Femme,
Le rire de ton fils à l’autre bout du fil
N’est pas rire,
Sa chanson n’est pas mélodie,
Son histoire n’est pas poésie,
Mais masque pour cacher le paysage de la douleur.
Ton fils,
C’est un être fragile
Qui épluche les heures dans la solitude
D’un parc désert, la nuit
Et qui vide les poubelles, le jour ;
Un nomade qui regarde avec une profonde tristesse
Les vacanciers en partance vers le sud,
Ce Sud qu’il a laissé pour chercher
Dans l’ailleurs un fragment de soleil.
Ton fils,
C’est un homme qui pleure la couleur de sa peau,
Un fou qui dissimule son accent
Derrière l’écran d’un sourire mensonger
Et qui nie ses origines,
Un étrange étranger dans une ville étrangère.
Ton fils,
C’est un être angoissé
Qui tremble dans la lumière,
Qui traverse les rues avec hésitation,
Qui convoite le bonheur des petits chiens
Et qui biffe ses rêves ;
Un clochard qui connaît les relents de tous les égouts,
Un déçu qui cherche dans la drogue
Un refuge contre le vent xénophobe
Qui balaie ses espoirs.
Ton fils est un fantôme qui meurt
Chaque fois qu’il te devine à l’autre bout du fil,
Belle, de la beauté d’une mère toute heureuse
De se jeter un jour dans les bras de son fils.