ramène à lui. Il ne doit ce constat qu'à un ratage de sa détermination à partir loin de tout. Frère de Rimbaud, non avant mais après-coup, il a eu une pulsion vivifiante de la même sensibilité, certes bien à lui, mais qui n'est pas sans analogie avec  le « tourner le dos » rimbaldien.

 

 

VII - DESCENTE AU ROYAUME DES OMBRES

 

Parrainé par l'esprit le poète descend au  royaume des ombres, non des ombres passées mais des ombres futures. Il n'entre pas dans l'épopée mais dans la sœur jumelle de l'épopée : une épopée négative, épopée en creux que le jour éclairera à nouveau dans un temps programmé des grands cycles cosmiques. Il prépare dans les moules de la mémoires la nidification d'une épopée en attente dans sa ténèbre qui exerce un pouvoir d'aspiration préalable à sa prise de corps. Les moules pour permettre à une écriture abstraite de s'incarner sont préalablement scarifiés, scarifications où des particules sybillines pourront s'accrocher.

Ce qui est voué naturellement à passer dans le trou noir d'une absence de mémoire, servira au contraire de canal d'iconographie à travers ce trou noir, d'où ressortent une horde de gueux et leur poète dépenaillé, revenants gênants, déstabilisants, que l'on n'attendait plus ou pas au festin de l'empyrée entre le nectar et l'ambroisie.

 

 

IX - LA RÉVÉLATION

 

Le poète attend le souffle que lui inspirera l'esprit dont il dépend pour connaître la révélation. Tapi, il se tient réveillé, veilleur des ténèbres, dans un autre temps, une autre logique. Il est disponible, vacant pour être à même de faire de la place, d'accueillir la pluie de paillettes qui recouvrira sa vacance, avant de se dissoudre pour une vacance ultérieure

La révélation a l'apparence d'une façon de voyance. Elle est vécue non dans le retrait, une contemplation en soi, mais dans les instants d'un déplacement quasi magnétique d'une lacune à une autre lacune. Elle se vit en même temps qu'elle se dit. Le dire devient dès lors simultanément prédiction. Le poète écrirait ainsi sur deux plans :

Le réel qui est la rive où s'ancre une écriture abstraite pour s'incarner

L'esprit qui est déjà en avant ou au dessus dans une perception immédiate des temps

Lui, le poète, s'accroche aux deux pour accomplir sa médiation :

A gauche le monde

A droite les sphères du monde

Au centre le poète fait le grand écart, prélève un peu des deux, les ramène sur une scène qui serait la surface, où peuvent non seulement se jouer la médiation, mais encore la permettre et sauver une appartenance au monde.

De la sorte, le poète se situe dans la possibilité de réaliser une utopie. L'écriture n'est pas un rêve mais le truchement par lequel l'utopie se concrétise. Pour autant le représentable n'est pas un dogme, un système, mais un bref instant éclairé de la paroi du néant, rien qu'une parcelle phosphorescente dans le champ des interprétations de l'écriture.

L'écriture est au cœur de cette représentation. Elle est son principal objet. L'écriture du fond de son antre la propulse en pleine lumière.

Le poète plutôt que de rêver l'utopie la réalise par le truchement des mots qui prennent corps en s'accrochant à des aspérités du moule, passant de l'abstrait au concret. Il effectue un travail préalable de manœuvre, qui prépare son support de façon qu'il soit en mesure de retenir de la mémoire. Le poète est voué à ce travail de manœuvre durant tout le temps de l'écriture, sinon la prise sur le réel ne pourrait plus se faire.

L'utopie est le combat essentiel de l'être. Il est pour lui, d'une façon contradictoire, la seule chose qu'il concrétisera dans le temps de sa vie. Il est un ouvrier en bleu de travail de l'utopie, au plus près de la matière, des outils, des matériaux écrits, tablant sur ce qu'il tapote du bout de l'écriture.

L'utopie devient le contraire d'un envol mais la lutte, bec et ongle, qui donne naissance à ce rêve endormi, la spirale, dans son bloc de granit, en attente des mains qui le dégrossiront. Un homme entre en rapport avec un pays à redécouvrir, normalement inexistant, voué à l'échec, voire maudit dans l'opinion que s'en fait le collectif. L'utopie est la sorcière à chasser quand, pour le poète, elle est la perle à pêcher au sein du rocher d'obsidienne. Elle est la nacre et le noir. L'utopie devient l'épreuve que le poète surmonte. Elle confirme un vivant en lui. Cette nacre ne se formera que par les spasmes psychiques de l'homme en train de sécréter son utopie. S'il veut la perle il doit œuvrer, apprendre à utiliser des muscles psychiques au repos, ainsi pratiquer une greffe sur la spirale de l'écriture, où les irisations d'une perle à écrire pourront se fixer. 

Le poète brave l'utopie. A travers elle il entre en duel avec le vieil homme en lui pour l'évincer au nom de l'homme. L'utopie est une sorte de quête revisitée du Graal. Le poète la mesure ainsi que s'évalue la force d'un adversaire auquel on se frotte. Il ne peut que l'affronter puisqu'elle contient à ses yeux les germes vitaux d'un avenir possible.

L'utopie quitte son abstraction pour devenir, comble de l'abstraction, un objet abstrait projeté concrètement devant le poète. Il la sort d'abord de sa gangue par la pensée, l'épluche  comme on le ferait d'une banane, et tire d'une abstraction un objet charnelle à consommer. En matérialisant son désir d'écrire il réalise déjà une utopie existentielle. Elle démarre, là, dans l'acte de prendre la plume. L'utopie compose avec la réalité de l'être en tant que existant par le seul fait de la mettre en œuvre. Par l'utopie le poète fait aboutir l'être qui repasse de l'absence à la présence. Il n'a que cet outil intermédiaire devenu, en même temps, l'œuvre par une superposition de l'outil avec ce à quoi il sert. La main de celui qui tient l'outil réussit à sortir du petit le grand et à faire rentrer le grand dans le petit par un jeu des perspectives que les peintres connaissent bien. L'impossible advient. Dans la représentation s'affichent des pensées mises en scène au nom de l'utopie.

Margo Ohayon

 

 

 

 

 

DEUXIÈME PARTIE - ÉCRITS

par Margo Ohayon elle-même

 

 

Légende, par Margo Ohayon :

 

 

 

 

I - AVANT LE RIEN

 

LE SURRÉALISME

 

Alors la poésie me mène vers une forme de surréalisme spontanée. Je me laisse porter par un imaginaire.

Un jour suffit à l'âme émue  

pour voler haut, haut dans la nue,

sur un nuage animalier

que ne poursuit nul cavalier.

Elle entend les freux se disjoindre,

un beau vizir va la rejoindre.

Ses regards sur un cumulus

sont dissouts par un gros nimbus.

Le soleil habillé de voile

aveugle au zénith une étoile....

Extrait inédit

Aussi dans des lettres :

Vingt quatre janvier mille neuf cent soixante et onze :

« Au nom de l'harmonie,

la poésie du moi sera décapitée »

(roulements de tambour, éploiements de sabres.

Un rail rouge circule en terre).

Extrait inédit d'une lettre à André Pieyre de Mandiargues

 

 

LA DESCRIPTION

 

Devant l'imaginaire il me semble que je ne  l'affronterai pas sans prendre le risque d'y sombrer ou de me perdre dans une écriture gratuite dénuée de substance en profondeur.

Je me lance alors dans la description avec un souci de précision, soucieuse de la beauté des objets, de leur présence concrète.

Ce n'est pas une rupture mais une tentative de ré ancrage sur le réel.

 

« Dans un cristal transparent fleurit la tige lignifiée d'un arbuste. Ses fleurs blanches en fausses ombelles compactes, plus ou moins longuement pédonculées, s'en écartent. Des feuilles en languette à pétiole court poussent à la base des pédoncules flexibles. Singulier, un rameau de feuilles alternes, tronquées et dentées dans leur partie supérieure, se dresse, relais végétatif, distinct des ombelles. »

 

Extrait inédit

 

 

II - LE RIEN

 

 

Entre trop d'imaginaire et trop de réel l'être descend plus profondément dans les soubassements de la conscience. Il y fait la rencontre du rien qui accomplira en lui une révolution spirituelle. Après cette traversée initiatique du rien, il en ressort par l'autre bout sur l'écriture pour accomplir sa remontée vers un accomplissement existentiel.

Le rien serait une prise de conscience en soi d'une vacuité qui prend tout à tour des teintes de nihilisme, de crise dans l'inspiration, de mal être au monde.

Finalement je débouche sur la découverte intérieure d'un vide qui serait une grâce, un appel à  accueillir tous les possibles

Le Rien prend la place d'un centre. Sur ce noyau attractif viennent se greffer des bras distincts qui s'organisent en spirale

 

 

 

III - APRÈS LE RIEN

 

Chaque bras de la spirale entraîne le Rien, son noyau, dans une rotation.

 

 

NOYAU DE LA SPIRALE

 

LE RIEN

« ...A peine  réalise-t-il sa transformation dont la venue a lieu  furtivement. Les signes avant coureurs se produisent mais il ne devine pas, quand ils se font sentir, qu'ils indiquent un changement dont la brutalité est aussi forte que son annonce est sourde. A-t-il même le temps de se retourner ? Sans pouvoir anticiper la mutation il se sent autre irrémédiablement. »

 Extrait Le rien. In RALMag nº 5. Editions Le Chasseur abstrait

 

 

 

LES BRAS DE LA SPIRALE

 

RÉCITS

Flaujac

Les trois baies

Garabit

CONTES

L'oiseau de givre

Dépatouillard

SONNETS

Eveil face au miroir

Vie étrange

POÈMES

Visions

Le couvert de nuages

sur l'ensoleillement

disparaît,

l'infini éloigne

les murs de la chambre.

Il sonne,

courir à perdre haleine,

agitée une voix balbutie :

« Allô ».

Extrait Visions. Editions Associatives Clapàs

Saisons

A l'ombre du voir,

construction ou ruine,

le crépuscule

obscurcit les traces.

Extrait Saisons. Editions A chemise ouverte

Terre

La forêt est profonde,

l'agglomération s'étend,

au bois la cloche tinte,

en lisière l'avoine s'approfondit :

Evaluer la moisson ? Plus tard.

L'horizon entre les feuilles et l'air,

trop loin pour les yeux d'aujourd'hui,

s'efface, alibi du couchant.

Extrait Terre. Editions Encres vives

Echos

Le patron en blanc se tient sur le seuil où jouent les musiciens. Un visage auburn au soleil se tourne vers les consommateurs qui boivent un vichy-menthe. Lui, tel un bouchon sur les ondulations mobiles, flotte. Sa femme et son fils l'étreignent. Sous leurs baisers il vacille.

Extrait de Echos. Editions associatives Clapàs

Textes d'hiver

Le carillon dans la montagne émet un tintement. Sa vibration limpide en l'azur tremble avec l'abaissement du jour, qui endort la reconnaissance des ombres informes au sommet de crépusculaires hauteurs.

Extrait de Textes d'hiver. Editions Le nœud des miroirs

Les signes

Un triangle danger saillie d'arbres précède une allée de frênes jusqu'à une balise au col rouge. La ligne de pointillés blancs souligne un virage qui aboutit sous un signal indicateur d'une intersection. Un losange jaune vif surmonte le panonceau schéma figurant un Y. La route se divise en deux : une voie à gauche, la nationale prioritaire continue à droite.

 Extrait Les signes.
RAL,M. Editions Le Chasseur Abstrait

[Editions Encres vives]

POÈMES BREFS

Arc

Loin des moines

chantent des cercles

dont l'harmonie

les fait tourner.

Extrait Arc. Editions Encres vives

Panorama 2001

Les voitures disparaissent,

des passants s'enfuient

arrive un souffle

qui enlève les feuilles.

Extrait Panorama 2001. Editions Jean-Pierre Metge

Sillons

A l'arête du toit

un éclat de gel

reflète la lune

aux ailes brûlées

coupant la nuit.

Extrait Sillons. Editions Encre vives

Les mains

Le dos au soleil,

sa main en visière,

il note un faux pli

entre son ombre

et le sable.

Extrait Les mains. Editions Trames

APHORISMES

Filigranes

A l'angle du désir deux frères se battent

 Extrait Filigranes.
RAL,M. Editions Le Chasseur Abstrait

[Babel Editeur]

Les glaneuses

Voici l'air où cède la liane

 Extrait Les glaneuses.
RAL,M. Editions Le Chasseur Abstrait

[Editions L'arbre à paroles]

Quark

Quand l'intemporel s'épuise la patience prend le relais

 Extrait Quark.
RAL,M. Editions Le Chasseur Abstrait

[Editions associatives Clapàs]

Bribes

Un grain déstabilise l'écriture

 Extrait Bribes.
RAL,M. Editions Le Chasseur Abstrait

[Babel Editeur]

Poussières

L'écrit est le soleil noir de l'oral.

 Extrait Poussières.
RAL,M. Editions Le Chasseur Abstrait

[Editions Le nœud des miroirs]

ÉTUDES

Etude sur les Auteurs

 José Angel Valente. RAL,M. Editions Le Chasseur Abstrait

Salah Stétié. RAL,M. Editions Le Chasseur Abstrait

Etude sur les aphorismes

 A contre-temps. RAL,M. Editions Le Chasseur Abstrait
[Editions Associatives Clapas]

CORRESPONDANCE

Aigrettes

La civilité n'est pas à la mode. La violence au contraire semble de rigueur. Le tendre, décalé, s'adapte sans comprendre, emporté dans le social comme dans un fourgon d'animaux de boucherie.

Extrait Aigrettes. Babel Editeur

Lettres à G

Ce que j'écris avec le moins d'assurance se révélerait tenir debout à la relecture. Je ne saisis pas comment. Le second souffle ?

Extrait Lettres à G. Editions N & B

CARNETS

Carnets

Intima

IMAGINAIRE

Vers la lumière

J'enlève une barque d'émail blanc pour la nettoyer. Ella a une brèche au milieu de sa coque de neige. En mon cœur elle est représentative de la virginité. Son vide dans l'hermine transporte l'invisible. Voilà pourquoi je la prends. Quand je reviens, je trouve à sa place un paquebot aussi immaculé qu'un lys. Il se manifeste, lumière encore plus grande.

Extrait La lumière. Editions Poésie Toute

Hors du tout

L'auréole serait tout le contenu ? Peut-il entrer et sortir indépendamment de cette macule ? Tenant l'envers et l'endroit dans ses fibres collées, elle surgit d'un seuil trop profond pour renaître à la surface. Lui, à défaut, s'accroche à son empreinte.

Extrait Hors du tout. Editions Rafaël de Surtis

Les signes

Est-ce un marquage ou un trompe-l'œil qui les enfonce dans des panoramas en séries. Plus ils regardent plus la vision se divise en mêmes facettes libératrices de signes distincts. Chacun les interpelle. Singulières surfaces ils aimeraient en fuir l'étrangeté, ne plus être envahis par leur renouvellement trop rapide.

 Extrait Les signes.
RAL,M. Editions Le Chasseur Abstrait

[Editions Encres vives]

 

 

 

GRAVIFORMATION

 

A partir du rien la spirale en tournant à l'aide de ses bras donne naissance à des floculations  plus spécialement en un lieu favorable à leur formation, dans la suite du bras de l'imaginaire. La rotation se poursuivant un corps astral se forme en filiation avec l'imaginaire, qui s'en détache : Festival off ou ante-cri épique.

Le noyau poursuivant son mouvement en spirale des agrégats entraînés par cet ante-cri épique s'accumulent, élaborent par gravitation une nébuleuse à venir, une épopée de la parole : Les interlopes.

FLOCULATIONS

Le cerf-volant

L'harmonie des sphères

CORPS ASTRAL

Festival off

« Écrasez moi ce terroriste à air indien. L'iroquois ligote un semi remorque. Entre les poudreux et le dealer la barre en métal le pulvérise.... »

 Extrait Festival off. Editions Le chasseur abstrait

NÉBULEUSE

Les interlopes

 

à paraître chez Le chasseur abstrait : SABLES.

 

Margo Ohayon

 margo-ohayon.ral-m.com

 

 

 

oOo

 

Édito

ANALECTIC SONG
    TROIS PERSONNAGES AU CARRÉ

Le Tome V de mes poésies complètes est en cours. En voici le premier chant, le XX. Le chant XXI a déjà été publié ici.

       ...

Poésies complètes de Patrick Cintas dans les Cahiers de la RAL,M ICI.

Je sais bien que la mode est au poème qui dénonce. Mais les guerres et autres ignominies sont plutôt appréhendées par des poètes qui ne les ont jamais vues d’assez près pour ne pas manquer de pertinence. Leurs poèmes sont des œuvres d’imagination écrites sous l’influence de ce que les médias et leurs interprètes communiquent à longueur de temps chez qui laisse la porte ouverte à ces flots d’informations plus ou moins fiables.

Tout cela change la poésie, certes. Mais en quoi ? Pas forcément en poésie...

En ce qui me concerne, ce n’est pas de cette manière que je change la poésie pour une autre poésie qui pense gagner du terrain sur ce qu’elle change. Je m’en tiens à des considérations somme toute assez traditionnelles. Je touche à ses instances comme on s’approche d’un instrument dont on ne sait plus vraiment jouer quand l’harmonie est balayée et que la mélodie n’est pas un objectif à atteindre sous peine de cacophonie. D’ailleurs, je ne change rien. Le matériau obéit à une rhéologie qui elle-même n’est pas, ne peut pas être un art comme certains le croient. Les procédés métriques et autres n’ont pas d’intérêt pour moi. Les postures esthétiques ou carrément morales ne m’inspirent pas.


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